Magica

Magica est un Seinen de Yuzuko Hoshimi publié au Japon depuis 2019 où il comporte 2 volumes en cours. En France, Meian nous propose une belle édition depuis début 2022 et c’est en Décembre 2022 qu’arrive le second volume.

 

Il existe un magicien qui ne possède qu’une seule magie: celle de créer une gemme au moment où la vie brille le plus fort. Celui-ci assiste, observateur, aux développement des différents mondes. Suivons-le dans les différentes histoires et contes dont il est le témoin.

Magica, c’est un recueil de contes/d’histoires se déroulant dans différents mondes, sous la forme de livres dans le livre. En effet, on suit les histoires racontées par Magica à Boku, probablement écrites ou ramenées par le magicien (je suis pas sûre de bien avoir tout compris), renfermant à chaque fois le plus bel éclat d’une vie.

C’est un manga surnaturel et fantastique où on a l’impression qu’on nous raconte des histoires, des contes, qui se terminent rarement bien, ou qui possèdent des thèmes bien durs comme la guerre, la dystopie camouflée en utopie, l’inégalité, l’environnement. C’est un recueil d’histoires courtes qui fait un peu conte de l’ancien temps. On est bien loin des contes de nos jours où tout se finit bien. Ici on est plus dans des contes d’antan ou des contes pour adultes avec des morales qu’il va falloir déceler au fil de notre lecture. C’est super intéressant et on ne s’ennuie jamais car tout comme dans des recueils comme Le Jardin des Illusions, on découvre plein d’histoires qui n’ont rien à voir les unes avec les autres, ici avec pour seul lien, ce magicien qui visite les mondes.

Ce magicien me fait d’ailleurs penser à Wandering witch ou à Kino no Tabi, qui présentent des personnages qui voyagent et observent des pays bien différents, et qui ne sont que des témoins externes des us et coutumes, des problèmes des lieux qu’ils visitent. Le magicien fait le lien entre les différentes histoires mais il n’apparaît toujours que très brièvement sans intervenir pour changer le cours des choses. Tout comme nous, il est observateur des événements qui se déroulent sous ses yeux et ne peut pas agir pour les empêcher d’arriver, souhaitant capter le cristal le plus pur.

On a donc un manga où on peut passer au-dessus de beaucoup de significations si on ne réfléchit pas tout au long de notre lecture. C’est un titre qui fait réfléchir, qui stimule, bien qu’étrange par des contes souvent déroutants comme celui où on mange des sirènes par exemple. C’est aussi une œuvre qui peut se lire en ratant des hypothèses, on peut totalement l’apprécier en le lisant juste comme ça, et vous aurez forcément votre histoire favorie dans le tas. Personnellement j’ai un petit faible pour Une Utopie Maléfique qui nous présente clairement une dystopie qu’on aurait pu retrouver dans un épisode de Black Mirror.

Magica est un titre qui est également ultra poétique, c’est un ovni dans le manga de par son dessin et la manière dont ses histoires sont construites, ça me fait bizarrement penser à Veil que j’avais aussi trouvé être un ovni dans le monde du manga. Chaque conte a son aspect poétique et c’est beau à voir en plus de véhiculer des impressions de mélancolie et de nostalgie. On a la sensation de retomber en enfance en lisant ce manga rempli de contes, et tous sont touchants d’une manière ou d’une autre.

C’est un manga riche en émotions, qui se lit très bien et qui a l’avantage de pouvoir être commencé par n’importe quelle histoire. Si une histoire ne vous plaît pas vous pouvez passer à une autre, quoi qu’elles ne sont jamais très longues et pourtant toujours complètes et touchantes à la fin. Tout est rythmé comme il faut à aucun moment on ne s’ennuie et on dévore les pages les unes après les autres. Je me demande cependant si on finira par apprendre à connaître ce magicien car il laisse énormément de mystère sur lui et sur le magica.

 

Il était une fois un beau magicien…Sa chevelure était telle une nébuleuse étincelante…Ses prunelles étaient remplies d’étoiles…Il était d’une grande gentillesse et son cœur était un véritable joyau.

– Narration

 

Il est difficile de parler des personnages de Magica puisqu’ils changent tout le temps. C’est pourquoi, je ne parlerais que des deux qui m’ont le plus marqué, sans trop en dire non plus car toute la magie de ce manga est de découvrir les histoires par soi-même.

On a tout d’abord Ruki. Ruki est une jeune fille qui attend ses dix-huit ans pour effectuer un événement que seuls les adultes de son pays peuvent faire. Cependant, elle va faire une rencontre qui va la changer. Elle va se rapprocher de cette personne, s’attacher à elle, et la vision de son pays va en être faussée au point qu’elle va se rendre compte que tout n’est pas tout beau et parfait chez elle. Sa vie se transforme vite en cauchemar et l’innocence disparaît. C’est un personnage que j’ai trouvé intelligent et qui n’a juste pas eu de chance et qui doit maintenant en vivre changée. Les erreurs des autres et ce dans quoi elle se voyait ont déteint sur elle au point qu’elle en soit maudite au lieu d’en être sauvée. Car oui, seule la mort aurait pu la libérer de ce fardeau. Son histoire est touchante, triste, horrifiante et part si vite en climax qu’on ne peut que se prendre d’affection pour elle.

Ensuite, il y a Pochi. Pochi survit plus qu’il ne vit. Sa vie n’a jamais été facile mais comme à chaque fois dans Magica, tout est une question de rencontre qui va changer la vie d’une personne. Pochi, malgré ses actes barbares, est un homme au grand cœur, et c’est son amour qui va permettre au monde de renaître de ses cendres. Il vient d’une histoire qui finit bien, mais pas pour ceux qu’on pensait, si bien qu’on en ressort tristes mais touchés.

En parlant de ces deux personnages qui viennent de deux histoires totalement différentes, je me rends compte qu’on retrouve toujours un schéma semblable dans Magica. On a toujours un monde qui nous est dépeint, une personne qui vit dans ce monde, et une rencontre qui va tout bouleverser, que ce soit en bien ou en mal. Mais finalement, cette composition semblable n’est pas si dérangeante je trouve puisque je ne m’en rend compte que maintenant. Et puis chaque histoire est toujours si différente qu’on n’y fait pas attention.

Enfin, en ce qui concerne les dessins, Magica est comme je l’ai déjà dit un ovni. Des chara-designs uniques, des décors ultra présents, une mise en scène poétique et détaillée et une coloration qui nous met dans l’ambiance car, oui, Magica est entièrement en couleurs et c’est magnifique à l’œil. Franchement, c’est une pépite à tenir en main et un livre totalement photographiable aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur.

Meian nous propose en effet une édition magnifique qui nous fait vraiment penser à un livre de contes avec une couverture dure, des dorures qui brillent et ajoutent un granulé agréable en main, du papier de qualité. Tout est beau et tout sert à bien vendre ce titre si particulier.

 

Magica c’est donc des livres dans un livre. Un recueil de contes avec pour seul lien le magicien et les personnes qui le lisent. Nous sommes tous observateurs des contes qui s’y déroulent et ceux-ci se terminent rarement bien. Chaque vie change par une rencontre et leur destin en est toujours chamboulé. C’est un manga bien rythmé, fantastique, original, parfois un peu étrange avec des morales bien cachées, qui fait réfléchir. Vous aurez forcément une histoire qui vous touchera plus que les autres. C’est une œuvre poétique qui fait voyager, qui nous laisse un sentiment de nostalgie et qui est trouvable dans un format magnifique et complet dont il me tarde de découvrir le second volume.

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L.