Scum’s Wish
Un substitut comme
simple pansement
sur une plaie
béante…
Scum’s Wish, plus connu sous le nom de Kuzu no Honkai, est un Seinen de Yokohari Mengo. Sa publication a commencé au Japon en 2013 et s’est finie en 9 volumes. En France, nous le voyons paraître en ce mois de Juin 2022 sous les éditions Noeve Grafx.
Le nom de Yokohari Mengo ne vous est peut-être pas inconnu et ce n’est pas pour rien, c’est elle qui s’occupe des dessins de Oshi no Ko, mais elle est également à l’origine des dessins de No Control dont une perfect edition est sorti en Mai 2021 chez Delcourt Tonkam.
/!\ Sexualité /!\
Yasuraoka Hanabi est une lycéenne secrètement amoureuse de son professeur qu’elle connaît bien puisque c’est son grand-frère. Awaya Mugi quant à lui, est aussi amoureux d’une professeure, cette dernière lui donnant également des cours privés. Outre leur amour semblable, ce qui les présente comme aussi similaires, c’est leurs sentiments non réciproques qui les rendent malheureux. Lorsqu’ils s’en rendent compte, ils décident de s’entraider en pansant les plaies de l’autre, c’est ainsi que commence leur fausse relation…
Je fais partie de ceux ayant déjà vu l’adaptation anime sortie en 2017 et c’est avec un plaisir partagé que je m’y repenche sous son format d’origine.
Pourquoi “partagé” me direz-vous ? Et bien, car l’autrice a un certain talent pour évoquer de sombres sentiments. Kuzu no Honkai, ou bien Scum’s Wish signifie plus ou moins littéralement, désir d’ordure. C’est trash, mais cela vous annonce bien la couleur. C’est une romance, certes, mais loin d’en être une belle ou une douce. Le premier couple que nous apercevons, celui d’Hanabi et de Mugi n’est qu’un mensonge. Bien qu’ils paraissent “parfaits” aux yeux des autres, chacun se sert de l’autre.
Vous commencez à comprendre le titre du manga. C’est loin d’être une jolie relation qui va débuter suite à des sentiments amoureux forts et bienveillants. Enfin si, mais pas comme on aurait pu le croire. Lorsque je dis qu’ils essaient de panser les plaies de l’autre, le pansement est en réalité un substitut dont le but est uniquement de se faire passer pour celui ou celle qu’il ou elle aime réellement. Cette relation aurait presque pu être saine, mais ils en est toute autre. Ils vont donc par exemple s’embrasser, ou se toucher en pensant à leur véritable amour. Ce n’est donc pas vraiment “l’autre” qui va panser les plaies, mais bien eux-mêmes qui vont tenter de soulager leur douleur en utilisant leur partenaire.
La mangaka nous présente donc deux “ordures” quelque peu manipulatrices qui vont profiter d’autres personnes pour tenter de soulager leur cœur meurtri par un amour à sens unique. Enfin, même plus que deux en réalité. La force de Scum’s Wish, c’est de ne pas se concentrer exclusivement sur ces deux personnages, puisqu’il est en réalité question de quatre autres personnes. Oui, six personnes au total entrent en compte dans ce plan relationnel des plus foireux. Pour vous rassurer, même si les six apparaissent dans le tome et qu’on comprend rapidement quels sont les sentiments de chacun, c’est bien Hanabi et Mugi qui sont au centre. Bien que cela sera amené à changer et à évoluer.
C’est un sacré bordel, et c’est surtout le cas pour ces personnages qui vont être complètement perdus dans des émotions et des sentiments contraires qui vont les pousser autant à aimer, qu’à détester…
Si à plusieurs moments l’histoire pourrait vous paraître horrible, voire répugnante, on reste accroché sans trop savoir ce que l’on aimerait. Tous ont leurs qualités et leurs défauts, et si la mangaka prend un malin plaisir à appuyer sur leur mauvais côté, on n’oubliera pas qu’ils sont tous humains et qu’une fois noyé sous tous ces sentiments, il est difficile d’y voir clair.
Pour vous montrer un point de comparaison, je trouve que -NTR- Netsuzô Trap en est un bon. J’ai souvent pensé que c’était un mini Scum’s Wish. Des relations bordéliques, malsaines, déroutantes… En fin de compte, ce n’est plus vraiment les amours que l’on va rechercher. Le but en soi pour nous lecteur n’est plus que chacun sorte avec l’Être qu’il aime étant donné qu’on comprend très vite que cela ne sera pas possible pour ces six blessés. Mais on cherchera plutôt à comprendre ce que chacun souhaite et pense, comprendre leurs sentiments et la raison de leurs divers débordements.
Yasuraoka Hanabi est plutôt populaire mais sous ses airs de gentille fille, elle cache une véritable peste qui fera en quelque sorte subir aux autres ses propres souffrances. C’est un personnage tiraillé et perdu qui aura tendance à enchaîner les erreurs sans réussir à trouver de solution.
Awaya Mugi n’est pas si différent bien qu’il soit un peu taciturne. Il aura tendance à prendre plus sur lui et à moins laisser passer d’émotions, par contre il ne pèsera pas toujours ses mots et s’avèrera froid. C’est un peu bizarre à dire au vu des circonstances, mais c’ est un excellent complément à Hanabi dans leur “couple”. Il lui permet par ailleurs d’être celle qu’elle est réellement, sans masque ni artifice.
Quant aux quatres autres, je ne vais pas en parler, d’abord parce qu’en dehors du professeur Narumi, les autres se font très discrets et je risquerai de transgresser sur mes souvenirs de l’anime.
It’s time to la partie dessin ! Yokohari Mengo possède un style bien à elle qui est plutôt sympathique, surtout pour les chara-designs. Alors, il faut remettre dans le contexte, la prépublication date de 2012, donc les dessins peuvent paraître un peu “vieillots” maintenant dix ans après. Ceci dit, lorsque l’on voit Oshi no Ko, on s’aperçoit qu’elle a bien progressé ! Pour information, Oshi no Ko date de 2020 au Japon, et le dernier tome de Scum’s Wish remonte à 2018, on peut donc dire sans trop de chances de se tromper que ça va s’embellir au fil des tomes.
Ceci dit, les personnages ne sont pas moches, loin de là, et leur expression de visage donne un attrait particulier. Ce manga se concentre sur les personnages, il était donc nécessaire d’avoir ce soin particulier sur ces derniers.
Cependant, dans le premier tome, pas de planches incroyables mais une disposition intéressante des cases par moment, notamment lors d’une scène “intime” entre Hanabi et Mugi.
En conclusion, Scum’s Wish est un manga parfois difficile à lire qui expose certains sentiments et réalités cruels. Le tout saupoudré de mensonges, d’amour, de colère et de sexe. Car oui, ici on lie bien les deux, on ne cherche pas qu’un rapprochement sentimental, mais aussi physique. Surtout que dans le lot, deux des personnages sont adultes tandis que les autres le sont bientôt.
Nous avons une histoire riche, intéressante bien qu’il soit difficile de dire si on l’aime bien tant elle nous pousse parfois au dégoût. Le manga porte bien son nom et il faut en avoir conscience avant de le lire. Le fait que cette romance ne soit ni un Shôjo, ni un Josei, ne m’étonne en rien, je pense tout de même que cette histoire plaira autant à des hommes qu’à des femmes. L’histoire est certes « brutale » mais les divers sentiments exposés proposeront de nombreux points de vues auxquels vous pourriez peut-être vous reconnaître.
Loin des romances classiques et platoniques, Scum’s Wish vous présentera des relations matures et immatures dont je pense que vous ne préférerez pas vous inspirer…
Si vous souhaitez vous procurer les tomes sur notre site internet c’est par ici !
H.
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