À l’Image de Mona Lisa

 

 

Un choix 

cornélien

À l’Image de Mona Lisa est un Seinen de Tsumuji Yoshimura, publié au Japon depuis 2018 et terminé en 10 volumes. En France, les éditions Akata s’occupent de la publication de ce-dernier depuis Octobre 2022.

Dans un monde où les enfants ne possèdent pas de sexe avant leurs douze ans, Hinase, lycéen(ne) sort du lot. En effet, iel ne possède pas encore de sexe et ne sait toujours pas si iel va devenir un homme ou une femme. La pression de la société le/la perturbe et ce n’est pas ses amis qui le/la convoitent qui vont l’aider à y voir plus clair.

À l’Image de Mona Lisa est un titre social qui pose d’énormes questions sur la sexualité, sur le sexe que l’on se sent être et les personnes asexuées, d’une manière très originale puisqu’on se retrouve dans un monde réaliste, semblable au nôtre, avec un petit choix du sexe désiré à 12 ans. Cela change tout et rend le titre d’autant plus intéressant, surtout quand le personnage principal n’a pas de sexe attribué.

C’est un titre sérieux qui dénonce le besoin de la société que tout le monde soit dans une case. Ainsi, le personnage de Hinase reçoit une pression monstre car iel est encore asexué à l’âge de 17 ans alors que toutes ses connaissances ont déjà changé de sexe depuis leurs douze ans. Mais la pression de la société n’est pas seulement évoqué à travers le personnage de Hinase, mais également de ses amis puisqu’on nous montre bien que depuis leur plus jeune enfance, les amis de Hinase sont soumis au regard des autres, aux dires des autres qui tentent de les influencer dans leur choix de sexe. Par exemple, il est longtemps mal vu que Ritsu veuille devenir une fille alors qu’elle est forte en sport. Ou encore, il est toujours mal vu que Shiori ait une vraie fibre artistique alors qu’il est un garçon. Le fait qu’on ne centre pas toute l’intrigue uniquement sur le sexe de Hinase permet une plus grande diversité de thèmes et de prendre la pression de la société dans son ensemble et pas juste dans un thème précis. On a sans cesse la comparaison homme – femme qui en ressort avec ce trio et je pense que Hinase se pose souvent des questions du genre: Si j’étais un homme qu’est ce qui se passerait? Si j’étais une femme qu’est-ce qui se passerait?

À l’Image de Mona Lisa est un slice of life qui se déroule en grande partie à l’école où l’on va suivre l’évolution de nos trois personnages ainsi que tout le relationnel très fort qui se développe entre eux. On a même en quelque sorte un côté ”romance” qui se développe (entre deux grosses guillemets) puisque Hinase se retrouve courtisé(e) aussi bien par un garçon que par une fille. Cela ne lui ajoute que plus de pression  puisqu’iel se sent perdu et encore plus avec leurs déclarations, d’autant qu’iel ne souhaite probablement pas blesser ses amis d’enfance. Tout se ramène toujours à la pression hallucinante que subit Hinase, d’autant qu’on ressent toujours l’égoïsme (probablement non voulu) de certains qui souhaiteraient faire de Hinase un garçon ou une fille et qui ne l’aide pas du tout dans sa décision. On se sent nous-même régulièrement oppressé avec Hinase et ce n’est pas le gros rebondissement de fin de tome qui va nous aider puisqu’il y a comme un compte à rebours qui se met en marche.

C’est un titre dramatique où le personnage principal réfléchit énormément, entouré de personnes qui veulent qu’iel change et qui sont sans le vouloir pas compréhensifs de sa situation. En plus de cela, Hinase est en quelque sorte cobaye durant ses examens médicaux puisqu’iel un cas rare, ce qui rajoute encore une couche à sa condition difficile.

À l’Image de Mona Lisa nous offre un fort lien avec l’art, non pas seulement dans son titre mais à sa comparaison régulière avec la Joconde qui est mise en avant dès le début du volume. On a également le personnage de Shiori qui aime l’art, mais aussi la composition du titre en général qui fait poétique, qui fait réfléchir et qui offre des teintes de bleu régulièrement qui rendent la lecture encore plus intéressante et agréable.
J’ai souvent un peu de mal avec les œuvres qui dénoncent, mais j’ai beaucoup accroché sur celui-ci que j’ai trouvé original et qui se lisait bien malgré le sentiment oppressif que l’on peut ressentir durant notre lecture. C’est un titre que je conseillerais à ceux qui ont aimé des mangas comme Éclats d’Âme ou Perfect World.

Cette année encore, il n’y a que moi qui n’ai pas changé.

– Hinase

Dans À l’Image de Mona Lisa, on a des personnages qui souffrent tous à leur niveau. Le principal personnage concerné reste Hinase Arima, personnage asexué qui se retrouve déchiré dans son choix de devenir un homme ou une femme. C’est un personnage calme, capable d’être cool aussi bien auprès d’un homme que d’une femme et qui se laisse guider, mais qui en même temps souffre de sa condition et qui ne parvient pas à faire un choix. C’est un personnage qui nous laisse une bonne partie de mystère, va-t-iel devenir un homme, une femme, ou rester dans sa condition? C’est également une personne qu’on apprécie et pour qui on éprouve de la compassion quant à la pression et l’incompréhension qu’iel peut subir.

Shiori a choisi de devenir un homme mais aime les arts, chose non acceptée par sa famille malheureusement. Il subit la pression familiale d’autant que son frère est devenu un médecin et qu’il “doit” prendre exemple sur lui. Son nom peut sonner féminin mais c’est bien un garçon et d’ailleurs l’inverse s’opère avec Ritsu qui est un personnage féminin au nom plus souvent masculin. Il veut aider Hinase mais s’immisce souvent un peu trop dans son intimité je trouve.

Ritsu quant à elle, veut aussi aider Hinase mais est aussi maladroite que Shiori. Elle est forte en sport mais garde tout de même son aspect féminin et y est très attachée. Elle est mignonne comme tout, optimiste, mais s’immisce également trop dans la décision de Hinase.

On a donc des personnages nuancés, travaillés mais qui sont loin d’être tout blanc dans cette histoire.

Les dessins sont amplement corrects pour le genre exploité. Je ne suis pas très fan de la plupart des chara designs que je trouve déjà-vus mais j’aime bien ceux de Ritsu et de Hinase. J’ai par contre un peu de mal avec la forme des visages en fonction de la position des personnages. Autant parfois l’auteur nous crée des scènes splendides, autant sur des cases moins importantes je trouve les visages parfois un peu imprécis. Les décors sont simples mais suffisamment présents pour qu’on ne ressente pas de vide.

La composition des planches propose des prises de risque sympathiques, d’autant plus que l’ajout d’une touche de couleur rend le titre beaucoup plus captivant.

La couverture blanche ne se démarque pas trop, mais j’aime bien sa composition et la comparaison avec la Joconde qui y est faite.

Les dessins sont largement suffisants pour l’histoire mais je dirais que ce qui me marque le plus reste la couleur ajoutée et l’histoire à travers le personnage de Hinase.

En conclusion, À l’Image de Mona Lisa est un titre qui dénonce la pression de la société, le fait que tout le monde doit rentrer dans une case, qu’il doit être un homme ou une femme, qu’il doit faire des choses de garçon quand il est un garçon, des choses de fille quand elle est une fille. C’est un manga qui dénonce également la pression familiale et amicale où certains voudront vous aider mais s’immiscent un peu trop dans vos choix par maladresse ou par égoïsme. C’est un slice of life qui se déroule en grande partie à l’école avec une pointe de romance, même si celle-ci est très nuancée et ne fait que rajouter de la pression au personnage principal. Les personnages sont tous un peu torturés à leur niveau. Le titre nous propose une construction originale de par un choix effectué à l’âge de douze ans, mais aussi les touches de bleu ajoutées dans les planches qui rendent les scènes tout de suite plus impactantes. Personnellement j’ai enchaîné les tomes et j’ai bien hâte de lire la suite, c’est un titre qui plaira énormément aux fans de mangas de relationnel, social et de problèmes de sociétés.

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L.