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No Longer Rangers

Plus c’est gros,

plus ça passe !

 

No Longer Rangers est un Shônen de Negi Haruba, l’auteur de The Quintessential Quintuplet. Publié au Japon en 2021, il compte actuellement 4 volumes en cours. Et c’est peu de temps après, en Juin 2022 que nous le voyons paraître chez les éditions Pika.

 

Il y a treize ans, l’armée maléfique a débarqué sur Terre avec son château flottant, surplombant la ville et menaçant l’humanité. Il n’aura fallu qu’une seule année pour que les héros, les 5 Dragon Keepers y mettent un terme, enfin pas tout à fait. Les méchants ne sont plus ce qu’ils étaient, ce sont désormais des bêtes de foire que les Dragon Keepers s’amusent à battre tous les dimanches sous les yeux ébahis du public. Succès garanti ! Jusqu’au jour où l’un des fantassins de l’armée maléfique se retrouve en burn-out. Se faire humilier de la sorte pendant 12 ans dans le seul espoir de vivre, cela n’est plus possible pour lui, il va donc décider de faire changer les choses…

 

Les méchants ne sont pas toujours ceux désignés d’office comme tel. Si cela fut un temps la vérité, nous sommes désormais loin du combat manichéen. Les méchants n’ont plus la volonté de se battre, il ne leur reste rien, rien d’autre que des branlées à se prendre une fois par semaine pour contenter une foule qui se délecte de cette violence comme à l’époque des gladiateurs. Une seule chose compte, la victoire des héros, le triomphe du bien -et les billets imprimés en masse plus vite que dans la Casa de Papel-.

Le côté parodique ne vient pas vraiment de l’humour, en effet si ce n’est pas absent de la série, certains passages vous feront même plus que sourire, on parodie surtout la bienveillance des héros qui se battent uniquement pour la paix et la justice. Bien loin des préjugés habituels, No Longer Rangers, vous propose un récit plus nuancé où le profit a toute sa place, où le camp des gentils n’est pas constitué que de bonnes personnes et où les méchants ne sont pas tous foncièrement méchants.

Et vous savez quoi ? Pour l’instant c’est vraiment sympa à lire. L’histoire et les enjeux sont intéressants. Le fait de suivre les deux points de vues est cool, pour le moment on se concentre sur l’un des méchants mais on voit déjà plusieurs éléments qui piquent la curiosité. La méthode utilisée pour mettre fin à la mascarade des Dragon Keepers n’est pas très inattendue mais un mystère plane autour d’un personnage et c’est à mon avis là que va se cacher toute la subtilité du titre. J’imagine l’histoire se complexifier un peu plus, tout en croisant les doigts pour être surpris, car pour l’instant, cela pourrait se révéler un poil trop prévisible et manquer un peu de punch. Ceci dit, j’ai plutôt confiance pour la suite.

Ceci ne devrait toutefois pas vraiment changer un autre défaut de l’œuvre à mon goût, les personnages. Alors attention pas tous, mais je trouve que certains manquent de finesse et là où le récit casse le côté  manichéen, certains personnages le sont bien trop. Je pense notamment à un homme de l’unité de Rouge, il est le cliché typique du conn*** qui fait pourtant partie de l’équipe des gentils. Alors oui, ça nous montre bien que tous les “gentils” ne le sont pas, mais franchement, ce n’était pas vraiment nécessaire, rien que les 5 Dragon Keepers étaient suffisants pour qu’on le comprenne, pas besoin de nous faire un dessin montrant une méchanceté exagérée. Ceci dit, on pourrait interpréter ça de manière différente. On pourrait se dire que cette méchanceté provient du fait que la violence commise sur l’armée maléfique a causé un manque d’empathie, une haine profonde sans grand sens et que désormais cette violence tolérée, acceptée, adoptée même, fait désormais partie du quotidien des plus grands, comme des plus jeunes. Ne pardonnez pas à l’ennemi, anéantissez-le, c’est tout ce qu’il mérite. C’est le message que l’on pourrait comprendre en voyant ce “spectacle” chaque dimanche.

 

Je ne vais pas vous raconter beaucoup de choses sur les personnages,  d’abord parce qu’on en sait presque rien, et la deuxième raison c’est qu’il faudrait assez vite déborder sur du spoil et ça, je préfère éviter.

Ceci dit, un mot sur le Keepers Rouge Sosei Akabane, c’est celui qui est le plus mis en avant, c’est le classique, le rouge c’est la star. Il joue parfaitement son rôle, il est d’une apparence impeccable tel un idol, son côté charmeur fait des ravages auprès des filles et des caméras bien évidemment. Il paraît droit, bon, mais on le retrouve dans l’ombre avec son côté froid, manipulateur, hautain. Il sera sans doute très intéressant à développer plus tard.

Yumeko Suzukiri, est sans doute la plus intrigante. Elle fait partie des Jaunes, et elle aussi joue un double rôle, à sa manière… Tout comme Sosei, elle est une actrice et une manipulatrice hors-pair. Elle possède une place capitale au sein de la série et j’espère que cela va continuer de s’étoffer !

Bien sûr il n’y a pas qu’eux deux, mais je préfère ne pas m’étaler afin d’éviter tout spoil !

 

« Vous n’êtes pas les stars du spectacle… Contente-toi de perdre sans rien dire ! Et fais-moi le plaisir de rester à ta place, dorénavant ! »

– Red Keepers, Sosei Akabae.

 

Enfin, au niveau du dessin, rien de spécialement surprenant. C’est beau, mais rien de virevoltant non plus. Les chara-designs sont beaux, ils maîtrisent le sujet il n’y a pas de soucis là-dessus. Les combats quant à eux ne sont pas hyper captivants. Autant certaines planches dans ces moments sortent du lot et sont clairement impressionnantes, autant l’action n’est pas aussi belle je trouve. Il n’est cependant pas impossible que l’auteur progresse sur ce plan là.

 

No Longer Rangers est un manga complet, il est à la fois comique et dramatique. Il mêle des réflexions sans les pousser trop loin afin de garder une expérience de lecture fluide et agréable. Ses personnages variés aux ambitions différentes ne demandent qu’une chose, continuer d’être développés aussi bien du côté des gentils que des méchants, qui s’entremêlent tous deux. Cette mince frontière qui devient de plus en plus floue au fil du tome est très efficace et nous pousse à poursuivre notre lecture.

Une note sur l’auteur, je trouve qu’il prend un risque avec une série qui change de ce qu’il a déjà réalisé auparavant et qui tranche largement avec son dernier succès, The Quintessential Quintuplets. Beaucoup d’auteurs restent dans leur zone de confort et nous proposent des séries parfois semblables les unes des autres, ici cela est très loin d’être le cas et c’est fort appréciable.

Si vous aimez le sentai (l’origine des rangers occidentaux) mais sous une forme plus parodique, il y a également un titre chez les éditions Akata, Fullmetal Knights Chevalion, qui raconte ce qu’il se passe pour les héros lorsque leur combat est terminé. C’est bien différent mais au moins on s’éloigne également du sentai traditionnel.

No Longer Rangers est une bonne lecture qui demande d’être approfondie pour être vraiment appréciée. Je suis curieux de la suite et j’espère qu’elle saura anéantir mes craintes.

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H.

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