Criminelles Fiançailles
Un arrangement
difficile
Criminelles Fiançailles est un Seinen de Asuka Konishi, publié au Japon depuis 2017 où il comporte 5 tomes en cours. En France, le premier tome nous parvient en ce début d’année 2022 aux éditions Pika.
Yoshino Somei est la petite-fille du boss du clan Somei, une famille de Yakuzas d’Osaka. Elle n’a pas d’amis au lycée, n’a jamais eu de petit ami et tout le monde à peur d’elle et la méprise pour son statut de petite-fille de Yakuza. Mais un jour son grand-père lui arrange des fiançailles avec un clan rival de Tokyo, la poussant à emménager chez eux et à devoir se familiariser avec Kirishima Miyama. Les apparences sont parfois trompeuses, et vengeance et cruauté la pousseront à faire des choix inquiétants pour tenir son engagement.
Pour commencer, on peut dire que ma lecture de Criminelles Fiançailles s’est véritablement passée sur deux temps. Dans un premier temps j’ai eu affaire à un premier chapitre qui m’a un peu refroidi, mais la suite du manga m’a réconciliée avec l’histoire et intriguée.
En effet, le premier chapitre est plutôt dense, parle énormément et met en place la totalité de l’histoire et le problème, c’est que quand je ne suis pas d’humeur à lire un manga qui ne fait que parler, je n’accroche pas. Heureusement, le temps de dialogue entre Yoshino et son grand-père ne dure que ce chapitre, terminant de mettre en place l’histoire pour nous plonger totalement dedans.
J’ai été d’abord surprise qu’un sujet si sérieux fasse preuve d’autant d’humour dans la manière d’agir des personnages, et surtout de Yoshino qui paraît presque être une jeune fille comme les autres. De même, ces fiançailles semblent au premier abord bien se passer, mais l’auteur sait nous surprendre. Quand les faux-semblants sont levés, on est totalement lancé, emporté par le scénario, et on a des frissons d’horreur quant à ce qui se déroule sous nos yeux. En tout cas, on se rend compte qu’il y a une sacré différence de taille et de cruauté entre les yakuzas d’Osaka qui peuvent paraître de bons vivants (avec la manière d’être du grand-père) et les yakuzas Tokyoïtes, bien plus sérieux, cruels, effrayants.
Cette différence flagrante, on la découvre en même temps que Yoshino qui se retrouve soudainement assaillie par la cruauté de son potentiel fiancé, et qui découvre alors sa véritable personnalité. On peut clairement dire que la dualité des personnages est une part importante de l’histoire et ce qui la rend vraiment intéressante et j’ai vraiment aimé que la jeune et fragile Yoshino se relève si vite de ce dialogue traumatisant qu’elle a eu avec Kirishima et qu’elle se mette à jouer à ce jeu de faux-semblants avec lui. J’en parlerais un peu plus en détail un peu après, mais la dualité de personnalité et l’opposition des personnages apportent une véritable plus value au titre.
Comme je disais, une fois les véritables personnalités révélées, l’histoire devient d’autant plus intéressante et cela m’a fait oublier le début un peu lent et difficile de ma lecture. On se rend alors vraiment compte qu’on n’est pas simplement dans une romance d’enfants de Yakuzas comme dans Nisekoi, mais dans une histoire bien plus sombre et inquiétante où tous les stratagèmes sont bons pour faire tomber amoureux Kirishima et protéger le clan Somei. D’autant que les agissements de Yoshino, tout comme ceux de Kirishima m’ont surprise plus d’une fois. Le scénario n’est pour le moment pas du tout prévisible et c’est vraiment bien de pouvoir se perdre dans l’histoire sans en prédire la suite immédiate.
Il ne faut cependant pas oublier la notion de Seinen pour ce manga. En effet, si le début vous paraît un peu gentillet, ce ne sera pas le cas de la suite de l’histoire. Plus on avance dans notre lecture, plus on découvre la violence des yakuzas qui peut parfois être même plutôt choquante, que ce soit dans leurs mots que leur manière de régler les problèmes. Tout comme Yoshino, on finit par être effrayé par Kirishima qui, personnellement, m’a bien fait peur durant une scène que je ne détaillerais pas plus que ça. En tout cas, si vous voulez un récit plus sombre, celui-ci semble bien parti pour vous faire frissonner d’horreur avec les pratiques barbares des Yakuzas Tokyoïtes.
Au final après ce premier tome, le titre de Criminelles Fiançailles semble prendre tout son sens, mais ne pensez pas que l’histoire se limite à une romance douteuse et des Yakuzas choquants. Un côté assez mystérieux s’installe peu à peu, on se pose des questions sur ces fiançailles, mais également sur d’autres points et d’autres affaires au sein même du clan Tokyoïte et il me tarde de lire la suite pour en apprendre un peu plus. Et à côté de tout ça, j’ai l’impression qu’une espèce de joute psychologique se met doucement en place entre Yoshino et Kirishima grâce à la dualité de leur personnalité et aux agissements de Kirishima envers Yoshino qui a complètement changé leur relation.
En tout cas, si le début du tome m’a déplu, la suite du scénario m’intéresse vraiment, de par son côté mystérieux qui s’affine un peu plus sur la fin, nous promettant de nouveaux dangers et probablement de l’action à venir. Le titre se lit finalement plutôt rapidement et j’accroche vraiment aux personnages que je trouve intéressants à décortiquer.
Yoshino, tes seuls arguments de vente sont ton visage et ton corps, pas vrai? Tu pourrais les vendre et gagner de l’argent pour moi?
– Kirishima
Parlons d’ailleurs un peu plus de ces personnages et de la fameuse dualité de personnalité qu’on a pu observer. Déjà, on peut dire que dans l’ensemble nos personnages ont de fortes personnalités. Aucun d’entre eux ne va se laisser marcher dessus, si ce n’est Yoshino au début, mais elle va vite apprendre à se montrer bien plus forte que ce qu’elle est réellement.
Plutôt que de vous décrire vaguement les personnages et ce qui me plaît chez eux et étant donné que de toute manière, je les aime bien et je l’ai déjà dit, je vais à la place vous exposer réellement toute la dualité que j’ai trouvé passionnante.
Tout d’abord, on a la dualité de personnalité, que ce soit avec Kirishima qui paraît être un jeune homme gentil, intelligent, galant mais qui est en vérité cruel, violent et qui n’hésite pas à blesser physiquement et moralement. Ou bien avec Yoshino qui, si au début ne possède pas cette dualité, va la développer au fur et à mesure du tome, nous offrant une jeune fille forte, sadique aux airs de délinquante alors qu’elle est en réalité pure, gentille et effrayée par cette situation.
Vous l’aurez deviné, avec cette dualité chez nos deux personnages principaux, apparaît une opposition flagrante qui crée une joute psychologique entre eux, à celui qui cédera le premier à l’autre (sachant que ça finira mal pour Yoshino si c’est le cas). J’espère qu’elle sera développée davantage par la suite d’ailleurs, car cela rend l’histoire bien plus palpitante. Cette opposition entre nos personnages n’est pas seulement une opposition de sexe, mais aussi de morale. L’une est pure, fragile, une fille normale, l’autre est un garçon cruel, fort, effrayant et qui recherche le frisson. Ils ne semblent pas du tout fait pour s’entendre, ne pensent pas pareil et finissent par vêtir le costume de l’autre en prenant une personnalité semblable (le gars gentil pour Kirishima, la fille cruelle pour Yoshino) Ce jeu d’opposition et cette guerre psychologique poussent nos personnages à agir différemment du début du titre, notamment pour Yoshino qui se met à effectuer une action qui m’a surprise et choquée (je vous laisserai la découvrir par vous-même).
Mais cette opposition ne se retrouve pas seulement chez Yoshino et Kirishima. En effet, on la constate entre le chef du clan Somei, et celui du clan Miyama. L’un est d’Osaka, l’autre de Tokyo, l’un est un bon vivant, l’autre est plus sérieux et classe, même si je soupçonne le chef de Somei de jouer les faux-semblants lui aussi et d’être bien plus sombre que ce qu’il paraît l’être.
En tout cas, l’opposition et les faux-semblants sont les deux points les plus importants dans ce premier volume me rappelant un peu Called Game où les joutes psychologiques sont omniprésentes. J’espère que l’auteur continuera de broder le côté mystérieux de son histoire et de mêler le tout pour nous offrir un scénario imprévisible et passionnant.
En ce qui concerne les dessins, je n’ai pas vraiment aimé les chara-designs des personnages que j’ai trouvé plutôt classiques et anciens, me rappelant notamment ceux de Détective Conan. Après c’est un point de vue totalement subjectif mais ce n’est vraiment pas un style sur lequel j’accroche malheureusement, je le trouve trop vieilli.
Les décors sont simples mais omniprésents et par contre, le point que j’ai vraiment apprécié, c’est l’ambiance que l’auteur a su mettre dans ses planches. Si la plupart du temps elles sont plutôt classiques, lorsque l’histoire prend un tournant plus sombre et inquiétant, les planches deviennent plus encrées et nous plongent totalement dans l’atmosphère effrayante. Le jeu d’encrage permet réellement d’apprécier certains moments qu’on aurait probablement trouvé plus plat si l’auteur avait juste continué sa mise en page classique. Sinon, lorsque l’histoire se contente d’avancer, les planches sont plus simples mais surtout saturées de bulles de dialogues (ce qui m’avait donné l’impression de lenteur dans le premier chapitre) C’est vraiment une disposition ancienne qui rappelle énormément les mangas psychologiques ou d’enquêtes semblables à Détective Conan.
Je garde donc un avis mitigé sur les dessins qui ne sont pas à mon goût mais qui possèdent tout de même quelques points intéressants.
En conclusion, Criminelles Fiançailles est un Seinen qui nous propose une histoire qui met un peu de temps à se mettre en place, mais qui, une fois le premier chapitre passé, finit par nous happer par son côté plus inquiétant et cruel. Les faux-semblants et l’opposition des personnages est vraiment ce qui m’a passionné dans ce premier tome et si vous êtes friands de guerres psychologiques, ce titre devrait vous intéresser tout autant. Plus on avance dans le tome, plus celui-ci devient intéressant et un aspect plus mystérieux se met en place. Il porte cependant bien son côté Seinen par des scènes cruelles et choquantes à ne pas mettre entre toutes les mains. Si vous appréciez les histoires de Yakuzas, foncez, je pense qu’il a encore bien d’autres aspects de son scénario à nous dévoiler. Attention cependant aux dessins qui peuvent vous dérouter un peu par leur aspect ancien, vous trouverez cependant certaines planches qui vous mettront pleinement dans l’ambiance. Au final, c’est un manga qui surprend, qui est imprévisible et qui vous fera frissonner d’horreur.
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L.
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