Silence

Silence est un Shônen et manga français de Yoann Vornière publié chez Kana depuis 2023.

 

 

Le jeune Lame et son village sont coupés du reste du monde. Les monstres, qui les repèrent grâce au son et plus particulièrement à la voix, les ont contraints à communiquer par la langue des signes. Alors qu’il part chasser pour la première fois avec Gris, un ancien chasseur de son village, Lame fait une erreur qui blesse son partenaire et perd une partie des provisions trouvées. Rongé par la culpabilité, il va tenter de se racheter et faire une découverte qui va totalement bouleverser leur destin.

 

Silence est un manga français qui met en place un monde de dark fantasy, post apocalyptique où les humains doivent vivre cachés, où le soleil ne brille plus et où les monstres règnent en maître. Le moindre bruit peut les attirer et pour se protéger, les humains doivent vivre sans faire de bruit. Ce côté silence est très bien mis en place puisque nos personnages ne parlent quasiment jamais, et s’ ils parlent, ils chuchotent, et encore, la plupart d’entre eux préfèrent utiliser le langage des signes. Ce langage des signes a très bien été étudié puisqu’on peut facilement reconnaître certains gestes, même si bien évidemment en dessin on ne pourrait pas reproduire tous les gestes, cela demanderait beaucoup trop de planches. Rien qu’avec le langage des signes, on sent que l’auteur a travaillé son titre pour lui donner un scénario complet et éviter un maximum d’incohérences car le sujet du silence pour ne pas se faire repérer par les monstres, tout en créant un scénario au-delà du contemplatif était un véritable défi à réaliser.

Cette nécessité de rester silencieux amène une de ces ambiances oppressantes. En effet, si nos personnages se font trouver, c’est quasiment la mort assurée et on le sent bien à la manière dont ils ont toujours l’air sous tension, craintifs, ce besoin qu’ont les enfants d’avoir cette histoire pleine d’espoir avant de dormir sinon ils sont submergés par l’angoisse. Vraiment le thème du silence et la nécessité de vivre sans bruit est vraiment bien respecté, même si je pense que pour des questions pratiques et au vu de l’avancement de l’histoire dans ce premier volume, nos personnages ne resteront pas non plus indéfiniment silencieux.

Comme dit plus haut, ce titre se veut dark fantasy voire même post apocalyptique puisqu’on a des ruines de l’ancien temps qui subsistent et qui sont d’ailleurs souvent utilisées comme abris. On a donc un univers très sombre, loin d’être tout beau et tout joyeux, où nos personnages peinent à trouver de quoi nourrir tout le village, et où la moindre perte est un désastre, tout comme l’arrivée d’un enfant en plus n’est qu’un risque de plus de se faire trouver car un bébé ça pleure, ça crie, et en plus c’est une bouche en plus à nourrir. On est bien dans un monde où l’Homme semble avoir perdu la bataille, et où seule une poignée de l’espèce paraît avoir survécu et le moindre risque doit être calculé, si bien qu’on retrouve un peu ces clans conservateurs qui souhaitent continuer à vivre cachés, et d’autres plus aventureux qui veulent chambouler le destin s’ils voient une opportunité de vivre mieux.

Silence est un manga qui nous propose énormément d’action. En effet, on est tout le temps en mouvement et on a très rarement d’instants calmes, et les seuls moments qui le sont permettent de prendre des décisions ou d’expliquer une situation. On a également un bestiaire très complet, souvent adapté de comptines comme la petite souris, la souris verte, ou encore simplement inspirés d’animaux avec les sangliers de feu. Au fond, pour le moment on voit surtout beaucoup d’animaux un peu trop sous testostérones mais leurs designs sont originaux et horrifiques.

Nous sommes tout de même dans un titre qui nous offre beaucoup de mystères. On a ce mystère autour de ce monde et de son fonctionnement et notamment dans le fonctionnement des monstres. On se demande s’il y a beaucoup de survivants ou non. On sait qu’il y a de la magie, et quelques pouvoirs obtenables, mais on en sait encore très peu à ce propos (d’ailleurs la manière d’obtenir les pouvoirs était un peu alambiquée à mon goût mais c’est le seul défaut que j’ai trouvé au scénario pour le moment.) On ne sait pas si nos personnages s’en sortiront tous, et encore moins si le lieu qu’ils cherchent à rejoindre ne leur cache pas divers complots et difficultés. Au fond, même si le premier tome nous propose énormément d’avancement, on reste principalement sur un tome introductif, on ne sait quasiment rien par exemple du personnage de Lune qui prend pourtant déjà une part très importante dans l’histoire. Je pense qu’il faudra lire un peu plus que le premier volume pour que les personnages soient un peu plus approfondis et attachants car il est vrai que l’univers est important et assez dense à mettre en place. Cela reste un tome ultra dynamique, prenant, qui se lit tout seul et qui vous donnera envie de lire la suite, surtout si vous aimez les dark fantasy à la Egregor, ce titre devrait vous plaire.

 

Désolé, Gris, tu as déjà perdu un bras à cause de moi…Cette fois, je ne fuirai pas !

– Lame

 

Les personnages de Silence n’ont vraiment pas les noms les plus compliqués à retenir et à prononcer entre Lame, Gris, Ocelle, Lune. Ce sont des noms courts et faciles à retenir, ce qui change des noms allemands que peuvent parfois nous donner les mangakas japonais pour les fantasy et dark fantasy.

Comme je l’ai dit plus haut, il faudrait lire un peu plus que le tome un pour laisser le temps à l’auteur d’approfondir les personnages et pour vraiment parler d’eux.

J’ai cependant retenu que Lame était un garçon à la forte imagination, qui veut se rendre utile pour son village, mais qui, à mûrir trop vite, en oublie qu’il n’est pas forcément prêt à affronter l’extérieur si bien que son corps à des réactions non voulues lorsqu’il croise les monstres, surtout au début du manga. C’est cependant une tête de mule qui veut rattraper ses erreurs et qui ne se laisse pas abattre longtemps, un fonceur qui tape et réfléchit après et qui donnerait tout pour protéger les siens.

Ocelle quant à elle, est probablement bien plus têtue encore que Lame. Elle aurait voulut être choisie pour aller à l’extérieur mais se rattrape très vite de sa crise de jalousie. C’est une confidente de choix qui sait écouter et réconforter, mais on la sent encore un peu distante de tout ça.

Enfin, Lune est un mystère à elle seule, se baladant avec des clochettes alors que le moindre bruit pourrait mener à la mort. C’est un personnage très fort, qui semble porter de lourds secrets, mais qui possède aussi une grande force grâce aux pouvoirs développés. On ne tardera cependant pas à en apprendre plus sur son passé je pense au vue de la fin du premier volume qui nous laisse sur notre faim et nous donne franchement envie de lire la suite.

En ce qui concerne les dessins, les chara designs et les tenues sont originales, les décors sont bien présents et on a un encrage bien sombre souvent assez hachuré, l’auteur possède un trait fin qui rend le tout très agréable à regarder. Le dessin est ultra dynamique, les planches nous proposent des cases plutôt grandes sublimes à observer.

On a de très belles planches en action qui sont contemplatives et impressionnantes, et on a tout de même pas mal de bulles de dialogues car il faut traduire le langage des signes pour que le lecteur comprenne ce que les personnages se disent, et ils ont quand même pas mal d’explications à se donner entre eux.

 

En conclusion, Silence est un manga Français qui nous propose une histoire originale utilisant énormément le langage des signes, le tout dans un monde de Dark Fantasy, post apocalyptique où les monstres règnent en maître et où la lumière n’est plus présente. C’est un titre dynamique, bourré d’action où nous sommes toujours en mouvement et qui propose un bestiaire original, réutilisant des comptines françaises pour beaucoup, ou des animaux modifiés qui font bien peur. On sent que le premier tome est encore très introductif, mais on voit dès la fin de celui-ci que l’histoire va bientôt prendre plus d’ampleur, voire même installer un aspect complot intéressant. Les dessins sont contemplatifs, impressionnants, très bien grattés, et ajoutent vraiment à l’ambiance sombre du manga. Si vous aimez les dark fantasy comme Egregor, ou les mangas à la Beet the Vandel Buster, ce titre pourrait vous plaire.

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L.