Yokohama Station Fable
Une faim
de gare !
Yokohama Station Fable est un Seinen du scénariste Isukari Yuba, du dessinateur Shinkawa Gonbe avec les chara-designs de Tanaka Tatsuyuki. Au Japon, le manga est terminé en 3 volumes, quant à la parution française, les éditions Delcourt Tonkam nous proposent tout juste le dernier volume en ce mois d’Août 2024.
Le Light Novel à l’origine de l’histoire s’est quant à lui fini en 2 volumes tous deux disponibles en France au sein de la même maison d’édition.
Hiroto est un jeune homme vivant à l’extérieur de la station de Yokohama. Cette dernière continue de s’agrandir alors qu’elle occupe déjà 99% de l’île de Honshu mais y rentrer est impossible, du moins pas sans “Ticket 18” qui donne l’accès. L’un d’eux lui est confié par un exilé qui lui somme de retrouver une certaine personne à l’intérieur, celle-ci serait une résistante à l’importance capitale. En effet, la station est contrôlée, surveillée, et elle punit sévèrement les personnes qui ne respectent pas les règles. Dans ce dédale aux allures dystopiques, Hiroto va devoir se frayer un chemin tandis que le moindre faux pas pourrait lui être fatal…
Isukari Yuba et Shinkawa Gonbe nous proposent au travers de Yokohama Station Fable un univers de science fiction dystopique riche et rempli de mystère. Ce mystère quasi constant est incarné en immense partie par cette “entité” qu’est la station de Yokohama, cette même station qui s’étend d’elle-même et qui menace de recouvrir l’intégralité du Japon.
Oui, vous avez bien lu, la station grandit telle une entité vivante ; ou l’on pourrait dire qu’elle “parasite” son environnement remplaçant peu à peu tout le reste. Quoi qu’il en soit, vous embarquez dans un monde qui vous fera vous poser un nombre incalculable de questions tout en distillant les réponses au compte goutte et dévoilant au fur et à mesure son univers. Cette manière découvrir la richesse de ce monde, son lore, me fait un peu penser à ce que l’on pouvait ressentir dans Angels of Death (lien de la chronique juste ici) avec le fait de commencer en étant vraiment dans le flou puis apprenant petit à petit la complexité de son environnement, et dans une autre mesure, on pourrait également faire ce parallèles avec Blame qui pour le coup, colle parfaitement. On se sent quelque peu perdu comme dans Blame avec un objectif un peu moins flou dès le départ mais jouant tout autant sur un côté presque poétique posant divers questionnements et réflexions.
L’ambiance que se dégage de Yokohama Station Fable est vraiment spéciale, et dans le bon sens du terme, entre cette part de mystère, ce côté dystopique qui fonctionne à merveille (oui il est vrai, j’ai un petit faible pour la dystopie), cet univers qui me rappelle parfois Metro 2033… Tout ceci qui rend l’univers assez sombre se retrouve parfois adouci d’un soupçon d’humour, léger, fin, afin de ne pas nous laisser tomber dans un abîme où l’on pourrait croire que l’on ne remontera jamais, c’est la petite lueur qui montre la sortie.
“J’ai compris que je pouvais bien grandir, je pouvais bien vieillir, je pouvais bien mûrir… Mon destin s’arrêterait toujours ici, au pied de ces auto-contrôleurs.”
– Hiroto.
Finalement, on se prend au jeu sans trouver l’histoire trop oppressante, notre protagoniste, Hiroto, semble avoir vu le jour sous une bonne étoile et malgré tout, il semble s’en sortir même quand rien ne va autour de lui. En un sens, on y retrouve un peu de A Journey Beyond Heaven (lien de la chronique juste ici) également pour garder ce côté SF mystérieux.
Hiroto a réussi à survivre à l’extérieur de l’intragare, ce qui reste tout de même un miracle dans cet univers qui nous fait comprendre qu’être expulsé de la gare, c’est être condamné à mort. Cette vie toutefois lui a permis de voir les choses différemment, gardant une personnalité contrastée, sans forcément respirer la joie de vivre mais en rêvant d’autre chose. De ce fait, nous avons un archétype singulier qui semble fatigué de sa situation actuelle. Le fait de pouvoir rentrer dans l’intragare lui ouvre une opportunité immanquable et cette “quête” qu’il a reçu, un parfait prétexte pour courir le risque de ne pas revenir.
Au niveau des dessins, c’est globalement assez sommaire. Vous y retrouverez peu de décors dû à l’environnement confiné de la station ainsi qu’une balance de tons variant du noir au gris et au blanc appuyant ce futur terne, incolore. Cela convient parfaitement au côté dystopique du titre et montre par un autre moyen plus visuel l’impact de la gare.
Ce n’est donc pas une merveille visuellement parlant avec des planches qui vous feront rester bouche bée, mais elles permettent toutefois d’être raccord à son univers tout en nous plongeant dans ce futur grisâtre. En conclusion, Yokohama Station Fable brille par l’intelligence de son univers qui nous permet un ensemble homogène. Cependant le début souffre d’une certaine complexité floue qui bien évidemment s’enlèvera au fur et à mesure du tome. Il faut donc s’accrocher aux premières pages afin de véritablement se prendre à l’histoire lorsqu’il fait son entrée dans la gare, dès lors, le récit est prenant avec un univers qui se construit au fur et à mesure et ça devient alors un véritable régal.
Graphiquement, ce n’est pas non plus une claque mais comme je le disais plus haut, c’est raccord au monde, la dystopie est par définition sombre, sans couleur, de ce fait, ça tient complètement la route et aide à l’immersion.
Fan de SF et de monde dystopique, Yokohama Station Fable a de quoi vous plaire en vous proposant une courte expérience avec ses seulement 3 volumes.
Si vous souhaitez vous procurer les tomes sur notre site internet c’est par ici !
H.