Sidooh
Sidooh est un Seinen de Tsutomu Takahashi. Initialement publié au Japon entre 2005 et 2011, il prend fin au bout de 25 tomes. En France, une première version a été publiée en 2007 par Panini mais abandonnée au bout de 14 volumes. Il faudra attendre 2021 pour que les éditions Panini rééditent la série et en viennent cette fois-ci à bout en 2 ans.
Tsutomu Takahashi est un auteur dont le nom vous parlera peut-être. En effet, il est l’auteur des Sky High, de Blue Heaven, Soul Keeper, Neun ou encore plus récemment, de Jumbo Max.
Dans un Japon chaotique, deux jeunes garçons désormais orphelins se retrouvent livrés à eux-mêmes. Ils vont devoir tout faire pour survivre entre la famine, les voleurs, les trafiquants et tout autant de personnes malveillantes ne souhaitant que tirer du profit, ou du plaisir…
L’histoire nous emmène dans un Japon au beau milieu du 19e siècle, une période où le pays était encore relativement archaïque sous un système féodal instable. En 1854 – 1855, les terribles tremblements de terre d’Ansei causent d’immenses dégâts au pays, à cela s’ajoute les familles décimées par les maladies, dont le choléra qui fait un massacre et qui emporte la mère de Shotaro et Gentaro, nos deux protagonistes. Ils n’ont respectivement que 14 et 10 ans à ce moment-là et se retrouvent seuls, sans vivres ni alliés. Enfin, plus que les vivres et les alliés, le problème viendra surtout de leur jeune âge ainsi que de leurs maigres connaissances.
Sidooh commence réellement en 1855, c’est-à -dire vers la fin de l’ère Edo lors de la reprise du pouvoir par la dynastie Tokugawa. C’est une période fort intéressante et très propice à ce genre de récit.
Le monde de Sidooh est dangereux et chaque personnage rencontré semble porter un masque. L’expression “l’habit ne fait pas le moine” n’a jamais été aussi vraie pour cet univers sombre et impitoyable. Il est intéressant de voir comment Shotaro, l’aîné, souhaite tout porter sur ses épaules et devenir plus fort afin de protéger son petit frère. Bien que ça donne un objectif plutôt habituel (après, ça date de 2005 il faut recontextualiser), la tournure des événements va rapidement rendre la chose passionnante. Car devenir fort ne va pas simplement être une question de force, ici c’est bel et bien un seinen et non pas un shonen “classique”. Le monde ne va pas être tendre avec eux et je dirais même, qu’il n’a déjà pas été avec l’un d’eux.
Dans son combat pour devenir “fort”, ils vont surtout chercher à survivre ! En premier lieu, c’est le plus important, et certainement le plus difficile, entre supercherie et cruauté, ils tombent de Charybde en Scylla et cela n’en finit pas !
Par ailleurs, j’apprécie la manière dont l’auteur nous laisse entrevoir la lumière de l’espoir pendant la première partie du tome, puis l’affaibli au fur et à mesure nous faisant comprendre à la fin du premier volume qu’ils ne sont clairement ni du côté des vainqueurs, ni des forts… Ils sont faibles et à la merci du premier venu qui aperçoit en eux une once d’utilité.
Ceci dit, cette “faiblesse” est loin d’être embêtante, au contraire, elle est plutôt touchante et l’on souhaite qu’ils s’en sortent. Ils ne sont pas entièrement stupides, parfois un peu naïf dû à leur jeune âge mais ce n’est clairement pas les archétypes ennuyants que l’on peut parfois avoir.
Shotaro est un garçon de 14 ans, qui doit s’occuper de son petit frère. Il n’a pas le droit à l’erreur afin de le protéger, pour cela, il se fixe pour but de devenir fort. C’est vraiment l’aîné par excellence qui va vouloir tout prendre sur lui, qui va devoir mentir à son frère afin de le protéger. Malgré ce poids qu’il a sur les épaules, il a toujours ce petit brin de naïveté ou d’espoir qu’une personne lui tende réellement la main…
Gentaro quant à lui est le benjamin âgé de seulement 10 ans. Il est en un sens plus prudent que son frère, ou bien plus peureux, moins courageux mais il garde tout de même son âme d’enfant cherchant protection et tranquillité.
En termes de dessin, Tsutomu Takahashi nous propose un trait intemporel. Le trait est fin avec un style crayonné brut mais pas vilain. Brut, et assez “carré”, droit, que ce soit dans les cheveux ou dans les traits des visages. C’est particulier pour les chara-designs, par contre, cela rend super bien lors des combats où l’auteur profite pleinement de son trait fin et droit.
En conclusion, Sidooh est un manga qui aura bientôt 20 ans et qui malgré son ancienneté ne semble pas souffrir en termes de qualité. Le dessin ne sera pas forcément au goût de tous mais il reste agréable à voir.
Le titre plaira à tous ceux appréciant la dure époque des samouraïs, où la pitié n’était pas dans le langage de tout le monde ! C’est un titre difficile, sombre tantôt choquant, tantôt offusquant mais toujours prenant !
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H.
2 commentaires
Kitano
Je me suis arrêté au tome 10, non pas que je n’aimais pas, maois je voulais attendre l’édition des 25 tomes pour tout lire d’un coup, car l’histoire est très prenante.
Une grose base historique pour ce manga qui parle d’un Japon que nous connaissons peu, enfin juste dans les grandes lignes, alors que s’y est joué un combat d’influence, de batailles, de technologies, d’espoir et de conservation des valeurs. Historiquement, l’auteur joue habilement des grands évènements de l’époque pour donner vie à ses personnages fictifs.
Les dessins sont bons, le scénario plein de tension.
Mon seul bémol est la période historique, assez complexe pour nous occidentaux, entre les clans qui avaient une position officielle mais qui en sous-main aidaient les adversaires à untel, ou ceux qui complotaient contre untel alors qu’ils étaient censés être neutres, sans oublier tous les personnages histoires, un petit lexique de rappel des faits comme dans le manga « kaze no sho » qui traite de la même période n’aurait pas été de refus.
lepasseurlunaire
Le titre est bourré de qualités mais il est vrai que la complexité de la période peut être dure à appréhender.
En tout cas, il reste un très bon titre comme vous l’avez souligné, cela fait plaisir de voir que vous l’avez apprécié.