Comme sur un nuage
Rumeurs et
sentiments
changeants
Comme sur un nuage est un Shônen de Okura au scénario et Coma Hashii aux dessins. Initialement publié sur le site web de Okura de 2009 à 2012, il est ensuite repris en remake en trois tomes reliés en 2017. Le tome un nous est arrivé en France en Octobre 2020 et le dernier tome sort chez Akata en Avril 2021.
Comme sur un nuage raconte l’histoire de Dai Noshiro, un jeune lycéen qui vient tout juste de changer d’école, et dont le regard est attiré par Kô Sanada, un autre garçon de sa classe, solitaire, qui ne traîne qu’avec Ayumi Yamamoto, une fille d’une autre classe et une amie de longue date. Noshiro décide alors de tout faire pour intégrer Sanada et devenir ami avec lui. Mais celui-ci, au cœur des rumeurs depuis longtemps, semble difficile à approcher et sa carapace paraît compliquée à briser. Entre rumeurs et sentiments changeants, Comme sur un nuage décrit le quotidien d’adolescents grandissants.
Pour commencer, on peut dire que Comme sur un nuage possède des ressemblances avec Blue Flag pour son côté social et le fait que l’intrigue se déroule dans un lycée. Il est certes d’après moi moins poussé que Blue Flag au niveau du relationnel (même s’il y en a quand même énormément, cela m’a moins marqué et emporté), mais est plus développé sur la question de la sexualité, de l’acceptation de ce qu’on est et de ce que sont les autres, de l’ouverture aux autres. Du moins, c’est plus rapidement mis en place que dans Blue Flag, et en même temps le manga ne fait que trois tomes donc c’est normal que cela semble être la thématique principale de l’auteur qui ne tergiverse pas en évitant de se perdre dans la vie de personnages secondaires. Un excellent point d’ailleurs puisque Okura reste vraiment concentré sur ses personnages principaux et s’occupe vraiment de les développer, eux, et de ne pas s’éloigner de son objectif.
Il y a énormément de bons points à ce titre. En effet, c’est une œuvre qui se lit vraiment facilement et rapidement malgré son nombre de pages conséquent et franchement, l’histoire avance à un très bon rythme, si bien qu’on est plongé dedans jusqu’à la dernière ligne et qu’on ne peut que vouloir lire la suite.
C’est également un manga qui dénonce des thématiques qui commencent à être mises en avant pour le tout public au Japon comme en France, mais qui reste encore assez timide. Effectivement, ce titre semble clairement dénoncer et présenter un peu la vie lycéenne et surtout la vie d’un lycéen homosexuel. On se rend alors compte du peu de connaissances des autres élèves sur les personnes homosexuelles qui semblent ancrés dans des stéréotypes qu’ils auraient entendus. Pendant une bonne partie du tome on observe des réactions désagréables et révoltantes constantes des autres lycéens sur le fait d’être gay.
Cette œuvre semble d’après moi dénoncer en partie l’homophobie camouflée où on parle dans le dos d’une personne et où on l’isole, mais aussi le manque de connaissance sur le sujet. C’est à la fois plutôt intéressant à lire, d’autant que le titre est un Shônen et vise donc véritablement le tout public, et en même temps, j’ai trouvé ce côté dénonciation un peu trop forcé et présent au début du tome. L’auteur insiste vraiment sur le fait que les jeunes trouvent qu’être gay c’est pas bien, que ça n’existe pas dans l’entourage, que ce n’est pas possible, et je trouve qu’on perd un peu de réalisme, car même avec l’effet de groupe, je doute que toutes les personnes réagiraient de la même manière aux rumeurs et il y en aurait probablement bien plus qui agiraient comme Noshiro. Heureusement par la suite cela paraît se dissiper un peu et on se concentre bien plus sur les relations entre les personnages et l’évolution de leurs sentiments.
T’as qu’à demander à Sanada, le mec de la classe 5…paraît qu’il est pédé.
– Lycéen
Les rumeurs. L’un des grands fléaux de la vie lycéenne et le deuxième gros point dénoncé par l’auteur. Elles sont énormément mises en avant au début de l’œuvre, puisqu’on nous présente Sanada comme le garçon au centre de mauvaises rumeurs. On voit les dégâts que celles-ci peuvent provoquer sur un jeune qui se retrouve alors isolé de tous, mais surtout, on remarque que les rumeurs rythment la vie lycéenne et leurs connaissances sur certains sujets. Par exemple la connaissance de l’homosexualité semble véritablement basée sur des rumeurs et des stéréotypes entendus. La vie lycéenne paraît vraiment être l’univers des rumeurs et ce n’est que bien plus loin dans le tome qu’on commence à moins parler de ces rumeurs pour se concentrer sur les relations.
Reparlons à présent un peu plus du relationnel, des personnages et de leur évolution, car dans un seul tome on peut voir une progression fulgurante des personnages principaux qui est vraiment très intéressante à suivre et qui permet d’accélérer le rythme de l’œuvre et de plonger le lecteur dans l’histoire. On pourrait mettre cette évolution des personnages sur le fait que ce sont des lycéens et donc que leur caractère est encore en train de se façonner.
On a d’abord Dai Noshiro. C’est un garçon gentil et sociable qui vient de changer de lycée. Il est serviable et veut aider les autres. Il n’hésite pas à dire quand quelque chose ne lui plaît pas, même si au fil du tome ce petit côté va disparaître et laisser place à plus d’hésitation. C’est un personnage qui va apprendre ce que c’est d’être homosexuel et qui va se rendre compte qu’il peut facilement blesser quelqu’un par ses mots, même en voulant être sympa et dynamique. C’est un jeune homme qui ne veut pas blesser les autres, qui est un peu simplet et essaie de ne pas trop se prendre la tête. Il veut également apprendre à comprendre Sanada, sans trop savoir pourquoi. Noshiro apparaît d’abord comme un gars qui veut devenir ami avec Sanada, puis il apprend la vérité et est choqué, mais il finit par réfléchir et changer de point de vue. On voit donc vraiment que Noshiro évolue, puisqu’il en vient à accepter Sanada pour ce qu’il est et en vient même à voir ses sentiments changer au fur et à mesure qu’il apprend à lire ceux de Sanada. Je pense qu’il finira par être celui qui comprend le mieux Sanada et j’ai bien hâte de voir la suite de son évolution.
Parlons maintenant de Kô Sanada. C’est un personnage qui cache qui il est réellement, qui veut passer inaperçu, mais qui ne peut plus à cause de Noshiro qui est trop imposant et bruyant. On le voit pas mal évoluer au niveau relationnel puisqu’au début il est seul et qu’ensuite il commence peu à peu à s’ouvrir à Noshiro sans rien espérer, puis aux autres. Il semble néanmoins davantage s’intéresser à Noshiro qu’il commence même à appeler par son nom. Ses sentiments semblent changer et il offre une facette différente de lui à Noshiro. C’est un personnage qui semble encore se chercher et qui souffre bien plus qu’il ne le montre. J’espère que sa carapace finira par se briser et qu’on pourra le voir s’épanouir.
Yamamoto Ayumi, elle, est la fille du groupe. Elle semble souffrir d’un amour à sens unique. Elle est gentille et sociable mais finalement trop passive comparée à Noshiro et se fait peu à peu effacer de leur trio. En effet, plus on avance dans le tome moins on la voit auprès d’eux, si bien qu’elle a une régression plus qu’une évolution, se refermant sur elle-même et taisant ses sentiments. Personnellement, elle me fait un peu de la peine et j’aimerais qu’elle puisse évoluer positivement par la suite.
Enfin parlons vite fait de Hide. Je pense que c’est clairement le personnage secondaire qui va jouer le rôle de médiateur entre les personnages et leur permettre de se lier davantage. Pour le moment je trouve que c’est vraiment le personnage qui vient débloquer la situation quand celle-ci commence à ralentir et stagner. C’est un peu l’adulte qui veille sur les lycéens, du point de vue externe, comme nous lecteurs, mais qui peut intervenir pour faire bouger les choses, comme s’il était un peu l’auteur de leur histoire. C’est un personnage qu’on voit peu mais que je trouve tout de même intéressant sur ce point.
On peut donc dire que les personnages sont globalement tous très bons, très variés et proposent tous une évolution très captivante à suivre qui donne de l’intérêt pour le titre.
Enfin, pour ce qui est des dessins, les chara designs sont plutôt simples mais les personnages sont vraiment différenciables des autres. Les décors sont eux aussi simples mais amplement suffisants et les trames permettent de bien mettre en avant les scènes qui auraient pu paraître un peu vides sans. Finalement, je trouve les expressions des personnages plus détaillées que je ne le pensais au début, celles-ci étant assez explicites pour qu’on comprenne le sentiment que ressent le personnage et ce, même sur Sanada qui est pourtant plutôt inexpressif. Enfin, les planches sont parfaitement lisibles et beaucoup sont plus à contempler qu’à lire ce qui fait que la progression du tome est fluide et rapide.
En conclusion, Comme sur un nuage est une excellente découverte qui propose à un grand public un thème habituellement bien plus ciblé. Le relationnel et l’évolution rapide des personnages en fait un titre passionnant à suivre qu’on ne peut que dévorer. C’est une œuvre en seulement trois tomes mais dont les volumes semblent assez imposants puisque le tome 1 compte 7 chapitres et près de 250 pages. C’est un titre qui dénonce les rumeurs lycéennes et le manque de connaissance des jeunes à propos de l’homosexualité, le tout dans l’ambiance parfois sombre mais en général calme et lumineuse des lycéens grandissants.
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L.
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