
My Dear Neighbor

Amour et
retrouvailles
My Dear Neighbor est un One Shot classifié Shojo de Megumi Morino publié au Japon en 2013 et chez nous par les éditions Akata en 2020. Cet auteur vous dit probablement quelque chose d’ailleurs puisqu’il est déjà connu chez nous pour Good Morning Little Briar-Rose et À tes Côtés tous les deux édités chez Akata également. Ce One Shot est en vérité sa première œuvre publiée.
Alors que la petite Momo tombait du balcon, elle a été sauvée par son voisin lycéen, Yuki, qui a amorti sa chute de son corps. Dix ans plus tard, Momo est maintenant lycéenne à son tour et elle recroise la route de son sauveur. Elle se rend alors compte qu’elle a des sentiments pour lui, mais comment le lui avouer malgré leur différence d’âge et les acceptera-t-il?
My Dear Neighbor est un One shot plutôt bien construit et maîtrisé. En effet, en général c’est assez dur de faire une histoire complète en si peu de pages et pourtant l’auteur y est parvenu. Pour une première œuvre, c’est vraiment une réussite. Il parvient à mettre en place le passé des personnages, une intrigue intéressante avec un bon fil rouge, les difficultés qu’ils rencontrent, leurs traumatismes et on a une finalité qui ne nous laisse pas sur notre faim.
C’est un scénario qui va vous véhiculer énormément d’émotions durant votre lecture. Les personnages n’ont pas eu une vie facile et ça se voit, il y a une espèce de quête du bonheur qui se met très vite en place. Les personnages réfléchissent beaucoup à leur vie et au bonheur de l’autre, ce qui en fait un titre plus dur qu’il n’y paraît. D’autant que chacun possède un traumatisme lié à un élément du passé qu’il doit surmonter.
Ce qui est incroyable d’ailleurs, c’est que l’auteur a créé une mise en scène sublime, faisant monter certaines scènes marquantes en climax, nous forçant à retenir notre souffle, à être dévasté ou ému. Il est difficile de croire qu’un One Shot et en plus de ça la première œuvre publiée d’un auteur, puisse réellement nous émouvoir à ce point. En tout cas, il faut le lire pour s’en rendre pleinement compte, c’est sûr.
Je me suis dit que si tu passais autant de temps sur le balcon à regarder le sol c’était sans doute parce que tu avais envie de sauter…
– Momo
Un des points qui m’a vraiment marqué, c’est que malgré des années de séparation, les deux personnages ont continué de se soutenir inconsciemment en pensant à l’autre. Ce soutien leur a permis de tenir le coup face à leur passé difficile, de se surpasser, et maintenant de surmonter des traumatismes. Évidemment ce n’est pas toujours facile. Plus d’une fois dans notre lecture on ressent des ratés dans leur rapprochement. Yuki ne se laisse pas apprivoiser facilement et c’est compréhensible: C’est un homme qui a été doublement abandonné, et en plus la différence d’âge entre les personnages est de 12 ans.
On a alors d’un côté Yuki qui prend encore Momo pour l’enfant qu’elle était par le passé, gardant beaucoup de souvenirs de l’époque et en faisant souvent référence. Il semble marqué par ses pleurs et ne plus vouloir la voir souffrir. Mais de ce fait, il a du mal à la laisser s’approcher, souhaitant devenir un homme bon et accompli et plus un délinquant comme il était auparavant. Il se considère plus comme un tuteur qu’autre chose pour elle, et cela va bloquer très longtemps leur relation.
De l’autre on a Momo qui veut montrer qu’elle a grandi, mûrit, qu’elle n’est plus la petite fille qu’elle était et qu’elle peut s’en sortir toute seule. C’est une épreuve aussi bien contre sa mère assez stricte que pour prouver à Yuki qu’elle est suffisamment mature pour qu’il s’intéresse à elle. Elle prend beaucoup sur elle et malgré la notion d’égoïsme qui revient souvent au début du tome, on sent que c’est plus pour le bien de Yuki qu’elle agit, que pour son propre plaisir. Elle a la main sur le cœur et veut tout faire pour qu’il soit heureux.
C’est un titre au fond très mignon et touchant, qui va tourner autour de la création d’une relation durable pour Momo et Yuki, tout en réglant les problèmes et traumatismes passés. On a le droit à pas mal de scènes où Momo agit comme une jeune fille en fleur, innocente et adorable et sa relation avec Yuki nous attendrit régulièrement.
Malgré tout, la différence d’âge me gêne un peu, même si l’auteur a su jouer habilement d’ellipses pour attendre que Momo grandisse afin de faire avancer la relation. J’ai presque l’impression qu’on a attendu que le fruit soit mûr. Si les deux personnages ne s’étaient pas connus durant l’enfance et qu’on les avait vus une fois tous les deux adultes, j’aurais peut-être trouvé ça moins dérangeant. Après les personnages tombent réellement amoureux une fois devenus plus âgés mais je ne sais pas, le fait qu’ils se connaissent d’avant me gêne un peu.
Si on met ce point de côté, on peut tout de même souligner qu’il s’agit d’un manga qui se concentre énormément sur le besoin de communiquer pour clarifier les choses. Que ce soit entre Momo et Yuki, Yuki et son père, Yuki et la mère de Momo ou encore Momo et sa mère. On traite de relations familiales qui ont été souvent très difficiles et on perce enfin l’abcès. Tout se fait progressivement et à mesure que les relations se débloquent, les autres sont plus faciles à faire évoluer. C’est un titre sur la résolution des problèmes familiaux et sur l’acceptation de son passé compliqué. On a une quête du bonheur permanente qui sert de fil rouge dans toutes ses résolutions et on se rend compte que les personnages ont bien grandi comme si on les connaissait depuis longtemps et qu’on les retrouvait nous aussi des années plus tard.
La famille est un point délicat qui va prendre tout le tome pour se clarifier. On a d’un côté la mère trop stricte qui terrifie Momo alors qu’en vérité elle ne veut que ce qu’il y a de mieux pour ses enfants, pour qu’ils puissent avoir une belle et heureuse vie par la suite. Également, on a une figure parentale très dure dans ce manga avec la famille de Yuki et le double abandon que le jeune homme à subi. Il s’en dégage alors une certaine nostalgie et une grande solitude chez les personnages ainsi qu’une peur de subir des choses similaires à nouveau.
Ce titre met donc l’accent sur le besoin de communiquer. Parler quand il y a un problème, clarifier les choses immédiatement, car trop laisser traîner tout ça peut créer des traumatismes qui seront compliqués à surpasser par la suite. De même, les personnages finissent par apprendre qu’ils ne sont pas les seuls à avoir souffert, que la cause initiale de tout ça n’était que le mal être de leur propre famille, le besoin de fuir pour se reconstruire et affronter la vie en face une fois devenu plus fort. Cette œuvre nous montre toute la difficulté de communiquer face à des choses qui nous font mal, cette complexité à respirer dans un monde où tout nous paraît mal aller. Mis à part chez Momo, on ne voit pas beaucoup de pleurs, tous les sentiments semblent régulièrement bloqués dans les personnages qui sont toujours sur le point d’exploser, et les voir régler leurs problèmes, apprendre à communiquer, nous fait du bien et nous soulage.

Pour ce qui est des dessins, l’auteur a vraiment très bien maîtrisé son art pour un premier tome relié. Les chara-designs sont corrects, les personnages sont beaux, les mouvements sont bien faits. Il y a peu de décors mais beaucoup de trames et en vrai ça ne dérange pas. Les personnages dégagent tellement d’émotions que le décor n’est plus important et puis surtout, l’auteur a su créer des planches aux mises en scènes à couper le souffle. La manière qu’il a de faire monter l’émotion me retourne totalement et m’émeut vraiment.
Il n’y a rien à redire sur l’édition, elle est simple et efficace, la couverture provient de la nouvelle édition japonaise mais elle est très jolie et montre encore une fois une mise en scène marquante qui suffit à nous faire comprendre dans quel type d’œuvre on va se retrouver. En plus l’édition contient les scènes qui ont été ajoutées à l’histoire par la suite et permet vraiment de nous offrir un scénario complet.
En conclusion, My Dear Neighbor est un très bon One Shot au scénario maîtrisé, ayant su créer une histoire complète en si peu de pages et surtout, une histoire marquante. Il possède un scénario qui mélange amour, mignon et en même temps traumatisme. C’est un titre qui va vous chambouler par des personnages qui souffrent depuis longtemps mais qui vont apprendre à surmonter et à résoudre leurs traumatismes, qui vont communiquer, recréer leur relation et apprendre à pardonner à l’autre. C’est un titre émouvant qui met en scène une relation dont la différence d’âge m’a tout de même pas mal dérangée, mais qui fait passer un message sur le besoin de communiquer et d’accepter que des parents ne soient pas parfaits. L’auteur est doué pour créer des mises en scènes marquantes qui vont vous couper le souffle et ce One Shot vaut vraiment le coup si vous aimez les histoires aux sentiments chaotiques et aux personnages qui se reprennent en main pour connaître le bonheur. En plus Momo est vraiment adorable et gentille comme tout et c’est un One Shot alors, pourquoi ne pas craquer?
Si vous souhaitez vous procurer les tomes sur notre site internet c’est par ici !
L.


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2 commentaires
Kitano
Je viens de lire ce tome (emprunt bibliothèque), j’ai trouvé l’histoire très classique, on sait de suite qu’ils finiront ensemble, même si j’ai bien aimé les voir affronter les différents obstacles qui se dressent devant eux.
Les dessins sont bons.
Après, sur la fin, je trouve un peu surfait le gars qui se rappelle les bons moments passés en famille via un bon repas de sa copine, et alors il lui propose de fonder une famille.
J’aurai aimé que soit mieux abordé et approfondie la différence d’âge.
Après, on a l’impression que notre héros n’a aucune vie sociale et amoureuse.
Quelques poncifs, la jeune femme qui se lève tôt pour préparer le repas de son amoureux ; le fait aussi que lorsqu’elle porte son uniforme elle représente l’école et donc elle ne doit pas faire ci ou ça.
lepasseurlunaire
On partage malheureusement le même avis…