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Ton Visage au Clair de Lune

Androgyne veut 

être mignonne

Ton Visage au Clair de Lune est un Shôjo de Yamamori Mika, publié au Japon depuis 2020 où il comporte actuellement 4 volumes toujours en cours. En France, les éditions Pika nous proposent ce titre avec un premier volume en Octobre 2022.

 

L’auteure est déjà connue chez nous pour le manga Daytime Shooting Star, publié chez Kana depuis 2011 et terminé en 13 volumes.

 

Takiguchi Yoi est une personne androgyne en première année de Lycée où elle est surnommée Prince et où les filles l’idôlatrent tandis que les garçon la qualifie de cool. Cependant, elle aimerait aussi être la princesse à qui on vient en aide, même si sa timidité l’empêche de l’avouer aux autres. Elle va cependant faire la rencontre de Ichimura Kohaku, un garçon de son lycée aussi surnommé prince, fils d’un PDG riche, et qui la regarde différemment par rapport aux autres garçons.

 

Ton Visage au Clair de Lune est un manga School Life, Slice of Life, Romance, mais qui nous propose un thème peu banal également: L’androgynie, et le besoin de se sentir femme quand on est une femme aux traits d’homme. (et inversement mais là nous sommes dans le cas d’une femme).

Ainsi, on fait sans cesse référence à cette androgynie qui fait souffrir Takiguchi Yoi, la rend peu sûre d’elle et de ses agissements en tant que femme, si bien qu’elle en vient à agir comme un prince devant les autres. Tout au long du premier tome, on va observer ses agissements de Prince, mais également découvrir sa part féminine qui ne demande qu’à s’exprimer car après tout, elle n’est qu’une jeune fille comme les autres qui rêve d’être traitée comme une princesse par un garçon. Heureusement, elle ne subit pas de brimades à cause de son apparence androgyne, si ce n’est que les garçons ne veulent pas la considérer comme une fille, mais on la voit quelque peu souffrir de sa situation, se cacher des filles qui fangirlent sur elle, se répéter intérieurement qu’elle ne pourra jamais vivre comme une fille normale.

Cette souffrance de la différence est un point central du titre, qui donne un véritable intérêt à une romance qui aurait pu être plutôt banale sans ça, car après tout, on a encore à faire à un Shôjo scolaire avec un garçon un peu bad guy et une fille qui ne veut pas se laisser faire mais succombe à son charme. D’ailleurs, ce côté fille forte me rappelle des mangas comme Saotome, My Fair Honey Boy, ou encore Shikimori n’est pas juste Mignonne. On se rapprocherait peut être plus cependant de Héroïne malgré Moi, avec cette envie d’être ce qu’on n’est pas et d’être vu différemment.

Comme je l’ai dit, c’est un Slice of Life School Life. La majorité de l’histoire se déroule donc à l’école, même si on a toujours quelques scènes en extérieur, et malheureusement, on retombe sur beaucoup de clichés du Shôjo comme la pluie soudaine, le garçon qui saute des escaliers et tombe sur la fille, la fièvre d’un des personnages. Si le côté androgyne nous permet de nous accrocher au manga, j’ai un peu plus de mal avec les scènes vues et revues des mangas de romance.

Un autre point qui m’a embêté, et que j’ai un peu de mal à cerner, c’est Ichimura Kohaku. Il fonce dans le tas, fait des propositions à Takiguchi Yoi, agit exactement comme les groupies qui sont après lui, et la force souvent à faire des choses qu’elle ne veut pas. De nos jours, ça a du mal à passer le garçon qui force les choses pour faire avancer la relation. Personnellement je trouve ça un peu malsain et j’ai du mal à le comprendre car par moment il fait tout le contraire, la laissant respirer, puis finalement la scène d’après il va forcer. Ce point là et les scènes déjà-vues sont les deux aspects du scénario qui m’ont le plus dérangée.

Néanmoins, on a une histoire qui m’a bien transportée, je n’ai pas vu le temps passer durant ma lecture qui s’est avérée plus fluide que je ne le pensais au départ. Le tome se lit bien, vite, et en plus, la relation progresse à grands pas, au point de nous donner envie de nous procurer le second volume, grâce à un petit retournement de situation de fin de volume appréciable. Et puis, il faut quand même avouer que l’auteure sait nous proposer des scènes qui font battre notre cœur, et ce, même dans un premier volume.

C’est donc un titre qui me dérange sur certains points, mais que j’apprécie tout de même, tout n’est pas parfait, ce ne sera pas mon Shôjo préféré, mais il aborde tout de même des thèmes intéressants, avec une fluidité agréable.

 

Et alors? Qu’ils le fassent. D’ailleurs ils auraient pas tord vu que je m’intéresse à toi.

– Ichimura Kohaku

 

En ce qui concerne les personnages, on voit des noms à gauche et à droite, certains secondaires me paraissent sympathiques comme les amies de Takiguchi qui agissent en vrai commères et dont l’une d’entre elles est une fujoshi. Ou encore l’ami de Ichimura qui est passionné de curry et qui me paraît plutôt gentil et mignon dans le fond. Mais ce qui nous intéresse réellement, c’est Takiguchi Yoi et Ichimura Kohaku.

Takiguchi est une jeune lycéenne en première année au lycée Kodan, qui est surnommée par tous: Prince. Elle est en effet androgyne, avec des traits masculins, une voix plus grave, et des comportements princiers tout droit sortis des Shôjo. Cependant, C’est une fille comme les autres, un peu timide, qui aimerait bien qu’on la considère un peu plus comme une princesse que comme un prince. C’est pourquoi, le regard de Ichimura ne la laisse pas indifférente, lui qui est le seul à la considérer comme une fille et à la complimenter comme tel. Mignonne, belle, sont les mots qui la feront craquer, mots qu’elle a rarement entendu à son attention. C’est une fille forte, qui a fait (ou fait) du karate et est donc capable de se défendre, mais qui se montre plus faible en présence de celui qui la considère comme une femme. Je l’aime bien, même si je la trouve encore un peu trop passive et qu’elle se laisse trop faire lors des avancements de Ichimura. Venant d’une fille forte qui fait du karaté, j’aurai aimé plus de piques et de méfiance de sa part car au bout d’un tome elle semble déjà faire entièrement confiance à ce garçon dont elle doutait au départ.

Ichimura, lui, est un peu le bad boy de base des Shôjo. On le voit comme un prince, mais il rembarre souvent les filles, est froid avec, et chasse ce qu’il souhaite de toutes ses forces, quitte à parfois un peu trop forcer à mon goût. L’auteure nous dissémine d’ailleurs déjà son côté fils de riche, qui aura certainement des incidences à l’avenir et qui en fait l’homme dont toutes les filles rêvent. Tout comme Takiguchi, il souffre silencieusement de sa condition de “Prince” qu’il prend plus comme une moquerie. Lui voudrait la paix, mais les filles ne le laissent pas tranquille. J’ai déjà évoqué ce qui me dérange chez lui, mais je peux rajouter qu’il a un caractère un peu trop déjà-vu à mon goût.

Enfin, pour les dessins, je trouve les chara designs et le style de dessin un peu vieillissant, assez Shôjo des fins 2000 début 2010 avec des lèvres pulpeuses et de grands yeux. J’aime cependant beaucoup le chara design de Takiguchi qui change de tous les designs d’héroïnes qu’on retrouve dans d’autres Shôjo, nous offrant un air plus masculin et classe. Les vêtements sont principalement scolaires et assez simples en motifs lorsqu’il s’agit de vêtements d’extérieurs. Ce qui va changer c’est plus au niveau de la coupe de certains tee shirts que je trouve parfois originale. Les expressions des personnages sont cependant très détaillées et nous plongent dans l’histoire, malgré à côté des décors qui manquent un peu et une sensation de pages parfois vides. On a néanmoins le droit à plusieurs planches avec des scènes de romance qui font battre notre cœur et qui transmettent des émotions, même si pour le moment je ne trouve pas que ce soit un manga qui nous fera passer par de grandes phases d’émotions vu que tout semble se régler naturellement et simplement pour l’instant.

 

En conclusion, Ton Visage au Clair de Lune est un manga qui se lit plutôt bien, mais qui est loin d’être parfait. C’est un titre qui propose d’aborder l’androgynie, mais qui mériterait d’être un peu plus approfondi, tournant trop vite à la romance et forçant la relation. C’est un manga qui possède des personnages aux airs cools mais qui souffrent intérieurement, et qui vont irrémédiablement s’attirer malgré eux et former une romance. Si vous recherchez un peu d’amour, ce manga devrait vous plaire, ne vous attendez cependant pas à des scènes de Shôjo originales, puisqu’on retrouve beaucoup de clichés du genre. Le titre me laisse donc quelque peu mitigée, même s’il se lit très bien et est agréable. J’irai tout de même me procurer la suite grâce au retournement de situation final qui me donne envie d’en voir plus par curiosité.

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L.

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