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Gloutons et Dragons

Cuisine de 

l’extrême

et expériences

culinaires

Gloutons et Dragons est un Seinen de Ryoko Kui publié au Japon depuis 2014 où il comporte 10 tomes et est toujours en cours. Le tome 9 arrive chez nous en Mai 2021 aux éditions Casterman.

 

Laïos reprend connaissance à la surface après un rude combat contre un dragon où sa sœur s’est malencontreusement faite ingérée. Avec Marcyle, l’elfe magicienne et Tylchak l’halfelon pisteur, il décide de retourner dans le donjon pour retrouver le dragon avant qu’il ait terminé sa digestion afin de sauver sa sœur. Mais leurs besaces contenant leurs richesses ayant disparues dans le donjon, ils se retrouvent à y retourner sans vivres et décident de cuisiner des monstres sur leur chemin. Ainsi, ils s’engagent dans des expériences culinaires pas toujours avenantes, sous l’œil expert de Senshi, un nain qui arpente le donjon depuis près de dix ans.

 

Pour commencer, Gloutons et Dragons est un titre qui rappelle très fortement l’un des tout premiers jeux de rôles Donjons et Dragons, ce qui nous fait légèrement sourire à ce souvenir, mais l’exploration d’un donjon sera probablement le seul parallèle avec celui-ci. Si je devais plutôt comparer Gloutons et Dragons à d’autres titres, je dirais qu’il s’agit d’un Shokugeki no Soma se déroulant dans un univers du même style que Danmachi, mais sans le harem que se créer le héros et avec une cuisine bien plus douteuse et farfelue.

Vous l’aurez compris, l’histoire de Gloutons et Dragons se déroule dans un univers d’héroïc fantasy, où nos héros progressent dans un donjon remplis de monstres en tout genre. L’auteur a néanmoins su se détacher des autres histoires d’héroïc fantasy en nous proposant une vision plus détournée du sujet et surtout plus comique.

En effet, même si Farynn se retrouve dans l’estomac d’un dragon, ses équipiers ne s’apitoient pas longtemps sur son sort et décident de positiver, de se relever, et de reprendre leur voyage dans l’espoir de la sauver même s’ils sont sans le sous. On a donc un titre qui nous propose un scénario qui aurait pu être sérieux et déprimant mais qui a totalement été pris à contre pied. La quête du sauvetage de Farynn qui aurait dû être la principale priorité de nos héros se retrouve en second plan, et leur progression ainsi que leur survie sans nourriture dans le donjon devient le but principal.

Ainsi, on se retrouve à observer des personnages inexpérimentés, suivant les conseils de cuisine de Senshi, le tout dans la joie, la bonne humeur et parfois le dégoût. Et c’est dans la réaction des personnages que va se jouer une grande partie du comique. Entre Laïos qui se montre parfois un peu trop emballé à l’idée de manger des monstres, Tylchak et son air renfrogné ou encore et surtout Marcyle et son besoin de nourriture saine et normale, on a des personnages aux caractères bien différents qui n’hésitent pas à jouter par paroles amenant régulièrement des dialogues humoristiques.

Le comique est également présent en fonction des situations, que ce soit par la maladresse de Senshi face à des pièges ou encore la cueillette de fruits auprès de plantes carnivores. Croyez-moi que les situations qui font sourire ne manquent pas, l’auteur préférant la plupart du temps montrer des sujets sérieux de manière amusante. De plus, la mise en place d’une possibilité de ressusciter les personnages que je tairais permet de continuer la lecture le cœur léger.

 

Ce titre garde une ambiance détendue tout le long de la lecture et on en vient plus à avoir faim et à vouloir tester les recettes avec les ingrédients de notre monde, plutôt qu’à s’inquiéter du dragon qui digère la sœur de Laïos. Mais ne croyez pas que l’histoire va se contenter de vous présenter des recettes et toujours plus de recettes. En vérité nos personnages progressent dans le donjon et pour avoir lu la suite je peux vous dire que l’histoire ne va pas stagner bien longtemps. Même s’il faut savoir s’armer d’un minimum de patience, le scénario avance doucement mais sûrement au gré des rencontres et des séances de cuisine, si bien qu’on ne se rend même pas compte de la progression effectuée.

L’auteur a su rendre son histoire suffisamment captivante, dosant à la perfection les moments de cuisine et de combat, d’explications et d’exploration, rendant le titre vraiment agréable à lire. Au final c’est sans s’en douter qu’on finit par progresser dans le scénario, on ne le remarque que quand ils changent d’étage ce qui prouve bien qu’on ne s’ennuie pas en le lisant.

 

Mais ce n’est pas uniquement grâce à une répartition parfaite de l’histoire que l’auteur arrive à nous captiver. C’est également grâce à des personnages tous différents et attachants, qui parlent beaucoup mais dont on finit par se lier d’amitié, comme si on effectuait le voyage avec eux, sauf qu’on ne peut pas goûter aux plats. (même si j’aurai bien voulu pouvoir également goûter à cette cuisine expérimentale). Quoi qu’il en soit, chaque personnage à son caractère et ses caractéristiques bien à lui et qui ne collent pas forcément avec les idées reçues.

Par exemple, Marcyle est une elfe et pourtant elle ne semble pas si agile que ça. Elle est peu endurante, pratique la magie et est surtout très coquette, au point qu’elle est facilement dégoûtée de la nourriture proposée par Senshi. Elle semble être celle qui reste la plus terre à terre en ce qui concerne la cuisine. Elle n’hésite cependant pas à utiliser des idées saugrenues afin de se faire remarquer et de se rendre utile. Même si elle se plaint beaucoup, c’est un personnage que j’apprécie car ses plaintes ne font que rehausser le côté comique de ce titre et je ne peux m’empêcher d’avoir un peu de peine pour elle et d’espérer qu’elle finisse par s’habituer à cette vie de fou.

 

Mais j’en veux pas, moi! J’en peux plus de manger des monstres!!!

– Marcyle

 

Laïos et Senshi sont probablement les deux personnages les plus déjantés du groupe. Laïos a soif de savoir et est passionné des monstres au point de vouloir savoir leur goût, et Senshi ressemble à un nain ermite, un peu voire totalement fou, qui n’hésite pas à tester tout type de cuisine et tout type de stratagèmes afin d’obtenir ses précieux ingrédients.

Tylchak quant à lui est plutôt discret et terre à terre, toujours renfrogné mais qui n’hésite pas à goûter ce qu’on lui donne avant de prendre un air dégoûté. Il lui arrive également de taquiner son équipière elfe. C’est un personnage qui, je l’espère, sera plus développé par la suite, ce tome un ne me permettant pas de bien le cerner. Tout ce que je sais c’est qu’il possède des sens aiguisés et une petite taille, ce qui lui permet de se faufiler entre les pièges et en fait un excellent éclaireur.

Les personnages sont donc extrêmement variés et ne se limitent certainement pas à cette petite équipe, je peux vous l’affirmer. Quoi qu’il en soit, ils sont tous appréciables et il me tarde d’en découvrir plus à leur sujet.

Enfin, pour ce qui est des dessins, ils sont un peu particuliers, à la frontière du style manga et du style bd d’héroic fantasy. C’est un style qui permet des personnages très différenciables et qui n’en reste pas moins agréable à l’œil. L’auteur n’hésite pas à varier entre un trait plus détaillé et un trait plus simple en fonction des situations, le trait simple permettant d’appuyer le moment comique. Les décors sont beaux quand il y en a mais le texte quasi omniprésent sur chaque planches cache les cases un peu plus épurées, permettant une lecture complète mais simple et efficace. On reconnaît bien le travail effectué sur les planches par l’auteur pour mettre en avant une explication ou encore un moment comique et cela joue énormément sur notre lecture et notre réaction. Un sans faute donc pour ce qui est du dessin d’après moi qui fait amplement l’affaire pour un manga d’heroic fantasy comique.

 

En conclusion, Gloutons et Dragons nous propose une revisite totale de l’univers de l’heroic fantasy par un biais plus comique et agréable à la lecture qui nous donne faim. Même si beaucoup de recettes et d’explications s’enchaînent, l’histoire reste agréable à lire grâce aux réactions des personnages et on continue de progresser dans le scénario sans vraiment s’en rendre compte. C’est un titre qui nous fait voyager dans cet autre univers, même si on est enfermé dans un donjon, et qui permet de rire à gorge déployée malgré des thèmes parfois plutôt sérieux.

Il s’agit vraiment d’une bonne œuvre qui mériterait d’être plus connue et qui a une parution plutôt lente puisqu’elle n’en est qu’à son neuvième tome en France depuis 2017 sachant qu’on commence à rattraper la parution japonaise (10 tomes paru au moment de l’écriture de cet article). Le titre est certes un peu cher mais le travail sur le tome est plutôt agréable et vaut le coup d’œil, ne serait-ce que pour ses plats farfelus, ces personnages variés bourrés d’humour et son dessin particulier.

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L.

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