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Navillera

 

Le rêve 

d’une vie 

face au 

jugement des 

autres

 

Navillera est un Webtoon/Manhwa de Hun au scénario et Jimmy au dessin, publié en Corée en 2016 et terminé en 6 volumes. En France, il est publié en format relié par Kbooks depuis Octobre 2022.

 

L’histoire a eu un tel succès qu’il existe un drama du même nom disponible actuellement sur Netflix!

 

Shim DeokChul est un ancien facteur de 70 ans qui s’est toujours battu pour donner une vie convenable à sa famille et permettre à ses enfants d’avoir de bonnes études et un bon travail. Maintenant qu’il commence à se faire vieux, il repense à son rêve d’enfant qu’il n’a pu accomplir à cause de la pauvreté et de la guerre de Corée: Il veut faire du ballet. Contre l’avis de tous les membres de sa famille, il décide de s’inscrire dans une toute petite école de danse, où il va faire la rencontre de Lee Chaerok, un jeune homme cabossé par la vie qui va lui enseigner le ballet tandis que DeokChul va le manager.

 

Navillera est un titre comme je les aime avec un scénario très social, sur des faits qui mettent régulièrement en cause la vie de famille et la vie en société, et qui le fait d’une manière prenante et touchante au point que vous ne pouvez que vous retrouver embarqué dans l’histoire. Il aborde des thèmes durs mais qui touchent tout le monde. 

On a tout d’abord un thème majeur dans ce titre: La vieillesse. En effet, l’un des personnages principaux de l’histoire est un monsieur de 70 ans, qui a un long et dur vécu, et qui souhaite exaucer son rêve de toujours pour accéder à une petite tranche de bonheur qu’il a toujours voulu avoir mais qu’il a refourgué au fond de lui pour le bien de sa famille. Ce thème de la vieillesse est toujours utilisé comme argument par les membres de sa famille pour essayer de le dissuader à faire du ballet, mais il touche énormément DeokChul qui en souffre et qui, bien qu’il corrige un ancien remord (celui de vouloir faire du ballet) créé le regret de ne pas avoir commencé le ballet plus tôt. 

Heureusement, ce thème de la vieillesse est souvent balayé par une grosse détermination et un optimisme chez ce vieux monsieur qui va à son rythme et donne toujours tout ce qu’il a pour essayer d’accomplir ses objectifs. La combativité de DeokChul est un véritable exemple pour tous et une inspiration incroyable. Qui peut se sentir démotivé quand on voit cet homme se battre pour avoir le droit de pratiquer l’art de ses rêves peu importe son âge, peu importe les doigts pointés sur lui, les douleurs et les paroles désobligeantes. Cette combativité serait presque contagieuse pour le lecteur et pousse vraiment à l’admiration, en plus de nous attacher encore plus à ce personnage.

Malheureusement, à côté de cette combativité et de cette positivité, vous grincerez les dents plus d’une fois dans ce premier volume à cause d’une énorme incompréhension de la famille de DeokChul envers son rêve. Cette famille me débecte à des moments tant ils sont moqueurs, ils ont honte, ils ne comprennent pas pourquoi leur père/grand-père veut faire ce type de sport/art, et cherchent à l’infantiliser et à lui prouver par tous les moyens qu’il n’en est pas capable, tentant de le tirer par le bas. Oui, ce sport est dangereux. Comme tous les autres sports en vérité. Du moment que vous bougez vous avez une chance de vous blesser, c’est comme ça. Et malheureusement sa famille ne comprend pas ça. Je déteste cette manière de faire, d’infantiliser et de passer un sport respectable pour quelque chose d’humiliant. D’autant qu’une personne âgée à le droit au plus grand des respects pour moi. Cette personne a vécu tant de choses, si son souhait est de faire du ballet avant sa mort, même s’il était en fauteuil roulant où alité je l’y aiderait par tous les moyens au lieu de le dissuader. Résultat, en plus de devoir s’entraîner pour tenter de se remettre en forme pour le ballet, DeokChul subit une énorme pression familiale pour laquelle il doit tout faire pour prouver qu’il est légitime de faire du ballet.

Mais comme si ça ne suffisait pas, le ballet est encore un sport/art pointé du doigt par les autres, moqué, sans même que les gens aient assisté à une performance une fois dans leur vie. Si pour les filles faire du ballet ne pose pas de problème, personne ne semble comprendre que les garçons aussi peuvent devenir danseur de ballet et qu’ils sont même amplement nécessaires à certaines chorégraphies. Ce ne sont pas des bêtes de foire, des extravagants, des gens honteux.

Heureusement, comme je l’ai déjà dit: Navillera est un manga social, et de ce fait, notre personnage principal va faire des rencontres dans cette salle de danse. Celle-ci réunit des gens cabossés par la vie, qui galèrent, mais qui se réunissent tous pour leur passion et leur art. D’ailleurs cette petite salle pleine de rencontres fait un peu penser à Welcome to the Ballroom qui présentait aussi un type de danse méconnu et pointé du doigt. Parmi ces rencontres, l’une d’entre elle va mener à une relation progressive et qui finira, je pense, par être fusionnelle. En effet, il y a dans ce titre autant d’importance sur la vieillesse que de difficultés montrées dans la jeunesse à travers le personnage de Lee Chaerok qui doit cumuler les petits boulots pour continuer sa passion. L’auteur dénonce aussi bien l’envie de la famille de sédentariser les personnes âgées pour les protéger, que la galère et l’isolement de certains jeunes qui doivent se débrouiller pour joindre les deux bouts.

Navillera est donc une œuvre ultra complète qui nous présente un sport/art méconnu, mais qui le fait à travers un slice of life social et touchant avec des thèmes forts, importants, qui nous concernent tous. C’est un titre qui va vous embarquer durant votre lecture tant les personnages sont attachants et tant il y a de bonnes paroles. Personnellement j’ai qu’une envie, regarder le drama et lire la suite du webtoon/manhwa pour voir comment toute cette histoire va se terminer car, même s’il y a des moments difficiles, ce titre dégage tant de générosité et de bienveillance, surtout grâce à certains personnages qui font toute la différence.

 

S’habituer à la vieillesse c’est s’habituer à tout. La moitié de notre vie est une succession de choses nouvelles dont la vieillesse nous éloigne ensuite doucement. Vieillir, c’est aussi s’habituer aux adieux.

– Narration

 

Le personnage qui fait toute la différence dans ce titre et que personne ne peut détester, c’est bien Shim DeokChul. Celui-ci est un vieux monsieur de 70 ans qui a toujours tout fait pour que sa famille ait une bonne vie, quitte à sacrifier ses rêves. Pourtant, c’est un homme qui garde au fond de lui ce petit espoir de pouvoir un jour faire du ballet. C’est un grand-père qui a vécu en Russie avant de revenir dans son pays pendant la guerre de Corée, qui a eu une mère malade, un père mort lorsqu’il était jeune, des difficultés à se nourrir et à trouver une vie stable. C’est clairement un monsieur qui a beaucoup souffert et pourtant il n’en a pas fini aigrit. Il a toujours poussé ses enfants à vivre leur passion, à les aider dans leur vie pour qu’ils soient stables et épanouis. C’est un homme généreux qui cherche juste à renouer avec son rêve d’enfant, à l’exaucer avant sa mort et c’est beau. Il est touchant, profondément gentil et serviable avec tout le monde, et clairement, c’est le grand-père dont tout le monde rêve.

Si le grand-père est attachant, je trouve que Lee Chaerok est aussi un personnage touchant à sa manière. Il a un petit air de chien sauvage, cabossé par la vie et qu’il faut apprivoiser. Il a la langue acérée, ne parle pas de ses problèmes alors qu’il est isolé et en difficulté. C’est un personnage qui veut se montrer fort mais qui souffre d’anciennes blessures. Je ne vais pas trop vous en dire parce qu’il faudrait parler de son passé pour mieux le décrire et je préfère vous laisser le découvrir par vous-même.

La relation entre les deux est difficile au départ, non pas parce qu’ils sont tous les deux hostiles à l’autre, mais parce que Chaerok est quelqu’un de compliqué à approcher, souvent agressif et direct, mais toujours dans le respect des anciens étonnamment. D’ailleurs ce respect des anciens se retrouve régulièrement durant le tome ce qui mène parfois à des scènes assez amusantes où le professeur se fait strict avant de se rendre compte que son élève à vingt ans de plus que lui.

Pour parler un peu des dessins, je trouve que les chara-designs changent un peu des webtoons/Manhwa habituels et proposent des petites nouveautés sympathiques dans les expressions des personnages. D’ailleurs je trouve ce titre très complet que ce soit au niveau des tenues, des personnages qui ont tous des têtes bien reconnaissables, que des décors qui sont bien complets. Si parfois l’anatomie et le dessin des muscles me paraît un peu étrange( et encore c’est pour chipoter), on a de nombreuses planches impressionnantes et une perspective bien maîtrisée. La coloration est également agréable avec des ombrages et une lumière respectée. C’est une œuvre au dessin de bon niveau qui ne peut que vous emporter davantage dans l’histoire.

 

En conclusion, Navillera est un titre slice of life, social, qui met à jour des faits familiaux et de société sur la pratique du ballet et qui porte une grande attention au thème de la vieillesse, aux rêves, mais aussi à l’isolement et à la vie difficile des jeunes. C’est un webtoon inspirant avec des personnages attachants et d’autres détestables de par les œillères qu’ils se mettent. C’est une œuvre qui vous motivera, vous emballera et vous poussera à accomplir vos rêves peu importe d’où vous partez. C’est également un titre avec un fort relationnel et des rencontres qui vont changer des vies et il me tarde de découvrir la suite. Navillera plaira aux fans de danse, mais aussi aux personnes qui aiment les mangas aux thèmes sociétaux et profonds comme Entre les lignes ou Blue Flag.

Vous pouvez vous procurer les tomes sur notre site internet ici !

L.

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