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Si nous étions adultes

Lorsque les chemins

se chevauchent, il

est facile de se

perdre…

Si nous étions adultes… est un Josei de Takako Shimura. Publié initialement au Japon en 2019, il compte à ce jour 6 tomes et est toujours en cours. En France, les éditions Akata s’occupent de la publication depuis Novembre 2021 avec pour le moment 4 volumes reliés disponibles.

 

Akari Hirayama est une femme qui travaille en tant que serveuse dans un petit restaurant de quartier. Ce jour-là, elle y est en tant que simple cliente et c’est au comptoir qu’elle y fait la rencontre d’Ayano Ôkubo, une maîtresse du même âge qui vient s’aventurer loin de son travail pour éviter de mauvaises rencontres. Sans le savoir, elles viennent toutes les deux de bousculer leur quotidien et cela ne va pas se passer sans peine ni douleur…

Les trois mots qui figurent sur la quatrième de couverture résument bien le manga, LGBT, Société, Nouveaux départs. Nous y retrouvons donc le sujet du LGBT via nos deux protagonistes et un personnage secondaire faisant vaguement son apparition dans le tome. La société avec la pression sociale que l’on retrouve dans pas mal d’œuvres du même genre ; se marier, avoir des enfants, une vie stable et bien rangée. Et pour finir, le nouveau départ, le ras le bol, l’envie de changement, que ce soit professionnellement parlant ou bien personnellement. C’est tout ça, que vous allez voir dans Si nous étions adultes….

Vous l’avez compris, Akari et Ayano vont tomber “amoureuses” l’une de l’autre bien que cette dernière soit mariée. C’est donc sur un triangle amoureux d’adultes que le récit va se fonder. Mais, contrairement à ce que la jaquette pourrait faire croire, le mensonge n’est pas ce qui va régner dans ces relations. Ayano est douce et plutôt gentille fille, mentir n’est pas quelque chose d’inné chez elle et le poids de tout ça peut rapidement lui peser lourd sur la conscience. Cependant, toutes les vérités ne sont pas bonnes à entendre et il peut devenir difficile d’y voir clair. Si mentir est une mauvaise chose et que blesser ceux qu’on aime l’est aussi, que faut-il faire ?

C’est ce dilemme qui tiraille notre chère enseignante qui est perdue entre ses émotions, ses envies et ses obligations.

 

“J’avais hâte de te revoir. J’étais vraiment impatiente de retourner au restaurant toute seule. Pardon de ne pas avoir pu t’avouer la vérité.”

– Ayano Ôkubo

 

Ce qui est tout le contraire d’Akari qui, à côté, semble libre comme l’air. Elle est un oiseau blessé par ses congénères qui a décidé de s’isoler la majeure partie du temps afin d’éviter de souffrir à nouveau. Malheureusement, l’envie et le besoin de se rapprocher d’une autre personne refait vite son apparition -surtout après quelques verres d’eau- et c’est pour elle la même chose qui recommence. S’attacher à une personne qu’elle pense aimer, se rendre compte que tout ne se passera pas comme prévu et puis souffrir encore une fois.

Et oui, vous l’avez deviné, c’est bien ce qu’il va se passer une énième fois pour Akari mais à mon goût, cela ne va pas assez loin. Tout au long du tome on nous fait comprendre qu’Akari n’a pas de chance en amour, et pourtant elle semble foncer tête baissée à chaque fois comme Kozue Takanashi dans Working!!, lorsqu’elle devrait vraiment se plaindre, voire péter un plomb, elle s’en remet finalement assez vite laissant couler ce qui ne devrait en aucun cas passer. Pour une femme presque torturée, elle fait preuve d’une patience hors pair. Bien entendu, cela n’implique que ma vision de ce personnage que je n’ai peut être pas bien compris, je suis ouvert à la discussion sur cette dernière ainsi que sur l’entièreté du titre.

Car oui, Akari n’est pas le seul point qui m’a titillé pendant ma lecture. Pour résumer mon impression sur ce premier tome, c’est que j’ai trouvé qu’il survolait complètement son thème. Le côté LGBT bien que central n’est pas aussi bien développé que j’ai pu le voir d’en d’autres œuvres du même genre. Akari a toujours été lesbienne, mais Ayano qui découvre un pant de sa sexualité qu’elle ne connaissait pas s’y interroge, mais rapidement, on n’a pas de profondeur de ce point  vue là, tout comme Akari le dit au milieu du manga, elle ne dit que des choses bateaux qui n’a rien de personnel et cela me pose problème. Je n’y retrouve pas l’introspection du personnage, on ne fait que la survoler rapidement sans rien n’avoir eu le temps de voir.

Le poids de la société lié au mariage d’Ayano par exemple est assez faiblement représenté là aussi, actuellement tout ce que nous avons, c’est des allusions rapides via sa belle-mère et l’exemple d’un couple qui a eu des enfants comme s’il s’agissait du parfait exemple. Et en fin de compte c’est tout. Là où le background d’Akari pouvait être intéressant, il est en partie cassé par ses actions du présent, voire par ses inactions. Et Ayano manque terriblement de profondeur et semble effacée de sa propre histoire. Elle paraît être à côté de la plaque à tel point que l’on peut se demander si elle n’est pas spectateur de sa propre vie.

Si vous aimez ces sujets, je ne peux que vous conseiller d’aller lire des mangas comme Blue Flag, Éclat(s) d’âme ou bien Autour d’elles par exemple.

Ce n’est que mon ressenti et ma propre interprétation du titre et cela ne veut pas dire que vous penserez la même chose. Je pense que chacun devrait s’y faire son propre avis, surtout que je ne parle que par rapport au premier tome et qu’il y en a pour le moment six au total. Il se peut que vous ayez une lecture bien différente de la mienne, ceci dit, je vous conseillerais toujours autant les trois mangas que j’ai cité juste au-dessus.

Même si je m’en tiens à mon ressenti, tout n’est pas à jeter non plus, le mari d’Ayano promet d’être intéressant et devrait permettre de bousculer un peu tout ça. Certains agencements de cases sont très bien amenés, je pense notamment à un moment au début du tome qui propose un changement radical de scène surprenant mais totalement en accord avec les personnages.

 

 

Artistiquement, Si nous étions adultes… est sympathique, Takako Shimura propose de super chara-designs, elle a par ailleurs travaillé sur les chara-designs d’ ALDNOAH.ZERO par exemple. Elle gère donc parfaitement cette partie, et cela se ressent.

Le découpage des planches est quant à lui attrayant et les décors sont souvent présents.

Cette partie-là est une réussite.

En conclusion, l’histoire me pose clairement problème, le fameux “écho auprès des lecteurs” ne me concerne à priori pas. Je n’ai pas retrouvé dans ce tome la profondeur que je recherchais, cela ne veut pas pour autant dire qu’il ne vous plaira pas, si je ne suis pas le public, vous, vous l’êtes peut-être. Mon interprétation des personnages est très personnelle, c’est le genre d’œuvre qui a tendance à nous engager et je suis sûr qu’elle plaira à plus d’un d’entre vous.

Surtout qu’à côté, la partie graphique est très bien réalisée, tant au niveau des planches en elles-mêmes que des chara-designs.

Je n’ai donc pas spécialement apprécié de mon côté, et j’aurai tendance à vous proposer plutôt des lectures comme Blue Flag, Éclat(s) d’âme et Autour d’elles pour ne citer qu’elles. Cependant, si vous appréciez les œuvres centrées sur le LGBT, c’est un manga que vous pourriez aimer, qui offre une histoire légèrement différente de ce que vous avez déjà pu voir, notamment via ce triangle amoureux un peu particulier. Á voir comment évolue tout ça dans les tomes qui suivent, il se peut que cela devienne bien plus passionnant que ce que j’ai pu apercevoir dans ce premier tome.

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H.

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