Akata,  Chroniques,  J-K-L,  Maisons d'Edition,  Manga

Je crois que mon fils est gay

Un moyen

pédagogique 

et un outil de

dialogue

Je crois que mon fils est gay est un Seinen de Okura, publié au Japon depuis 2019 où il compte trois tomes en cours. Il nous arrive en France en Mai 2021 chez Akata tout comme son prédécesseur du même auteur Comme sur un nuage.

 

 

Mme Aoyama, mère au foyer, a un quotidien bien rempli où elle doit s’occuper de ses deux fils, Hiroki et Yuuri, en l’absence de son mari qui travaille loin. Elle découvre cependant certains penchants de son fils aîné et raconte son quotidien et son évolution à travers les anecdotes bienveillantes d’une mère soutenant secrètement son fils.

 

 

Pour commencer, contrairement à Comme sur un nuage du même auteur ou encore Blue Flag de Kaito qui sont deux titres qui traitent potentiellement la même thématique à leur manière, Je crois que mon fils est gay ne se déroule pas dans un cadre scolaire puisqu’on suit uniquement le point de vue de la mère de Hiroki et Yuuri, et que celle-ci, mère au foyer, reste la plupart de son temps à la maison.

Il s’agit donc déjà d’un titre plutôt original qui ne raconte pas l’histoire d’une personne gay par ses propres mots, mais par ceux de sa mère.

 

L’histoire se déroule entièrement à travers les yeux bienveillants d’une mère qui n’hésite pas à donner des conseils et des coups de pouces discrets à son fils car soyons clair, Hiroki n’a avoué son homosexualité à personne et si celle-ci se voit totalement par la maladresse et la manière d’être de celui-ci, ce n’est en vérité encore qu’une supposition. Dans le tome 1 j’ai personnellement bien apprécié ce petit côté caché de la chose, et je pense que la manière dont est abordé le sujet pourrait permettre à ce titre de convenir aussi bien à des adolescents qu’à des parents.

Le nombre d’anecdotes et de situations présentées rien que dans le tome 1 en fait un titre pouvant totalement être pédagogique pour les jeunes, mais également un outil de dialogue avec les parents et leur enfant. On possède déjà énormément d’anecdotes et de situations différentes, dont beaucoup sur des questions que peuvent se poser de jeunes personnes homosexuelles, mais aussi les parents, si bien que cette œuvre pourrait leur servir de conseil en fonction des cas, puisque les questions et réponses qu’on y retrouve sont plutôt réalistes. Par exemple, la question de pouvoir tenir la main ou non à une personne du même sexe en public. Après je ne dis pas évidemment que tous les conseils donnés par la mère de Hiroki sont à prendre au pied de la lettre, surtout que ça reste un point de vue japonais et probablement moins osé et tolérant que chez nous, mais je pense qu’ils peuvent servir comme un début de réponse, ou un moyen d’ouverture au dialogue et rassurer les personnes qui lisent ce titre.

On a donc un manga qui se veut, peut être malgré lui, pédagogique et un outil d’ouverture au dialogue, le tout dans la bienveillance et la discrétion.

 

Parlons cependant un peu plus de l’histoire. Celle-ci avance étonnamment plutôt bien rien que dans le premier tome. J’avais peur que le côté anecdotique des chapitres en fasse un titre redondant où rien ne progresse, cependant on peut déjà apercevoir la personne que Hiroki aime et je suis persuadée, ou du moins j’espère, que leur histoire progressera par la suite, tout comme l’ouverture de Hiroki auprès de sa famille et l’acceptation de qui il est vraiment. Même si les conseils donnés sont plutôt intéressants et traitent de sujets et de questions qui peuvent servir à d’autres personnes, j’espère que l’auteur ne transformera pas son titre en œuvre pédagogique uniquement et qu’on continuera d’avoir une progression dans l’histoire et non pas un enchaînement d’anecdotes qui peuvent enseigner aux autres. J’ai vraiment envie de voir le petit Hiroki s’épanouir dans sa vie et s’accepter.

Au fond, plus que de simples anecdotes, on peut dire que ce titre ressemble à un journal intime tenu par la mère de Hiroki, où elle relate des moments de sa vie et notamment des moments sur son fils. C’est d’ailleurs en très grande partie grâce à la mère qu’on obtient cette atmosphère apaisante et cette ambiance bienveillante au sein de cette famille. Bien évidemment elle n’est pas le seul personnage qui participe à tout ça, mais elle dégage une très grande gentillesse et on voit qu’elle aimera son fils quoi qu’il arrive et quoi qu’il décide. À plusieurs reprises déjà elle le soutient discrètement, le conseille de manière détournée, le réconforte, et on voit qu’elle l’aime vraiment à chaque fois qu’elle trouve ses réactions mignonnes. C’est une mère qui laisse de l’espace à son fils, qui n’insiste pas pour ne pas le gêner ou le braquer, et qui fait preuve d’une immense patience. On remarque qu’elle fait tout pour le mettre en confiance et faire en sorte qu’il se sente le mieux possible et qu’il sache malgré tout qu’il a une oreille pour l’écouter.

D’après moi Mme Aoyama est véritablement la mère parfaite pour toute famille. Elle est mignonne, gentille, ne s’énerve jamais et est toujours là pour ses enfants et son mari. Je suis persuadée qu’elle serait capable de protéger le sourire de ses enfants et c’est également un personnage qui nous fait sourire par ses pensées et sa gentillesse incroyable.

 

 

Lorsqu’il s’agit de parler d’amour…Hiroki a souvent la langue qui fourche. Et dès qu’il évoque un potentiel copain, il panique…Je crois que mon fils est gay…et son honnêteté le rend d’autant plus adorable.

– Mme Aoyama

 

 

Mais Mme Aoyama n’est pas la seule personne de ce titre à participer au côté bienveillant du foyer. Yuuri, le petit frère d’Hiroki est toujours calme et est plutôt mature pour son âge, au point que je pense qu’il sait déjà pour son frère et l’aide parfois à se sortir de mauvais pas. Tout comme sa mère, il fait preuve de bienveillance en ne forçant pas son frère à parler et même s’il ne le conseille pas plus que ça, il n’hésite pas à prendre la parole pour le sortir d’une situation délicate.

Il y aurait peut être un personnage qui se veut bienveillant mais qui est maladroit malgré lui et peut blesser Hiroki, c’est son père. Celui-ci est souvent loin du foyer à cause de son travail mais on le voit apparaître tout de même de temps en temps. Il n’a cependant aucune idée des préférences sexuelles de son fils et ça se voit lorsqu’il parle de filles et d’amour, le mettant mal à l’aise malgré lui. Je ne pense pas qu’il soit un mauvais bougre mais qu’il est juste maladroit et qu’une fois qu’il apprendra la vérité, il fera plus attention à ses paroles. En attendant, il permet d’avoir un autre point de vue sur la question qui sort véritablement de la gentillesse et de la bienveillance. Je pense que le père de Hiroki rentre plus dans la catégorie de personnes qui connaissent l’homosexualité, mais qui ne pensent pas qu’il puisse y avoir une personne homosexuelle dans leur foyer, et qui ne sont pas à l’aise avec le sujet. Il pourrait servir d’exemple par la suite et en apprendre plus sur la question au point de changer, dans le bon sens je l’espère.

Je m’arrêterais là sur les personnages même si on pourrait encore parler de Hiroki et de sa maladresse adorable, ou encore de Shiraishi Daigo et sa façon d’être très directe qui amène un point de vue totalement extérieur au foyer puisqu’il est un ami du lycée de Hiroki.

Quoiqu’il en soit c’est principalement grâce à la présentation d’un foyer heureux et de personnages aimants qu’on ressent et qu’on voit cette bienveillance et cette envie de conseiller et d’enseigner de l’auteur. C’est un point que j’avais déjà un peu ressenti dans Comme sur un nuage que j’avais trouvé plutôt pédagogique pour des jeunes, mais aussi plus scénarisé, on avait une véritable histoire et uniquement une histoire qui avançait. Là on a des anecdotes et par moments un avancement dans l’histoire qui permet vraiment de se rendre compte du côté pédagogue de la chose et ce n’est plus accessible uniquement pour les jeunes mais aussi pour les parents, ce qui montre une véritable progression chez l’auteur.

Pour ce qui est des dessins, on reconnaît le style de l’auteur. Les chara-designs sont plutôt simples mais appréciables si on oublie l’horrible coupe de cheveux de Daigo qui me tend vraiment. Les décors sont suffisants, les planches sont correctement découpées et la lecture s’en retrouve plutôt fluide. Les anecdotes sont plutôt courtes et permettent une progression agréable avec de nombreux changements de sujet réguliers qui font qu’on ne se lasse pas de la lecture. Certes le style de l’auteur est particulier mais il a son charme et est facilement reconnaissable ce qui est au final un bon point.

 

En conclusion, Je crois que mon fils est gay est une œuvre se déroulant au sein d’un foyer chaleureux et bienveillant, répondant à des thématiques parfois compliquées à aborder sans aucun préjugés. C’est un titre qui démontre la volonté de l’auteur de vouloir créer des histoires pédagogiques qui conviennent aussi bien aux plus jeunes qu’aux parents. Ce manga pourrait très bien servir de point de départ à une ouverture de dialogue dans une famille concernée par les thématiques abordées, mais également de repère, grâce à des anecdotes variées qui apportent des réponses sur de multiples questions déjà posées et reposées de nombreuses fois. Le côté anecdotique n’empêche pas à l’histoire de se développer petit à petit, et les personnages agréables créant une ambiance chaleureuse ne peuvent que vous donner envie de lire ce titre qui respire la gentillesse et le conseil.

Si vous souhaitez vous procurer les tomes sur notre site internet c’est par ici !

L.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *