#DRCL Midnight Children
Calé dans
la cale !
#DRCL Midnight Children est un Seinen de Shin’ichi Sakamoto. Publié au Japon en 2020, il compte actuellement 3 tomes en cours. En France, les éditions Ki-oon publient tout juste le premier tome.
L’auteur, Shin’ichi Sakamoto, ne vous est peut-être pas inconnu et c’est bien normal, il est à l’origine des sublimes Innocent & Innocent Rouge ainsi que d’Ascension pour ne citer que les plus connus.
XIXe siècle, Angleterre, un mystérieux drame se produit sur un navire marchand. Une fois arrivé tant bien que mal au port, le massacre est découvert et le mal libéré sur l’Angleterre. Quatre adolescents assistent impuissants à l’attaque de ce monstre liant ainsi leur destin à bien pire encore… Dracula.
Shin’ichi Sakamoto, auteur très connu dont l’excellence de son trait n’est plus à démontrer, réinterprète avec brio le mythe de Dracula. On nous dépeint un univers sombre, horrifique, certains en seront même à se demander si c’est le retour de Dracula ou bien celui de Lilith !
#DRCL Midnight Children remet au goût du jour ce mythe parfois vieillissant. Ici, la manière dont Shin’ichi Sakamoto l’a travaillé permet d’avoir aussi bien des références aux œuvres cultes, je pense notamment au film de 1922 Nosferatu le Vampire avec la scène dans la cale du bateau, donc avec cet aspect un peu “ancien” si je puis dire, mélangé à un style bien plus récent qui saura parler à un public plus varié qui n’est pas forcément familier du matériel d’origine.
Car oui, si Shin’ichi Sakamoto reprend le mythe de Dracula, il n’est pas forcément destiné uniquement au public adepte du plus connu des vampires, que vous n’avez jamais pu ou souhaitez vous plonger dans cet univers, dans tous les cas, vous pourrez profiter de la splendeur de ce titre. Aux connaisseurs, vous avez les fameuses références qui vous parleront et vous pourrez profiter de cette réinterprétation et pour les autres, vous aurez l’ambiance, les dessins et les personnages pour vous y plonger en un rien de temps.
Enfin vous y plonger, et presque vous y noyer au début ! Je dirais que jusqu’au moins la moitié du tome si ce n’est plus, l’ambiance du titre -exceptionnelle au passage- provoquera un mélange entre incompréhension, malaise et fascination. C’est surprenant, perturbant, ce qui vous fera tout d’abord trouver l’œuvre étrange, mais la beauté du trait vous fera naturellement persévérer surtout que son petit côté “interdit” à la Diablo saura vous intriguer et vous tenter.
Alors oui, le début est difficile, un peu abrupt mais il est important de juger sur l’entièreté du tome, surtout que ce premier volume n’est qu’une grande introduction ! Si vous pensez rentrer rapidement dans le vif du sujet avec #DRCL Midnight Children, vous vous trompez ! L’auteur prend son temps pour installer cette ambiance pesante, menaçante, pour introduire ses personnages aux caractères et personnalités aussi différents qu’uniques mais aussi pour instaurer “le mal”. Autant vous dire qu’avec ce premier tome nous ne faisons qu’effleurer cet univers qui nous donne toutefois déjà la couleur…
Le premier tome est ainsi divisé en trois parties: la découverte du mal, qui vous plongera dans une ambiance sombre, macabre. Puis en continuant sur sa propagation et ses conséquences pour ainsi finir sur un point qui s’entremêle aux précédents, la découverte des protagonistes !
Par le biais de ce dernier point, le manga va aborder des thématiques plus modernes comme la place de la femme au sien de la société mais également sur des troubles dorénavant mieux compris comme le dédoublement de la personnalité que l’on va avoir l’occasion d’aborder plus en profondeur juste après !
Car oui, il est temps pour nous d’aborder les personnages importants de ce premier tome et ces derniers sont au nombre de quatre.
Wilhelmina Murray, surnommé Mina -et heureusement- car vous allez en entendre parler ! Elle dénote à sa façon de tous les autres personnages en apportant une certaine lumière au sein de tous ces ténèbres. Elle est enjouée, drôle et elle casse les codes au sein d’une époque très patriarcale. Lorsque vous la verrez retourner un grand gaillard, vous comprendrez rapidement de quoi je veux parler !
Elle a un fort esprit combatif qui la pousse à ne pas se laisser faire, ça lui donne un côté garçon manqué, anti-conformiste qui lui va franchement bien et qui, comme je le disais plus haut, contraste clairement avec son univers.
Elle est le parfait antonyme d’Arthur Holmwood, fils héritier de Lord Godalming, il représente le cliché élitiste anglais de l’époque. En associant machisme, gentlemen et tendance à s’accaparer tous les mérites. C’est clairement le personnage qu’on déteste mais qu’on voit un peu trop !
En tout cas plus que Quincey Morris et Jo Suwa qui sont pour le moment un peu effacés. On en apprendra probablement plus à l’avenir sur eux mais à vrai dire, ce n’est pas ces deux personnages qui vont nous intéresser, plus Mina ainsi que Lucy Westenra.
Lucy Westenra est un personnage atypique, et quand je dis un, ce n’est pas tout à fait exact. Lucy possède un dédoublement de la personnalité apparaissant à priori à la nuit tombée. Cette autre personnalité donne un charme particulier au personnage et nous offre des interactions avec Mina des plus passionnantes à suivre. Elle change du tout au tout permettant d’approfondir aussi bien son propre personnage que celui de Mina qui se voit être également très différente à ses côtés.
Niveau dessin, c’est absolument splendide ! Shin’ichi Sakamoto possède un trait fin magnifique que nous avions déjà pu admirer via Innocent et Innocent Rouge, et bien dites-vous que son talent n’a pas faibli bien au contraire ! Vous serez subjugués par les doubles pages qui vous seront offertes durant tout le tome. Elle allie aussi bien le détail, que ce soit dans les décors, les personnages, leur vêtements, leur yeux, leur expression qu’une forme de poésie par l’ambiance retranscrite dans ses planches. La tension, la stupeur, l’effroi, pour pencher parfois vers la stupéfaction au travers de scènes enivrantes par leur beauté.
En conclusion, #DRCL Midnight Children est un Seinen qui graphiquement mettra tout le monde d’accord par le trait de l’auteur. Le mythe de Dracula se met petit à petit en place tout au long du tome, le récit prend son temps afin de mettre en place les différents éléments évoqués plus haut dans la critique. Malgré ça, l’histoire n’est pas lente et se poursuit à bon rythme permettant de ne jamais nous ennuyer ou de trouver qu’il y a des longueurs inutiles.
Qui plus est, même sans être fan du mythe original, vous pourrez tout de même l’apprécier et ce, notamment grâce aux personnages offrant une autre dimension à l’œuvre.
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H.