Laughing Under the Clouds
Les passeurs
de criminels
Laughing Under the Clouds est un Shojo de Karakara Kemuri, publié au Japon en 2010 en 6 volumes et qui est enfin arrivé en France en 2024 chez Panini.
L’histoire se déroule au début de l’ère Meiji, au moment où le Japon s’ouvre au reste du monde et où le port du sabre devient interdit. La criminalité augmente et pour remédier à cela, le Japon crée la prison la plus grande et la plus impénétrable du Japon, au milieu du plus grand lac nommé le lac Biwa. Une fois entré dans cette prison, il vous est impossible d’en ressortir. On suit alors Tenka, Soramaru et Chutaro, trois frères qui tiennent le sanctuaire Kumo et qui sont chargés de faire passer les criminels sur le lac pour les mener à la prison. Mais ceux-ci ne se laissent que rarement mener sans se rebeller, et les trois frères n’ont aucune idée du destin qui les attend.
L’auteure est déjà connu en France pour Mars Red qui s’est terminé en 3 volumes, mais la licence Laughing Under the Clouds existe depuis 2010 au Japon et possède une adaptation anime, un film et également un live action. La licence a eu tellement de succès que l’auteure a créé ensuite un prequel nommé: Donten ni Warau Gaiden en 2014, mais également d’autres œuvres autour de l’univers comme Rengoku ni Warau qui se déroule 300 ans avant les événements de Laughing Under the Clouds et qui se termine en 14 volumes, ou encore Utakata ni Warau qui est un One shot créé en 2018 que vous pouvez retrouver dans ce premier volume de Laughing Under the Clouds et qui propose une histoire qui se déroule avant Rengoku ni Warau. J’espère que vous suivez toujours. Je ne sais pas si les prequels seront publiés ensuite, on peut l’espérer vu qu’on a déjà le droit au One Shot dans ce premier volume, mais il faut s’accrocher niveau chronologie en tout cas. C’est une auteure qui, vous allez le voir, mêle régulièrement l’historique et le folklore, à ne pas nous en déplaire bien évidemment.
Après cette longue introduction sur l’univers de Laughing Under the Clouds, parlons un peu de ce premier volume qui est, on peut le dire clairement, un tome introductif puisque celui-ci ne comporte qu’un chapitre et le One Shot Utakata ni Warau. Je ne sais pas si c’était le choix de la maison d’édition française, mais je ne suis pas sûre qu’intégrer un One Shot sorti bien après le manga initial et qui fait plus de pages que le premier chapitre de Laughing Under the Clouds, soit une bonne idée pour vendre son manga. Une fois mon premier chapitre terminé, je me suis plutôt sentie frustrée de ne pas pouvoir lire la suite de leurs aventures et de me retrouver à la place avec d’autres personnages qui n’ont rien à voir avec ce qu’on suivait à l’instant. Après je pense que le One Shot pourrait avoir un intérêt pour l’histoire à suivre, mais il aurait peut être été plus intéressant de le publier à part dans un format plus fin via un collector ou un demi tome.
Malgré ce contretemps, le premier chapitre est suffisamment complet, et l’univers est bien mis en place ce qui permet tout de même d’en parler dans une chronique, même si je trouve que pour le moment on a encore un peu de mal à voir où l’histoire va se diriger, mais en même temps on est baigné de mystère.
On a déjà dans ce premier chapitre pas mal d’action déjà puisque comme je l’ai dit précédemment, les nouveaux prisonniers vont rarement se laisser emmener sans se débattre, d’autant que les policiers qui les escortes sont loin d’être les plus futés ! De plus la plupart de ceux qui se font emprisonner étaient des samouraïs et savent donc se servir de sabres en plus d’être plutôt cruels, ce qui fait que les combats ne sont pas toujours faciles et sont palpitants, du moins pour Soramaru car la force de Tenka semble transformer toute bataille en promenade de santé.
On a beaucoup d’humour puisqu’on suit l’histoire de trois frères et ceux-ci ont souvent des comportements très vaches entre eux. De plus Chutaro a une manière d’être à la fois mignonne, enfantine, drôle et parfois totalement stupide au point qu’on en rit. Tenka est également un personnage qui se montre joyeux et l’atmosphère est donc en général plutôt dans la rigolade.
Mais on a un aspect beaucoup plus sérieux qui se développe, notamment autour du personnage de Soramaru et de son passé à l’événement traumatisant et mystérieux, mais aussi avec le personnage de Shirasu Kinjo qui est locataire au sanctuaire et qui semble cacher de lourds secrets. Un autre aspect que je trouve sérieux, c’est l’aspect quête initiatique que vivent les deux plus jeunes frères et encore plus Soramaru qui veut suivre les traces de son frère Tenka. On voit énormément de progression possible dans ce personnage qui ne demande qu’à grandir et à devenir adulte et s’en est presque émouvant par moment.
Car Laughing Under the Clouds, c’est aussi pas mal d’émotions. Les personnages ont beaucoup de secrets et notamment Soramaru qui a l’air d’avoir pas mal souffert dans sa jeunesse mais qui ne s’en souvient pas à cause d’un choc post-traumatique. On a également cette émotion entre les frères qui veulent grandir, devenir forts, mais qui se sentent encore si faibles et parfois inutiles face à leur frère aîné. Je pense qu’on aura encore bien des rencontres émouvantes, surtout que le One Shot qui suit ce premier chapitre nous prouve bien que l’auteure est capable d’incorporer énormément d’émotions à son récit.
Parlons d’ailleurs un peu de ce One Shot qui prend la majeure partie de ce premier volume. Celui-ci est sorti en 2018 au Japon et se déroule plusieurs siècles avant les faits de Laughing Under the Clouds. On y trouve une histoire d’amour courte et qui ne finit malheureusement pas très bien pour nos personnages. On a un thème familial fort puisque Hirari va arriver dans ce sanctuaire et y découvrir un personnage du clan Kumo qu’on ne connaît pas, mais aussi Botan, une jeune femme dont il va tomber amoureux qu’il connaissait déjà auparavant mais qu’il a enfin réussi à retrouver, et un homme qui tient l’endroit. Eux trois sont déjà très proches, mais l’arrivée de Hirari va tout bousculer.
On est cette fois-ci plus centré sur du folklore puisque Hirari, tout comme les personnes de ce sanctuaire, sont à la recherche de l’hôte d’Orochi, fléau qui risque de tout détruire s’il arrive à l’apogée de sa puissance. On a alors un petit aspect enquête où les soupçons vont se faire tandis que les relations vont se tisser car l’hôte pourrait être bien plus proche que ce qu’ils ne le pensent.
Le one shot est vraiment complet avec une finalité et un bon rythme, on y découvre même beaucoup d’émotions et on s’attache beaucoup aux personnages, surtout à Hirari et à Botan. Malheureusement Botan possède la mission d’éliminer l’Orochi avant de disparaître et vous vous en doutez, si le One Shot est complet, c’est bien que l’Orochi va être découvert et combattu dans une bataille intéressante aux nombreuses belles planches. Le One Shot nous laisse un goût mélancolique mais avec cela on a hâte de découvrir un aspect plus folklorique dans Laughing Under the Clouds, car on peut espérer en avoir vu que les deux histoires se déroulent dans le même univers.
Un samouraï, c’est un modèle qu’on rêve de dépasser ! – Soramaru
En ce qui concerne les personnages, je vais plutôt vous parler de ceux de Laughing Under the Clouds avec qui on va avoir plus d’interactions à l’avenir, plutôt que de parler de ceux du One Shot qu’on ne reverra plus jamais.
On a tout d’abord nos trois frères qui font partie du clan Kumo, clan qui semble posséder une longue histoire mais qu’on ne connaît que très peu pour le moment.
Tenka est l’aîné des trois. Il est drôle, se moque de ses plus jeunes frères mais n’hésite pas à les protéger. Il est également surpuissant bien qu’il paraisse rarement sérieux, et c’est certainement le frère des trois qui en connaît le plus sur le clan et je suppose le passé sombre derrière les Kumo.
Soramaru quant à lui est le plus téméraire et n’hésite pas à foncer dans le tas. Il a un sale caractère mais ce n’est au fond encore qu’un adolescent qui souhaite suivre les traces de son grand frère et devenir utile pour lui. Cependant, c’est également le frère qui paraît posséder le plus de traumatismes au point qu’il ne semble pas se souvenir de ce qui a bien pu lui arriver par le passé. C’est un personnage qui a une énorme marge de progression et j’ai hâte de découvrir ce qu’il va devenir.
Chutaro est le benjamin des frères. Il est très jeune, dynamique, obéissant et en même temps il sait faire des bêtises. C’est un peu la mascotte des trois frères.
Enfin, on côtoie un dernier personnage dans ce premier chapitre: celui de Shirasu Kinjo. Il est locataire dans le sanctuaire et je trouve qu’il a énormément de charisme tout en étant profondément mystérieux. On sent bien qu’il cache des choses et je doute qu’il soit totalement un allié dans toute cette histoire.
Le style de Karakara Kemuri est reconnaissable entre mille. En effet, on a l’impression que ses personnages ont toujours une lumière en plein visage, ce qui fait qu’il y a souvent peu d’ombres sur ceux-ci, par contre leurs contours sont plutôt gras et leurs cheveux ultra brillants. Les chara designs sont vraiment stylés, les mouvements des personnages sont bien dessinés et leurs tenues sont magnifiques. L’encrage est incroyable et nous plonge pleinement dans l’ambiance.
De plus l’auteure nous propose de splendides planches lors de scènes d’action ou de moments plus oniriques qui rendent vraiment honneur au titre.
Les planches sont bien remplies, rien n’est laissé au hasard et la disposition des cases change sans cesse ce qui en fait une lecture très dynamique et agréable.
En conclusion, Laughing Under the Clouds est un manga bourré d’action, d’humour et en même temps d’émotion dans un univers historique fictif à l’ouverture du Japon au monde et au moment où le port du sabre devient interdit. On y suit un trio dynamique, touchant, prenant et fraternel dans une quête initiatique pour certains, rempli de secrets pour d’autres. Les personnages sont attachants, le One Shot est également intéressant et émouvant, les dessins sont originaux et magnifiquement bien encrés et l’auteure nous propose de magnifiques planches aux personnages se mouvant gracieusement. Ce titre plaira aux fans de l’anime Hakouki et à ceux qui aimeraient voir de l’historique plus folklorique comme dans Higo no Kami.
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L.