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Boys Run the Riot

La mode street

créée par

des lycéens

Boys Run the Riot est un Seinen de Keito Gaku, publié en 2020 au Japon et terminé en 4 volumes. Le premier tome nous arrive chez Akata en Mars 2022.

 

 

Ryo Watari est une personne qui est née femme mais qui se perçoit homme. Il se sent donc mal dans ce corps et ne supporte plus qu’on essaie de lui imposer son sexe. Vivant dans l’angoisse permanente de sa transidentité et devant toujours faire attention à ses gestes, il ne se sent lui-même que lorsqu’il revêt ses tenues de garçon préférées. Mais sa vie cachée et angoissante va être bousculée par l’arrivée de Jin Sato dans sa classe, un redoublant qui se démarque et qui n’hésitera pas à l’aborder pour créer avec lui sa marque de vêtement.

 

Tout d’abord, je suis désolée si je n’utilise pas les bons termes ou que je me mélange les pinceaux en en parlant, ce n’est pas du tout voulu et sera uniquement à cause de ma non connaissance du sujet. Je considère que tout le monde est libre d’aimer qui il veut et d’être ce qu’il veut et que personne ne devrait nous dicter ce qu’on doit être pour une question de sexe ou de case dans la société.

Retournons maintenant dans le vif du sujet. Vous l’aurez compris, on est dans un titre qui dénonce des sentiments complexes et actuels de notre société où la question du corps, de l’appartenance et de ce qu’on est sont souvent au cœur des débats. On aurait pu être dans un titre sombre, négatif, qui dénonce dans la souffrance, mais j’ai été surprise de voir que l’histoire était bien plus positive que ce à quoi je m’attendais, et notamment par la présence du personnage de Jin qui apporte un œil très ouvert et positif sur des sujets qui sont considérés comme complexes dans la société, et notamment au Japon qui est un pays qui aime bien mettre chaque citoyen dans une petite case de normalité. Souvent les mangas qui traitent de thèmes qui sortent de l’ordinaire, qui ne sont pas acceptés dans telle ou telle société, sont lourds à lire et déprimants, mais ici ce n’est pas du tout le cas. On a certes Ryo, le personnage principal, qui se sent homme, mais on a également tout plein d’autres personnages avec d’autres problèmes, qui sortent des cases de la société, qui ont leur soucis et qui vont essayer de le régler. Cela me fait penser un peu à Éclat(s) d’Âme qui possédait énormément de personnages avec chacun leur problème et leur débat intérieur à régler, et je pense que comme dans Éclat(s) d’Âme chaque personnage va régler son problème au fil des tomes.

De ce fait, on se retrouve avec un premier tome en plusieurs parties: La première c’est celle qui nous présente Ryo, son problème, ses difficultés, et on peut dire qu’il a déjà fait un grand pas en avant dans ce premier volume avec l’aide de Jin qui lui apprend à penser et à se voir différemment. Ainsi, on a ensuite une deuxième partie de tome qui va se concentrer sur le vif de l’histoire: la création d’une marque de vêtement, mais également l’apparition de nouveaux personnages qui ont eux aussi leur problème comme avec Itsuka Todo, un lycéen qui souhaite devenir photographe mais qui a peur de sortir de la normalité. Son cas va aussi être pas mal traité dans ce tome mais je vous laisserai le découvrir.

On a donc un tome qui dénonce la difficulté que peuvent avoir certaines personnes qui ne rentrent pas dans les cases de la société et ici en l’occurrence, des adolescents, mais le tout mélangé à un autre thème plus léger: la création d’une marque de vêtement faite par des lycéens. C’est un peu Shine, mais version street et qui dénonce d’autres thèmes. Personnellement, j’ai vraiment apprécié le fait qu’on allège un peu le sujet par l’apparition d’autres éléments, et non pas qu’on dramatise et qu’on fasse juste souffrir le personnage car certes, il y a de vrais témoignages tristes, révoltants, mais je pense que montrer le point de vue d’une personne qui s’en sort et qui vit avec plus d’optimisme peut aussi faire bouger les mentalités. En tout cas, c’est un titre accessible qui explique très bien et qui se veut également très divertissant.

Je ne me suis pas du tout ennuyée en le lisant, j’ai même beaucoup aimé et j’ai hâte de voir comment les personnages vont avancer par la suite, que ce soit dans leur quête d’eux même que dans leur marque de vêtement. On est, d’après moi, sur un titre qui dénonce, mais qui mêle le tout à d’autres sujets pour mieux faire passer son message. Ici, la marque de vêtement n’est pas un hasard. Les vêtements streets sont souvent portés par des jeunes ou des personnes qui aiment être en dehors des cases de la société, et ce que vont créer Jin et Ryo va probablement leur permettre d’extérioriser leur mal être et de dire aux autres ce qu’ils sont vraiment. Vous verrez que le premier tee-shirt n’a pas un motif inventé par hasard, mais qu’il est bien réfléchi et exprime les sentiments de notre personnage principal et son avancement dans sa réflexion personnelle.

Le scénario est donc bien plus intéressant encore que ce à quoi je m’attendais, et promet une histoire riche en évolutions de personnages, en dénonciations, mais également en mode et en relations amicales.

 

Je déteste mon uniforme. Il est trop serré, chiant à mettre, trop chaud en été, trop froid en hiver…Mais la principale raison…C’est qu’il me rappelle qu’au yeux des autres, je suis une fille.

– Ryo

 

On aperçoit déjà énormément de personnages rien que dans ce premier volume, des touchants, des détestables mais également certains qu’on a du mal à définir et qui nous donnent envie de lire la suite pour apprendre à les connaître. Je vais cependant m’attarder sur notre duo principal et vous laisserai découvrir notamment Itsuka Todo par vous-même.

Ryoko Watari, ou plutôt Ryo Watari est un lycéen possédant un corps de femme mais qui se sent homme. Il nous est présenté au début comme quelqu’un qui souffre vraiment de sa situation, toujours angoissé, vérifiant tous ses faits et gestes et commettant des gaffes sans le vouloir. On voit bien qu’il a souffert de sa situation et qu’il ne veut plus que ça se reproduise et on sent qu’il est vraiment refermé sur lui-même au début du titre. Cependant, c’est un personnage qui a besoin d’extérioriser ses sentiments. Au fond, il est un homme qui veut traîner avec des garçons sans être jugé, s’habiller comme il veut et faire sa vie comme il le sent, et l’apparition de Jin va commencer à le changer. On a déjà une énorme progression de sa part dans le premier tome. On passe d’un personnage qui ment aux autres et à soi-même, à un personnage qui apprend à s’assumer et à se moquer du regard des autres, même si pour le moment cela semble toujours le mettre hors de lui.

Jin Sato lui, est un lycéen qui a redoublé. Il a des airs de délinquant mais est bien plus amical que ce qu’on pense. Il est extraverti et semble toujours joyeux mais n’hésitera pas à protéger ceux qui souffrent. C’est un bon gars, très ouvert et ambitieux mais également plutôt mystérieux. Pour le moment on s’est toujours centré sur les autres personnages et lui paraît ne pas avoir de problèmes, pourtant, je pense que s’il a redoublé c’est bien pour une bonne raison non? Je me demande si on finira par en apprendre plus sur lui et si lui aussi possède une souffrance en lui qu’il cache.

En tout cas j’aime beaucoup le fait qu’on se dirige plus sur de l’amitié dans cette histoire que de l’amour entre les personnages, cela change un peu des scénarios habituels et nous offre une belle vue sur la création d’une amitié forte et solide.

Pour ce qui est des dessins, les chara-designs me rappellent un peu ceux du style de Beck mais dans un univers plus actuel. Je trouve parfois les visages pas très bien proportionnés mais le style est bien remarquable parmi d’autres. Les expressions sur les visages sont par contre très bien représentées et permettent vraiment de se mettre dans l’ambiance du titre et d’être emporté par celui-ci.

La découpe des planches est assez classique mais possède pas mal de grandes cases qui nous permettent de ressentir toute la puissance des sentiments des personnages, mais également de créer des scènes impressionnantes, d’autant que toutes les cases sont décorées et encrées comme il faut ce qui rend le titre très beau à regarder.

En ce qui concerne la couverture française, on a un logo qui fait très street art et qui rend plutôt bien. J’aime beaucoup l’impression de dualité qu’on aperçoit chez les personnages entre leur tenue de lycéen et leur tenue en dehors des cours. La couverture est bien complète, joliment dessinée et attire bien l’attention.

 

En conclusion, Boys Run the Riot est un titre qui dénonce le mal être de jeunes personnes qui ne rentrent pas dans les cases de la société. On commence par la transidentité de Ryo, mais on découvre rapidement les problèmes d’autres personnages qui sont bien différents et qui vont probablement se régler au fil du titre. On est sur des sujets sérieux, mais l’auteur ne se focus pas uniquement dessus, créant un aspect plus léger par la création d’une marque de vêtement qui nous emballe autant que les personnages, mais qui est d’après moi un moyen pour eux d’extérioriser ce qu’ils ne parviennent pas toujours à dire. C’est un titre qui traite de sujets sérieux, douloureux, mais avec des personnages plus optimistes et qui décident de se lever et de se battre pour être ce qu’ils souhaitent et, en vérité, c’est un manga qui motive vraiment et qui nous fait nous sentir plus fort. Je pense qu’on a cependant une pointe de mystère chez certains personnages et j’ai hâte de lire la suite pour en apprendre plus sur eux, surtout que les dessins sont vraiment complets et parfois impressionnants, transmettant parfaitement bien toute la puissance des sentiments que ressentent les protagonistes. Boys Run the Riot est un titre court en quatre tomes qui commence très bien et que je conseille à tous ceux qui aiment les œuvres engagées avec des personnages plus optimistes et qui se battent pour être qui ils veulent.

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L.

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