L’Éden des Sorcières
Quand
l’égoïsme
humain les
pousse à
chasser ceux
qui pourraient
les sauver
L’Éden des Sorcières est une création originale aux éditions Ki-Oon catégorisée Seinen et créée par Yumeji, dont le premier tome est sorti en Juillet 2021. Le troisième nous arrive pour notre plus grand plaisir en Mai 2022.
Les plantes et les animaux vivaient initialement en harmonie et avec luxuriance. Mais l’arrivée de l’homme a tout détruit. Ces Êtres égoïstes, égocentriques et cruels ne furent pas capables de les comprendre et de coexister avec eux, les massacrant peu à peu. Pour protéger les animaux et punir cette espèce cruelle, les plantes recouvrirent leurs alliés et se retirèrent pour se cacher laissant les Hommes au sort qu’ils méritaient. Ainsi durant des années la terre ne fut plus qu’un vaste désert, mais il existait certains repaires secrets abritant la verdure et les sorcières, des femmes pouvant entendre les Amurds, l’appel des plantes. Malheureusement elles furent la cible de la haine des humains qui crurent qu’elles gardaient cette précieuse nature pour elles.
Pilly a grandit dans un de ces sanctuaires, aux côtés de Taura, une sorcière ancienne et malade. Elle ne parvient cependant pas à développer ses pouvoirs de sorcière et pour l’encourager, Taura lui offre la précieuse graine qui doit la mener un jour à l’Éden, un lieu pour l’élite de leur communauté, où plantes et animaux coexistent en harmonie. Mais son voyage est précipité lorsque des hommes armés s’introduisent dans leur cachette, la poussant à fuir avec Oak, la graine protectrice aux airs de loup mi-animal mi-végétal.
L’Éden des Sorcières est un récit que je trouve vraiment intéressant à lire et qui soulève des points qui pourraient refléter notre réalité, ne serait-ce que pour l’égoïsme de l’Homme qui le pousse à tout détruire pour son propre confort. Nous ne sommes peut-être pas dans un monde fantastique comme celui-ci, mais je trouve qu’on ressemble un peu à ces Êtres imbus de leur personne.
En tout cas, ce manga nous offre un récit passionnant et profond sur la nécessité de choyer la nature et les animaux et d’apprendre à les comprendre pour permettre la survie de tous. C’est également un titre qui prouve la cruauté de l’Homme qui me semble, après la lecture du premier tome, en grande partie bien incapable de changer et de se bonifier. On peut bien remarquer que peu importe à quel point l’être humain se retrouvera au fond du trou, il essaiera toujours de profiter d’un autre pour obtenir un peu de confort. Et c’est d’ailleurs ce qui se passe avec la chasse aux sorcières déjà omniprésente dans ce premier tome. En plus de saccager les cachettes des végétaux, ils brûlent leurs semblables par jalousie, par envie d’obtenir toujours plus. Ainsi, si dans d’autres mangas on a la bataille de l’homme contre la nature, ici on a la cruauté de l’Homme qui s’invente des ennemis et qui n’est pas capable de comprendre sa punition. Je trouve ça plutôt original et j’en viens d’ailleurs à me perdre dans ce que je dis, ce qui prouve que ce manga fait réfléchir tout en divertissant amplement son lectorat.
Il suffit de te regarder pour comprendre pourquoi les Amurds ont abandonné l’humanité ! Tant que vous ne prendrez pas conscience de l’étendue de votre cruauté et de votre arrogance…Aucune chance qu’elles ne vous pardonnent et encore moins qu’elles vous aident !
– Toura
En plus d’être un titre à l’histoire originale et captivante, qui fait réfléchir, L’Éden des Sorcières nous propose un long voyage que l’on suit du point de vue de Pilly et qui nous enseigne, tout comme elle, la cruauté de l’Homme, mais aussi la bonté de certains. Si l’Homme ne semble pas, en grande partie, apprendre de ses erreurs, ne comprenant pas qu’il est en train de détruire le peu de personnes qui peuvent sauver l’humanité, on aperçoit quelques personnes au bond cœur, qui ne sont pas liés aux sorcières mais qui ne souhaitent pas tomber dans l’égoïsme et l’avarice humain. Toutes ces rencontres, ce voyage, me font penser à Kino no Tabi, mais aussi Wandering Witch, où les personnages passent de villes en villes, de pays en pays, et voient des personnages égoïstes, et d’autres plus généreux. J’aurai presque l’impression que Pilly suit un voyage initiatique, guidé par Oak, qui lui permettra d’entrer dans l’Éden après avoir appris toutes les subtilités de l’Homme, mais aussi de la nature, et avoir compris ses pouvoirs et comment les utiliser. Cette recherche d’un endroit précis, aux airs paradisiaques me rappelle également Vinland Saga, même si la thématique n’est pas tout à fait la même.
L’Éden des Sorcières est un récit fantastique qui nous propose des moments d’action à la fois effrayants et qui nous émerveillent grâce au pouvoir des sorcières que l’on souhaiterait voir encore plus par la suite et je pense que ce sera le cas. Plus on va avancer dans l’histoire, plus je pense que Pilly va se rapprocher de Oak, mais qu’elle va aussi apprendre à mieux contrôler son pouvoir. Bien que les pouvoirs aient l’air de tuer et de protéger des vilains humains, ils ont un côté assez féérique et réconfortant dans toute cette cruauté.
Car oui, dans ce tome un vous serrerez les dents et les poings, face à tant de stupidité de la part de l’Homme, de cruauté, et d’effet de groupe néfaste. C’est une histoire où il faut s’accrocher, soutenir l’héroïne et espérer qu’elle s’en sorte. L’atmosphère souvent plombante nous pousse toujours plus loin dans notre lecture, nous happant jusqu’à la dernière page, et l’auteur a su rythmer son titre pour nous donner envie d’en voir plus. À aucun moment je ne me suis ennuyée, ce titre nous faisant voyager, nous émouvant, nous émerveillant et nous poussant à la contemplation de cette nature si fragile et pourtant si prête à tout pour défendre ceux qui coexistent avec elle.
Heureusement, ce titre ne propose pas que du désagréable et de la cruauté, puisqu’une grande partie des personnages que l’on va rencontrer durant notre lecture nous redonnent de l’espoir et sont porteurs d’une certaine bonté.
Pilly tout d’abord, est l’héroïne de ce titre. Elle a peu confiance en elle et ne contrôle pas encore ses pouvoirs comme il faut. Elle est jeune et naïve mais aussi pleine d’espoir. Comme nous, elle découvre la cruauté des Hommes, et pourtant elle arrive à faire confiance à certains d’entre eux, persuadée qu’ils ne sont pas tous mauvais. Et c’est le cas. On se rend bien compte tout comme elle que si l’Homme ne comprend pas les Amurds, ceux-ci ne semblent également pas bien comprendre l’Homme, et qu’avoir condamné toute l’humanité, n’était peut être pas une si bonne chose puisqu’il existe chez les Hommes, des êtres bons de nature. Pilly a probablement la possibilité de sauver l’humanité, mais aussi la Nature, d’être le porte-parole des deux camps, et de défendre les bons humains, tout comme la Nature. Elle est encore jeune et fragile, mais j’ai l’espoir qu’elle se fortifie et s’épanouisse montrant des pouvoirs toujours plus puissants et magnifiques à observer.
Oak, quant à lui, représente bien le point de vue de la Nature. Il est hostile envers ceux qui font le mal, mais protège ceux qu’il juge bons. On voit sa méfiance envers l’Homme et il prouve bien qu’une certaine incompréhension subsiste chez la Nature à propos de l’Homme. On remarque bien qu’il n’a aucune confiance en ces Êtres, bien qu’il a pu observer une partie plus généreuse et protectrice de la Nature. J’espère le voir changer peu à peu de point de vue.
Bowei et Musuk, sont oncle et neveu. On ne fait que les apercevoir, mais ils sont la lueur qui redonne de l’espoir à Pilly. Ils prouvent par leur existence et leurs actes que tous les Hommes ne sont pas mauvais et je pense que Pilly rencontrera encore bien des personnages semblables sur son trajet.
Il me tarde de découvrir plus de personnages dans cette histoire que je trouve captivante, et j’ai l’espoir que ceux-ci parviennent à démontrer à la Nature que tous les Hommes ne sont pas cruels.
L’Éden des Sorcières est un manga également très contemplatif. Le trait de l’auteur, assez gras et encré, propose également une multitude de détails et est reconnaissable entre mille. Vous ne manquerez pas de magnifiques planches à observer, que ce soit pour les plus marquantes, tout comme pour les plus simples. Les chara designs sont très variés et détaillés tout comme les vêtements, de même pour les décors qui sont quasi omniprésents sauf à un endroit où j’ai trouvé que ça faiblissait un peu mais c’est vraiment du chipotage. Un travail monstre a été fait sur ce premier tome pour le rendre le plus beau et contemplatif possible et ça se sent. En plus de ça, si la mise en page des planches est parfois assez simple, elle propose par moment des variantes intéressantes, mettant des personnages en valeur et cassant un peu le côté monotone, le tout, en restant clair et précis. C’est un sans faute d’après moi pour le dessin de l’auteur dont le style détaillé, encré et contemplatif me plaît beaucoup.
Quant à la couverture, le rouge attire l’œil, le dessin est plutôt esthétique et le côté granuleux donne envie de le tenir en main. De même le dos avec l’encadrement du titre en doré rend plutôt bien dans une mangathèque. Attention tout de même à ce genre de couvertures plus cartonnées qui ont tendance à s’abîmer plus facilement.
En conclusion, L’Éden des Sorcières est une création originale réussie, qui change des mangas habituels et nous propose une histoire Dark Fantasy très axée sur la Nature et l’égoïsme de l’Homme. C’est un titre qui nous fait énormément réfléchir, mais qui nous révolte également de toute la cruauté dont est capable l’Être humain. C’est aussi un récit plutôt initiatique, captivant, contemplatif, où on observe l’évolution de Pilly tout au long de son voyage et de sa recherche de l’éden. Ce manga nous donne totalement envie de lire la suite, on se surprend à voyager avec Pilly et à s’émerveiller de ses pouvoirs si beaux et puissants à la fois, notamment grâce à un dessin très détaillé et magnifique à observer, qui n’a rien à envier aux grands Mangakas. Si vous aimez les histoires de Sorcières et le Dark Fantasy, ce manga vous ravira pleinement.
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L.
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