Birdmen
Petit oiseau si tu
n’as pas d’ailes…
Birdmen est un Shônen écrit et dessiné par Yellow Tanabe. Il existe 16 tomes au total au Japon qui ont été publiés de 2013 à 2020. Quant à nous, c’est à l’année où s’est terminé sa parution que nous avons commencé la publication avec déjà 7 tomes au compteur aux éditions Vega-Dupuis.
Une légende urbaine tourne de plus en plus et est dans toutes les bouches, celle d’un homme-oiseau qui surplombe la ville aidant les personnes en danger. On dit même que le voir porterait chance. Mais cette chance peut-elle vraiment venir sans contrepartie ? Échapper à un tragique destin enlève-t-il la possibilité que le futur s’acharne à nouveau ?
En tout cas, c’est dans une histoire particulière qu’on se lance ! Si le personnage de la couverture est plutôt classe, le protagoniste au début du tome n’est pas vraiment à son effigie. On parle d’une personne malpolie, aigrie, méchante, enfin disons qu’il varie de L en Kira dans Death Note. D’ailleurs, il me fait un poil penser au protagoniste de Que sa volonté soit faite, non pas pour m’en déplaire en fait.
Toutefois, on est relativement loin de l’archétype du héro, et ce tout au long du tome, comme le dit si bien l’expression, chasse le naturel, il revient au galop. Et malgré son attitude peu appréciable, il a un ami très gentil mais avec un physique qui lui fait malheureusement défaut puisqu’il paraît être une brute alors que c’est un nounours !
On va donc découvrir un peu leur quotidien et surtout leur vision des choses sur la vie, l’injustice, et tout ça de manière très subjective. Le but n’étant pas donner une leçon, en tout cas pas déjà dans ce premier tome.
“Le monde est injuste. Ceux qui ont tout… ont tout ; sans faire d’effort. Et ceux qui n’ont rien ont beau faire des efforts… ils n’ont pas grand chose au final. »
– Karasuma Eishi.
Cette vision subjective de la vie de la part d’un adolescent en marge de ses camarades est super intéressante, à vrai dire, là où j’ai failli voir ça comme un défaut, j’en tire finalement quelque chose de positif. Ici, pas de place pour des discours moralisateurs sans réels fonds, et bien que la légende urbaine soit pour le moins surnaturelle, les personnages, eux, se voient plus terre à terre dans ce début. Il n’y a pas de faux-semblants, et on ressent l’individualité au sein de chaque personnage, que ce soit tout simplement par le fait qu’ils ne soient pas très entourés socialement, ou bien par leur caractère qui fait qu’ils vont, d’une part, avoir tendance à cacher des choses sur eux, mais aussi penser beaucoup plus à eux-mêmes plutôt qu’aux autres. C’est égoïste, mais surtout naturel je trouve. Chacun veut vivre sa vie, veut être heureux, et le pronom “je” est très présent pour appuyer ce point. D’une certaine façon on pourrait dire que ça nous fait une belle jambe si ton voisin est heureux alors que toi non. Et s’ils veulent voir l’homme-oiseau pour avoir de la “chance”, c’est bel et bien pour eux et pas pour la partager avec quelqu’un d’autre, en tout cas pas directement.
Pour moi ce point-là est une force de l’œuvre qui met en avant une individualité habituellement mal vue, voire carrément reniée par des concepts utopiques où tout le monde doit être heureux et où le pouvoir de l’amitié peut tout accomplir. Toutefois, ça ne veut pas dire qu’aucune amitié ne peut naître. Qui plus est, une sorte de feeling naturel s’est formé entre quatre personnages que vous découvrirez tout au long du tome. Ils sont tous assez différents mais leur relation paraît cohérente et se fait toute seule, rendant l’avancé au cours du tome très fluide.
Pour en revenir à l’amitié, ça passe aussi par l’amitié entre les sexes opposés, et on nous rappelle sans difficulté qu’ils sont encore jeunes et que la seule fille du groupe de quatre suscite forcément l’intérêt d’au moins deux d’entre eux. Et même s’il est difficile d’oublier le fait qu’ils soient célibataires, ça ne tourne pas en ecchi, y’a pas de blagues salaces ou autre, simplement un intérêt naturel venant d’une personne n’ayant à priori jamais eu de relations.
Tout ceci forme un tout agréablement équilibré grâce à la mise en scène, l’auteur à su apporter un rythme intéressant en dévoilant petit à petit ses intrigues et mystères, sans traîner ni en longueur, ni en allant trop vite.
Pour en revenir rapidement sur les personnages, on connaît surtout le fond de la pensée de Karasuma Eishi, le protagoniste et ça permet de rapidement le cerner et comprendre sa façon d’agir. Autant ça ne va pas vous faire aimer le personnage, autant je pense que même dans ce cas de figure, vous finirez par vous y attacher.
“Ce n’est pas de l’espoir qu’il nous faut, c’est du réalisme de temps de crise.”
– Karasuma Eishi.
Les 3 autres ont un point commun avec Eishi, autre que leur individualité bien entendu, et la réponse se trouve dans leur nom ! Leur nom correspond à des noms d’oiseaux, d’ailleurs c’est pareil pour le personnage sur la couverture. Bon c’est juste un fun fact que la traductrice à laissé en bout de tome mais je trouvais ça assez sympa, je suis assez friand de ce genre de soin apporté dans le détail.
Kamoda Mikisada, c’est le fameux gars qui a choppé un corps en opposition avec son cœur. Un cœur tendre dans un corps dur. Il paraît de prime abord assez stéréotypé mais il est très sympa à suivre, ça a été un peu la surprise parmi les personnages, sans vraiment l’être non plus. Il est comme on pourrait s’y attendre et comme il est présenté: un tas de muscle sans cerveau mais attachant.
Sagisawa Rei, est un métisse un peu bizarre et… cliché, oui, depuis toute à l’heure je vous dis que c’est différent et là je vous sors le contraire. Disons que dans la forme ils paraissent clichés, mais le fond est plus complexe et intéressant. Rei est d’ailleurs le plus mystérieux, sous un air de beau gosse à moitié étranger et son côté dark sasuke, se cache une espèce de petit démon mélangé à un ange. Il est entre les deux et assez difficilement cernable.
Et ça va de paire avec son amie, Tsubame Umino, si au début j’ai cru à un trap, c’est bel et bien la seule fille du groupe. On ne la voit quasiment qu’enjouée dans ce premier tome mais tout comme Sagisawa, cela à l’air d’être plus une apparence qu’autre chose. À tel point que je ne saurais guère quoi vous dire sur elle tant elle est entourée de mystère.
Et si on parlait plutôt de ce qui est clairement visible ? Je parle bien entendu des dessins proposés par Yellow Tanabe qui nous présente quelque chose de plutôt sympathique avec des chara designs au style bien à lui et des tenues moulantes aux airs de super héros intéressantes. Certaines planches ont vraiment retenu mon attention, tout comme certaines étaient malheureusement très vides. Au final, dans la globalité je suis satisfait des dessins, ce n’est pas exceptionnel mais amplement suffisant.
Alors en conclusion, Birdmen est un titre intriguant, étrange, inhabituel mais mêlant tout de même des éléments qui vous seront familiers. C’est un peu comme si on vous disait qu’on allait vous servir un plat assez commun que tout le monde connaît mais avec des ingrédients différents et que vous vous demandiez ce que ça va donner. Et bien, une fois passé ce moment-là en fait c’est cool. C’est une bonne lecture qui mérite d’être approfondie. Je ne sais pas si au moment où vous lirez cette critique ce sera toujours le cas mais Vega-Dupuis propose des offres avec les deux premiers tomes de la série à 3€, et à ce prix, il n’y a aucune raison de ne pas se laisser tenter par cette œuvre atypique ! En soit, même à son prix de base, le manga se veut intéressant et en plus on sait d’ores et déjà combien il y aura de volumes au total puisque qu’il est fini au Japon.
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H.