A-B-C,  Chroniques,  Kana,  Maisons d'Edition,  Manga

And (&)

Independance

Woman !

 

And ( & ) est un Josei écrit et dessiné par Mari Okazaki. C’est une série en 8 tomes qui a commencé au Japon en 2010. En France le premier nous est tout juste parvenu en ce mois de Mars 2021 et rejoint la collection Life de chez Kana !

Aoki Kaoru est une jeunne femme célibataire s’occupant de l’administration dans un hôpital. Mais cela tend à changer puisqu’elle souhaite lancer sa propre entreprise, un salon de manucure !

Cependant, elle va rapidement être confrontée aux clichés de la société pour qui elle ne représente qu’une fille naïve qui n’y arrivera pas. Elle va donc tout tenter afin de réaliser ses projets bien qu’à côté ses sentiments lui jouent des tours…

And ( & ) se veut assez proche de la réalité. Le fait qu’une personne souhaite se lancer dans un activité professionnelle en tant qu’indépendante tout en continuant son travail n’est pas une mince affaire. Ici le point essentiel est de “jouer” sur le problème d’iniquité entre les hommes et les femmes et notamment via la société japonaise. Que ce soit dans sa vie personnelle ou dans sa vie professionnelle, Aoki supporte cette différence. Plus jeune et même maintenant adulte, elle subit les actions d’hommes indécents qui n’ont pas de limite morale. D’un autre côté on y voit également la pression sociale d’être en couple avec par exemple les gôkons (rendez-vous organisés pour plusieurs personnes) où elle a été invitée sans réelle envie d’y participer.

On va donc rapidement se rendre compte que notre protagoniste possède deux principaux problèmes qui sont reliés par une seule et unique chose, son sexe. En effet, elle est confrontée au besoin d’être une femme mariée en un sens, rentrer dans le moule et être dépendante alors que son ambition la pousse à l’exacte opposé, celui d’être libre et indépendante, tout comme son entreprise qui se veut d’une part, être entièrement monté par elle et seulement elle, et d’une autre part réservée aux femmes qui souhaitent “entretenir leur beauté” après le travail. Du fait qu’elle sorte du moule cela déplaît même inconsciemment aux autres qui vont sans cesse la pousser à y retourner.

 

 

Ce n’est pas aussi simple pour elle de juste s’écarter de la majorité et faire ce qui lui plaît, elle est rattrapée par le fait qu’être aidé par autrui peut être important, comme lorsqu’elle loue à un ancien ami le rez-de-chaussée de sa boîte d’informatique. Elle va aussi être rattrapée par ses propres sentiments, car ne pas vouloir être une femme mariée si jeune est une chose, mais avoir une personne à côté de soi en est une autre. C’est comme ça qu’elle finit par se poser des questions vis-à-vis d’un docteur avec qui elle travaille. Ce dernier, du nom de Yagai, est au fond meurtri, il possède des séquelles psychologiques qui ne l’aident pas à rester sain mentalement, si bien même qu’il rentre dans le cliché du docteur un peu impulsif et pervers. En somme c’est un peu un Docteur House finalement. Respecté et admiré pour ses talents mais détestable moralement. Après, suite à certains flashbacks on cerne mieux le bonhomme qui n’est en réalité pas si horrible que ça mais je vous laisserais découvrir ça par vous-même.

Aoki est assez perdue avec tout ça, entre les personnes qui tentent de la démotiver, ses sentiments contradictoires et ses expériences passées, il est difficile pour elle de continuer d’avancer. Et pourtant c’est ce qu’elle va faire, elle va continuer de se relever et de poursuivre ses objectifs, n’en déplaise à certains elle persévère tout de même, et ça c’est vraiment sympa et c’est porteur d’un bon message ! En tout cas bien meilleur que le fait qu’un homme gros au Japon est très souvent un détraqué sexuel.

 

 

Dans ce premier tome on apprend à découvrir ces personnages et une partie des enjeux de tout ça, mais un tome reste peu pour juger cette œuvre qui, je pense, a besoin d’être appréciée au fil des tomes et pas seulement jugée sur le premier qui est en plus tout de même particulier à lire. Néanmoins, le manga aborde des sujets intéressants et surtout modernes avec le principe d’égalité des chances et du traitement envers les femmes, à noter que le manga date initialement de 2010 et que les choses continuent d’évoluer. Ce manga montre à quel point cette différence homme/femme n’a pas lieu d’être et même dix ans après, cela reste d’actualité.

Ce n’est pas le genre de thème que l’on voit très souvent, et encore moins de façon approfondie, il est donc assez plaisant de voir ce genre de titre sortir dans nos contrées, même si bien évidemment cela ne siéra pas à tout le monde.

Par ailleurs, les chara-designs non plus ne feront pas forcément l’unanimité, c’est un style que l’on a déjà vu ailleurs mais qui est tout même particulier, les goûts et les couleurs seront les seuls à juger si oui ou non vous aimez. On s’y fait vite, ce n’est pas quelque chose qui va gêner votre lecture, même si vous n’accrochez pas ! De manière objective, c’est un bon chara-design. Quant aux dessins de manière générale, ça se veut assez simple mais efficace. Pas de fioritures, quelques décors en plus n’auraient pas été de trop mais l’ensemble m’a plu.

En fin de compte, c’est un bon manga qui change de nos lectures habituelles, c’est le but en soi de cette collection Life, qui est d’ailleurs vraiment intéressante ! C’est une œuvre qui va cibler un public plus âgé, peut être plus enclin à avoir été confronté à de la discrimination ou autre. Cela nous concerne tous dans le fond donc même si vous n’êtes pas encore tout à fait majeur, je pense que vous pouvez le lire et pourquoi pas le relire une deuxième fois quelques années plus tard avec une vision nouvelle de la société, du manga et de soi-même.

Si vous souhaitez vous procurer les tomes sur notre site internet c’est par ici !

H.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *