
Maux Mêlés

L’écheveau des
cœurs meurtris
Maux Mêlés est un Shôjo de Meguru Izawa au scénario et Tohru Tagura aux dessins, publié au Japon en deux volumes en 2017. Il nous parvient en France grâce aux éditions Akata en 2021.
Ayase Tsukasa entre en deuxième année de lycée. Elle est mal à l’aise avec les garçons, bien incapable de leur parler malgré tous les efforts qu’elle fait. Sa famille tient une auberge mais les fins de mois sont un peu difficiles en basse saison. Ils décident alors d’ouvrir une pension familiale et d’héberger deux lycéens: Ren Matsuoka et Ryohei Miwa. Manque de chance pour Tsukasa, ce sont tous les deux des garçons de son lycée et l’un déteste les filles, tandis que l’autre force son amour pour Tsukasa. Il va falloir qu’elle se montre forte et qu’elle change pour pouvoir les accueillir au mieux au sein de l’auberge familiale.
Pour commencer, pour une fois j’ai trouvé que la cohabitation entre les personnages était faite de manière naturelle comparé à d’autres œuvres. Un peu comme dans Mon Coloc est une Gameuse, cette cohabitation est réaliste, naturelle, on est loin du mec ou de la fille qui se retrouve à habiter chez l’autre parce qu’ils sont maintenant frère et sœur (Hein Love x Dilemma), parce qu’il y a eu un problème chez le voisin (Hein L-DK) ou une maison qui brûle ou qui s’effondre (Hein Insérer nom de manga où la fille voit sa maison s’effondrer, j’arrive plus à remettre le nom dessus!) ou quoi ou qu’est-ce. Par contre le cliché de la mère décédée est bien là, on était presque dans un manga sans clichés, presque.
Maux Mêlés est un manga de romance où on se doute dès le départ de notre triangle amoureux. On a même des flashs du futur et on se rend compte que c’est Tsukasa qui raconte son histoire d’amour, et vu ce qu’on voit j’ai peur que ça ne finisse pas bien où qu’on n’ai aucun couple à la fin. Je me demande comment l’auteur pourrait réussir à développer une relation entre deux personnages en seulement deux tomes. En tout cas pour le moment la romance n’est pas trop présente. On a des relations qui se construisent, des rapprochements, mais rien de vraiment romantique, à voir si ça va évoluer dans le second tome.
La communication est également l’un des grands thèmes de ce titre. Chaque personnage a un problème. Tsukasa n’arrive pas à parler aux garçons, Matsuoka déteste les filles, Miwa semble cacher quelque chose derrière sa bonne humeur. Le manga se centre sur le social, les interactions et la vie ensemble, un peu comme dans Blue Flag où le social et la communication occupent une place primordiale. C’est peut être pour ça d’ailleurs que j’ai autant apprécié ma lecture de Maux Mêlés. C’est un titre où les personnages vont beaucoup parler pour apprendre à se connaître et comprendre les gestes des autres. J’aime bien ce petit côté “communiquer pour se comprendre”, je trouve que c’est primordial dans une relation et c’est ce qui me donne l’impression d’un manga si réel.
Au fond, la communication et la recherche de personnalité que doit affronter Tsukasa sont des soucis qu’on rencontre vraiment à l’adolescence. On la voit sans cesse se demander comment se comporter avec les autres. Elle a clairement un problème pour trouver sa propre personnalité et la peur que tout le monde ne l’aime pas, alors que c’est impossible d’être apprécié de tous. Son idéal est sa mère, et je pense que c’est sa disparition qui lui a fait perdre son repère. Elle ne sait pas comment créer sa propre personnalité sans ce modèle. Et tous ces problèmes de relations et de personnalité, elle doit apprendre à les surmonter, c’est vraiment intéressant à suivre et ça apporte un petit côté psychologique en plus de lui donner des points communs avec Matsuoka (j’en parlerais plus en détails dans la partie personnages)
On a une histoire très courte, rapide, en seulement deux tomes et pourtant je la trouve complète. On aurait pu avoir peur que le manga soit trop court pour aborder tous les thèmes comme il faut, mais je trouve que l’auteure a su créer une histoire logique, réaliste, avec des personnages attachants qui ont chacun leur problème, qui créent des relations entre eux, le tout en deux volumes. Le fait qu’il ne fasse que deux volumes permet au final de taper directement là où ça fait mal, d’éviter les tomes inutiles où les personnages se tournent autour et font des choses clichées qu’on voit partout dans les autres titres. L’histoire a beau être courte, le scénario est très bien construit, et j’aurai voulu plus, mais pas parce que ce n’est pas assez complet, mais plutôt parce que l’auteure a su me faire m’attacher aux personnages et vouloir plus de péripéties entre eux.
À la fin du tome, Akata nous propose une petite nouvelle bonus que j’ai trouvé plutôt sympathique, cela rajoute un développement en plus et une scène agréable entre les personnages d’autant qu’on se rend vraiment compte de la plume de l’auteure comme ça.
Enfin, juste pour finir sur le scénario, j’ai trouvé qu’on avait énormément de magnifiques mises en scènes qui sous entendaient souvent des problèmes cachés, comme avec Matsuoka. J’ai vraiment aimé voir comment sa haine pour les filles s’est manifestée, c’était prenant, psychologique et totalement compréhensible.
Il faudra bien que je démêle l’écheveau de mon cœur meurtri pour trouver les mots justes et pouvoir mieux exprimer ce que je ressens…
– Tsukasa
Je vous ai déjà pas mal parlé d’Ayase Tsukasa. Je rajouterais alors juste que c’est un personnage qui évolue très vite, tout au long du tome, c’est agréable de la voir se transformer et s’épanouir peu à peu. C’est une fille forte contrairement à ce qu’on peut penser au départ et j’ai hâte de découvrir sa métamorphose finale. En plus sa relation avec son père est incroyablement mignonne et touchante. Son père est quelqu’un de chaleureux qui veut le bien de sa fille et sa se voit.
Ren Matsuoka, lui, déteste les filles malgré sa grande beauté qui les attire. On commence à comprendre en fin de tome pourquoi il est comme ça, et j’ai vraiment aimé cette mise en scène à ce moment-là. J’aime bien ce personnage un peu renfrogné, qui ignore notre héroïne au début, puis finit par changer d’avis et par accepter de s’ouvrir un peu à elle. Il est encore inaccessible par moment, mais elle semble réussir à l’apprivoiser petit à petit. Surtout qu’au fond leur ressemblance est frappante, aussi bien dans leur problème que dans leur manière d’être.
Ryohei Miwa est le personnage que j’ai le moins aimé pour le moment. Il est tout le temps joyeux, trop direct, trop tactile. Bref, le mec populaire de bonne humeur qui blesse l’héroïne sans s’en rendre compte. Je sais qu’il doit cacher quelque chose mais je sais pas, j’arrive pas à l’aimer pour le moment. Et si la relation entre lui et Tsukasa s’améliore un petit peu au fil du tome, elle a l’air de rester froide avec Matsuoka, ou du moins juste cordiale.

En ce qui concerne les dessins, ils sont réalisés par l’auteure de Nomi & Shiba. Les chara designs sont agréables avec des visages assez fins, les vêtements sont détaillés et les personnages changent souvent de tenue. Les décors sont parfois un peu absents mais ça ne m’a pas plus dérangé que ça, au contraire cela me permettait de me mettre un peu plus dans l’ambiance.
On a des planches magnifiques dans les moments d’émotion, de désespoir, on ressent bien l’ambiance et les planches possèdent souvent des cases aux formes qui se renouvellent.
Pour ce qui est de la couverture, j’aime beaucoup l’effet feuille de canson qu’on a sur le dessin (pas sur la couverture, elle est lisse) et les couleurs pastels, ça rend bien et le lettrage du titre donne une impression d’écriture à main levée plutôt jolie. Elle nous met bien dans l’ambiance et permet de découvrir nos trois personnages principaux en mouvement.
En conclusion, Maux Mêlés est une bonne découverte qui propose une cohabitation réaliste entre trois personnages qui possèdent chacun un problème. C’est un titre qui m’a un peu rappelé Blue Flag dans la difficulté qu’ont les personnages à communiquer, mais aussi pour son aspect social et communication très poussé. La romance n’est pas encore très détaillée mais on a quand même quelques scènes marquantes. La mise en scène est d’ailleurs incroyable, je trouve le scénario très bien construit et complet. Si vous avez peur de vous lancer parce que c’est une œuvre courte, ne vous en faites pas, c’est vraiment bien écrit et l’auteure va à l’essentiel. En plus,on s’attache vraiment aux personnages et on les voit déjà énormément évoluer dans ce premier volume, que ce soit par rapport à leur problème que par le tissage de relations qu’ils effectuent entre eux. Ils sont attachants, l’histoire est top, les dessins nous mettent dans l’ambiance, le titre ne fait que deux volumes, est terminé chez nous alors, lancez vous!
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L.


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