Kamuya Ride
Kamuya’s
Bizarre
Adventure
Kamuya Ride est un Seinen écrit et dessiné par Masato Hisa. Publié au Japon en 2017, il compte actuellement 5 volumes toujours en cours. En France, nous devons cette série aux éditions Vega Dupuis depuis 2019. La publication vient tout juste de rattraper la parution japonaise.
Le Japon, l’”Ashihara no nakatsukuni” est littéralement le monde entre celui des cieux et celui des souterrains, de la mort. Si cette terre est censée appartenir aux Hommes, une entité tombée du ciel provoque un grand bouleversement et donne naissance aux Kami. Ces divinités ont été scellées par le peuple Yamato mais ce temps est révolu et leur ressentiment est fort…
Kamuya Ride est un titre très particulier qui va parler des mythes japonais d’une façon nouvelle. Oubliez les classiques katanas collant tant au genre et pensez plutôt à Ultraman. Oui rien à voir mais pourtant vous allez voir, on va vite s’en rapprocher.
Afin de mettre un pas dans cette univers, vous allez prendre un croisement important dans lequel un miracle s’est produit, celui de la rencontre de trois personnages centraux au récit qui sont alors des inconnus, aussi bien pour eux, que pour nous lecteurs. Ce détail si insignifiant au premier regard devient finalement quelque chose d’incroyable en seulement quelques pages. À la suite de cette croisée des chemins, la véritable histoire va commencer: Celle des Kami sortis de leur sceau et qui provoquent maints problèmes et du Kamuya Ride, sorte de justicier défendant l’humanité, enfin les japonais, enfin vous voyez.
L’auteur nous fait découvrir un Japon antique en pleine transformation au travers des combats. Un bout d’histoire y est raconté se mêlant parfaitement à l’intrigue et à l’univers, s’échappant du réel. C’est un peu comme le steampunk, une fois le mélange bien fait, on apprécie vraiment le résultat et l’harmonie qui règne entre les deux opposés. Par ailleurs, on pourrait même y voir un peu du fameux “entre tradition et modernité” que l’on retrouve beaucoup au Japon ou en Corée. Non pas seulement par le revêtement que porte le héro qui fait très “armure de super héro”, mais aussi par son panel d’attaques qui comporte des figurines explosives, sachant que le concept même d’explosion devrait sembler encore assez lointain si on essaie de rapporter la chronologie du manga à la nôtre. Malgré ça, eh bien, cela ne choque pas. Disons que l’histoire est tellement étrange que ce genre de détails ne provoque même pas de surprise, on se dit juste que c’est cohérent par rapport aux délires de Masato Hisa qui n’est d’ailleurs pas à son coup d’essai.
La compréhension est quelque chose de finalement presque secondaire, même pour nos personnages. Monko alias Kamuya Ride lui-même ne sait que peu de choses sur ses origines et sur ses pouvoirs, la priorité n’est pas de découvrir la vérité, mais de rendre la terre des Hommes aux humains et de faire repartir les dieux aux cieux. Il en va de même pour Yamato Takeru, un jeune prince qui, malgré la multitude de questions qui l’assaillent, garde la priorité sur le fait de faire ses preuves afin de mériter son nom et de pouvoir garantir sa succession au trône. Bien que petit, il a parfaitement conscience des réalités de la cour et du monde qui l’entoure, mais en dehors de son côté terre à terre, il va accepter l’étrange pouvoir de Kamuya Ride et même s’en approprier une partie, après tout, il ne faut jamais perdre le nord ! Il est un peu comme nous, lecteur, forcé d’accepter le monde tel qu’il est et d’avancer, même si cela n’a pas toujours de sens car le but, lui, reste identique quelle que soit la situation.
“La frontière est là où je me tiens. Le monde des Hommes commence ici. Les Dieux, passez votre chemin !”
– Kamuya Ride.
Une relation particulière va finalement naître des deux qui vont voyager un peu ensemble afin de protéger le pays pour l’un, et de prouver sa valeur pour l’autre.
Si Monko, est très calme et sait faire preuve de recul, Yamato Takeru, aussi connu sous le nom du Prince Ôsu, serait plutôt son contraire. Eh oui, encore un opposé, comme quoi rien n’est vraiment laissé au hasard ici… En effet, Takeru, est plus téméraire, il est obsédé par le fait de se faire un nom et pour cause, la pression de la royauté ne lui laisse pas d’autres choix, le moindre faux pas pourrait lui être fatal et ce, malgré son jeune âge. Malheureusement, cela le pousse à se mettre en danger, parfois inutilement. Il préfère foncer sans réfléchir afin de tout tenter plutôt que prendre du recul pour analyser la situation avant de prendre une décision. Sans Monko il serait déjà mort, il est une sorte de béquille invisible pour lui. Toujours là sans forcément qu’il en ai conscience. Cela le perdra peut-être un jour… Enfin pour l’instant c’est surtout ses vêtements qu’il perd ! Il a une forte tendance à se retrouver à poil, telle une princesse à sauver dans un ecchi…
Je soupçonne l’auteur d’avoir un lien particulier avec les tentacules. Vous verrez à plusieurs reprises un personnage se faire désaper de manière violente et cela finit presque en “yamete tentacule-senpai”. J’admet que cela m’a quelque peu perturbé quand j’ai vu ça, surtout quand un ennemi s’exclame en disant, je cite: “ j’y ai gagné pléthore de machins à enfoncer !”. Vous en faites ce que vous voulez moi je ne dis plus rien !
Toujours est-il que ces multiples oppositions donnent un ton aussi particulier qu’intéressant au manga. Le monde s’oppose à lui-même, les personnages et même leurs chara-designs. C’est avec beaucoup de talent que le mangaka est parvenu à ce résultat en nous offrant constamment des surprises. Les combats, en tout cas dans le premier tome, ont un déroulement on ne peut plus classique il est vrai, vous aurez souvent le droit à, je le bastonne, ah bah non c’est pas si facile, oh un moyen détourné de le contrer, léger power up ou changement de situation bien favorable et hop combat réglé. C’est un grossier schéma que vous pouvez reprendre dans d’innombrables œuvres même en vous éloignant du manga. Ce n’est donc pas les combats en eux-mêmes qui vont directement vous passionner. Par contre, ces derniers amènent généralement leur lot de bonnes surprises. Que ce soit par des planches très sympas qui donnent une atmosphère prenante, ou bien par des petits moments sortant du combat qui peuvent nous faire sourire comme un des personnages se faisant porter comme une princesse tout en rougissant en plein milieu du combat, ou simplement par les Kami qui sont parfois très impressionnants. Une grandeur émanent d’eux, nous faisant réellement comprendre qu’ils ne viennent pas du même monde et que les affronter n’est pas à la portée de tous.
Cette grandeur est notamment amenée par les dessins qui reflètent bien l’œuvre, c’est-à -dire qu’ils sont particuliers. Les visages comportent parfois des irrégularités, les décors sont par moments assez minimalistes, mais à côté de ça, on a des planches incroyables avec des décors pas forcément très détaillés mais qui créent immédiatement une puissante atmosphère. Le chara-design des Kami est tout autant impressionnant, ils en imposent ! Un peu comme dans Twelve Demon Kings où les démons apparaissent de manière impressionnante façon boss par exemple, ou bien Chandra has ou Goodnight World où certains monstres sortent également du lot. Donc après le début qui vous troublera peut-être, c’est en avançant dans les chapitres que vous commencerez à apprécier grandement les dessins qui ont, malgré les apparences, beaucoup à offrir.
Cela se ressent aussi dans la disposition de certaines planches qui sont vraiment mises en valeur par les mots clefs des combats.
Alors oui, Kamuya Ride est étrange, je n’ai cessé de le dire mais c’est une de ses principales caractéristiques mais aussi une de ses principales qualités. En effet, ce manga vous dépaysera fortement et vous sortira de votre confort avant de vous installer sur ce canapé qui n’avait peut-être pas fière allure au premier abord mais qui, finalement, se révèle des plus agréables. Alors certes il n’est pas parfait et certains de ses côtés vous déplairont peut-être. Mais avec ses personnages plutôt attachants, et son intrigue qui réserve beaucoup de surprises et qui nous promet d’apporter au manga un intérêt supplémentaire de suivre leur aventure aussi bizarre puisse-t’elle être ! Et puis, si un certain Jojo’s Bizarre Adventure a si bien plu, pourquoi pas lui ?
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H.
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