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Semaine du Shôjo 2023

Bien le bonjour à tous pour cette semaine du Shôjo organisée par le Club Shôjo !

Cette année, le thème est le suivant : « Le(s) shôjo/josei abordant la condition féminine que vous préférez ».

Thème qui n’est pas évident à traiter notamment dû aux classifications qui placent certains titres dans la ligne éditoriale des seinen et non pas des josei.

Nous avons tout de même sélectionné deux œuvres plus une bonus un peu hors sujet !

 

 

Le premier manga sélectionné est un josei et il s’agit ni plus ni moins de Entre les lignes de Tomoko Yamashita. Une série de la collection Life de chez Kana traduite par Pascale Simon.

Makio Kôdai est une femme vivant seule dans son appartement, autrice de profession, elle ne consacre guère de temps à autre chose qu’à l’écriture lorsqu’un jour, un terrible drame survient. Elle se doit alors d’accueillir au sein de son foyer sa nièce de 15 ans, Asa Takumi, et est obligée de totalement réorganiser son quotidien. Malgré son air de femme forte, elle sera sujette au doute et à l’angoisse d’un changement qui la dépasse en partie…

Nous avions réalisé une critique de celui-ci que vous pourrez retrouver juste ici, et celui-ci nous avait tapé dans l’œil. Tomoko Yamashita nous propose un récit se penchant sur la psychologie de ses personnages.

En effet, on se concentre au début de l’histoire sur deux personnages, Makio Kôdai et Asa Takumi.

La première est une adulte vivant seule, son quotidien est bien entendu organisé selon ce fait. De par son activité d’autrice, elle ne prend aucunement le temps de se concentrer sur elle-même.

Asa, cette adolescente désorientée après avoir perdu son foyer, va prendre une grande part dans le petit appartement de Makio. Cette arrivée soudaine va pousser Makio à la réflexion et va lui faire prendre un peu de recul sur sa vie.

Entre les lignes est une œuvre qui traite différents aspects de la femme dont deux dont je souhaiterais parler ici. Les deux sont quelque peu liés, vous allez voir.

Le premier concerne le célibat, le fait de vivre seul. La solitude est l’une des thématiques importantes de l’œuvre et elle vient directement soulever des questions sur la condition féminine.

En effet, le Japon change peu à peu sa philosophie de vie de famille mais la notion de famille avec un couple homme – femme et enfant(s) reste tout de même bien ancrée.

Makio Kôdai représente en un sens la femme indépendante du 21e siècles, affranchie des anciennes “traditions”. Elle n’est en aucun cas un modèle, elle est simplement une femme voulant vivre selon ses envies et à sa façon.

Le second, qui, comme je vous le disais plus haut, va être relié au premier, c’est la pression sociale liée à la parenté.

Makio Kôdai a 35 ans, en somme, c’est dans la pensée collective, parmi les dernières années pour avoir sereinement un enfant. Sauf qu’elle, c’est pas du tout dans ses projets. Elle semble apprécier sa vie actuelle et l’autonomie d’Asa qui a besoin de soutien psychologique certes, mais qui est capable de se gérer elle-même.

On s’éloigne donc du cliché de la femme qui souhaite à tout prix avoir un voire des enfants. Femme libre, jusqu’au bout donc !

Le second manga sélectionné est Nos différences enlacées ! En l’occurrence c’est un Yuri de Mikanuji de chez Meian.

Lui aussi avait bénéficié d’une critique chez nous.

Iori Tanaka est une jeune employée qui vit mal sa vie personnelle. Elle a des difficultés à avoir une relation solide et ne vit finalement que pour son travail, à son grand regret.

Toutefois, après un énième échec amoureux, elle finit par picoler dans un bar qu’elle a l’habitude de fréquenter et se dévoile à une serveuse un peu plus jeune du nom de Minami Sendô.

De là commence une histoire d’amour atypique entre deux opposés…

Et ce n’est pas le seul “couple” de l’œuvre. En effet, Nos différences enlacées voit son nombre de personnages augmenter au fil des tomes et des chapitres. Chacun d’eux est unique en tout point et est surtout systématiquement composé d’opposés.

Ces relations sont correctement développées et sont agréables à suivre. Elles permettent également de parler de faits de société et notamment, *roulement de tambour*, de la condition féminine !

En effet, ces femmes ont des âges assez différents, certaines sont adultes et d’ores et déjà dans la vie active, d’autres sont encore au lycée… Et cela permet d’avoir un multi point de vue varié et intéressant.

 

 

On peut observer la façon dont chacune voit les choses et de quelle manière elles vivent cela. En outre, elles ont également des situations personnelles bien différentes.

Iori Tanaka est une employée de 28 ans à qui l’amour ne réussit pas. Ses relations ne durent jamais plus d’un soir à son grand désarroi. De plus, elle qui a échappé à la place de femme au foyer ne vit finalement plus que pour le travail.

Quant à Minami Sendô, elle qui a vécu une partie de son adolescence dans un centre pour mineurs, la “normalité” est un concept qui lui semble lointain. Bien qu’elle ait un travail, son “intégration” au sein de la société est un autre sujet. En effet, son look détonne par rapport à la majorité ; piercings, tatouages dans un pays où ceux-ci peuvent être très mal vus. On peut dire qu’elle se situe en dehors des cases de la société.

Nous avons donc d’une part une personne bien intégrée qui ressent la pression de la société japonaise sur la vie de couple, et d’une autre part, une jeune femme qui, elle, n’est à contrario pas du tout intégrée et qui n’a pas vraiment l’air de se soucier du regard des autres.

Avec ces deux œuvres, on se rend bien compte que la condition féminine est principalement traitée au travers du travail, de la vie de famille ainsi qu’entre autre, de l’apparence. La femme moderne passe d’une position de femme au foyer à femme qui travaille, qui travaille même énormément au point de ne plus avoir de vie famille. Ce changement au point professionnel amène à d’autres altérations. Comme il y a moins de vie de famille, il y a également moins de possibilités de rencontres, ce qui amène à un célibat prolongé et à une vie plus solitaire. Par écho, cela réduit la probabilité de tomber enceinte et de fonder une famille.

On casse donc l’ancienne vision de la vie de famille japonaise “classique” pour une vision plus moderne où la femme est libre, indépendante et où la femme n’est plus cantonnée à un rôle en particulier.

Cela nous permet une magnifique transition sur un hors sujet : Wombs !

 

 

Titre de Yumiko Shirai des éditions Akata. C’est un manga SF qui offre un univers singulier où le corps de la femme est utilisé en tant “”qu’arme””. En effet, dans ce manga, les femmes partent en guerre dans des mondes uniques, dangereux et perturbants. Cependant, si ce sont elles qui partent au combat et pas les hommes, ce n’est pas anodin. Leur utérus est utilisé de manière à obtenir une certaine technologie…

Je ne vous en dis pas plus car ce n’est pas le sujet mais le titre dépeint un univers bien plus sombre où la condition féminine se résume à son corps et non à son esprit. C’est plus dystopique mais toutefois intéressant car la psychologie des personnages va également être abordée.

Mention spéciale également à l’autrice Akane Torikai dont vous avez certainement entendu parler.

Cette autrice dépeint de manière très intéressantes et parfois choquantes la condition de la femme. On peut la retrouver sous toutes ses formes et c’est certainement une des autrices que l’on retrouve en France qui s’approche le plus de la thématique de cette semaine du Shôjo.

Et c’est sur ces derniers mots que nous mettons fin à notre deuxième participation à la semaine du Shôjo.

On espère que cet article vous aura plus et on vous invite à regarder également le travail des autres participants :