Monkey Peak
L’horreur est
au bout du
chemin…
Monkey Peak est un Seinen de Shinasaka Koji au scénario et Kumeta Akihiro au dessin. Publié au Japon à partir de 2016, le 12ème et dernier tome de la série nous parvient aux éditions Komikku en Juin 2021.
Après un scandale, l’entreprise pharmaceutique Fujitani se retrouve en difficulté. Afin de réformer leur manière de faire, ils décident d’aller faire une randonnée dans la montagne pour renforcer leur cohésion. Malheureusement pour eux, tout ne se passe pas comme prévu. Une espèce de singe géant tenant une machette les poursuit inlassablement afin de tous les tuer petit à petit, leur tendant moults pièges.
Pour commencer, on peut dire que le scénario de Monkey Peak est certes plutôt banal et rappelle nombre de supports possédant du Survival, notamment le jeu Until Dawn, où chaque choix peut mener à la mort d’un des personnages. Néanmoins, c’est un scénario plutôt efficace dans le genre de l’horreur puisqu’on se retrouve pleinement plongé dans l’action et directement dans la réflexion pour chercher à savoir qui est le tueur et pourquoi s’en prend-il à eux.
Si je devais cependant reprocher quelque chose à ce scénario, c’est qu’il est certes, efficace pour plonger le lecteur directement dans l’action et lui donner envie de lire la suite pour voir comment tout cela se terminera, mais qu’il suit surtout un schéma fait et refait, avec une histoire très dépendante d’éléments perturbateurs qui peuvent se faire attendre si l’auteur ne les donne pas au bon moment. On y retrouve donc les mêmes personnages typiques de toutes les histoires d’horreur survival dont les insupportables qu’on aimerait voir mourir plus vite, les mêmes choix stupides qui nous font dresser les cheveux sur la tête de frustration, les mêmes réflexions. J’ai donc eu un peu l’impression d’avoir une énième copie de survival horreur. Le développement a l’air également de prendre son temps puisque le manga compte un total de douze tomes et que dans le tome un les choses ont l’air d’avancer très lentement.
L’autre problème de ce type de scénario c’est qu’il risque d’être extrêmement prévisible. On peut dès le début prédire qui va mourir avant les autres, mais également un bout du déroulement de l’intrigue. De plus, j’ai toujours du mal avec la réaction des personnages dans ce genre d’histoire et ici cela ne change pas. Les personnages sont choqués mais s’en remettent plutôt vite, je trouve que les émotions ne sont pas assez réalistes et qu’on perd le côté psychologique. Comme le schéma a l’air d’être assez semblable à d’autres œuvres j’ai peur d’être déçue de la fin et j’espère vraiment qu’en douze tomes l’auteur aura su se diversifier.
Attention cependant, je ne dis pas que le manga ne vaut pas le coup d’œil. Même s’il me paraît prévisible, j’ai su apprécier la lecture de celui-ci, je ne me suis ennuyée à aucun moment et il se lit plutôt facilement. De plus s’il fait douze tomes ce n’est probablement pas pour rien alors j’espère fortement qu’on aura le droit à des rebondissements inattendus au fil des tomes qui détacheront ce manga des schémas classiques survival horror.
En tout cas le suspense, l’horreur, et la tension omniprésente sont bien là et l’auteur nous fait déjà comprendre avec la gestion des vivres que l’histoire n’a pas fini de se complexifier. L’ambiance en général est plutôt bien respectée si ce n’est que je suis plus offusquée de la réaction des personnages que des agissements du singe.
Ne sous-estime pas la montagne
– Chef Hasegawa
Pour continuer, parlons un peu des personnages. Il y en a beaucoup et également énormément de clichés parmi eux. On retrouve l’intello à lunettes qui fait des calculs improbables, le grand baraqué qui veut affronter la bête, la fille insupportable qui mériterait de mourir plus vite, l’ancien plus sage, le mec faible et peureux, et les hyènes qui vont faire des coups en cachette pour assurer leur survie. Si je devais n’en retenir que deux, ce serait Saotome et le singe.
Saotome est présenté comme un personnage qui a vécu un traumatisme (que vous comprendrez juste en lisant les premières pages), mais également comme un personnage fort, qui ne se laisse pas atteindre par ce qui se passe et qui cherche à sauver le plus de personnes possible tout en voulant comprendre qui se cache derrière cette bête. Malheureusement c’est également celui qu’on prend pour un délinquant et un meurtrier, que personne ne veut écouter alors qu’il a raison depuis le début et je comprends totalement la frustration qu’il peut potentiellement ressentir puisque j’aurai probablement voulu faire les même choix que lui. Il s’agit du héros de notre histoire et j’espère que ses choix futurs seront entendus. Sinon c’est aussi un personnage plutôt mystérieux puisqu’une partie de son passé nous est encore cachée et semble faire beaucoup parler de lui.
Le Singe quant à lui est un personnage qui intrigue beaucoup. Il est grand, tue des gens sans raison et semble doté d’une grande force et d’une certaine intelligence pour piéger ses victimes. On ne sait pas s’il s’agit du singe de la légende qu’a raconté le chef à un moment (je vous laisserais la découvrir), ou s’il s’agit d’une personne déguisée, auquel cas cela pourrait être l’ancien boss de l’entreprise, ou encore une victime du scandale, ou pour finir, plusieurs personnes. J’ai hâte d’en découvrir plus à propos de ce personnage mystérieux et sans pitié.
J’attend d’en lire plus avant de me prononcer sur d’autres personnages, mais ceux qui restent forment vraiment le cliché du survival horror.
Pour ce qui est des dessins, Kumeta Akihiro a fait un travail remarquable. Lui qui venait de Fuchin Attaker, un manga sur le volley, a su se renouveler de manière incroyable et coller parfaitement avec le style de l’horreur. Les pages sont magnifiquement encrées, on a un énorme travail au niveau du singe et des paysages pour les rendre plus sombres, jouant sur l’ombre et la lumière. J’aime également beaucoup la manière dont il décrit la forte surprise des personnages dans certaines cases, les présentant sans ombrages, presque uniquement croqués. Les détails qu’il a su mettre sont vraiment impressionnants, ne laissant rien au hasard, n’offrant aucune case vide.
Pour ce qui est des couvertures, le Singe y est toujours représenté et le jeu de couleur gris, noir, rouge en font une couverture marquante et on pourrait se demander si le Singe n’est pas le personnage principal du titre en vérité. J’aurai peut-être aimé voir les taches de sang et les yeux du singe en surbrillance afin de donner encore plus de cachet à la couverture. En tout cas le dessin est un sans faute, il nous plonge clairement dans l’ambiance sombre et inquiétante et est magnifique à observer, d’autant que beaucoup de cases sans dialogues nous le mettent vraiment en avant.
En conclusion, Monkey Peak est un survival horror assez cliché mais qui se lit plutôt bien malgré tout avec une ambiance bien respectée, un rythme peut être un peu lent mais on espère que ça va s’arranger. Les personnages sont multiples et déjà vus dans ce type d’histoires mais certains retiennent tout de même notre attention. Le mystère et la tension omniprésente nous tiennent en haleine et nous donnent envie d’en lire plus. Le dessin quant à lui colle parfaitement avec le thème et les détails sont impressionnants à observer. Le manga se termine à présent chez nous en douze tomes et je ne peux que vous conseiller de l’acheter si vous êtes fan de survival horror, d’autant qu’il existe au Japon un spin off et un sequel qui prouvent que ce titre a peut être bien des choses à nous dévoiler.
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L.